Avion
présidentiel. Il a produit des preuves hier au Tribunal qui impliquent
ces deux personnalités dans le détournement de l’argent destiné à
l’achat d’un aéronef pour le chef de l’Etat.
Hubert Otele Essomba, directeur général adjoint d’Aircraf Portfolio Management en avait gros dans le cœur.
Après 1271 jours passés en détention préventive, il soutient mordicus et
sans détour que c’est « Yves Michel Fotso et Marafa Hamidou Yaya qui
ont détourné les 27 millions de dollards destinés à l’achat du BBJ-2 de
l’avion présidentiel ». Il jure n’avoir posé aucun acte dans cette
affaire, ni de près, ni de loin. Ses larmes qu’il a eu du mal à
contenir témoignent de sa peine. Le coaccusé de Jean Marie Atangana
Mebara ne plie pas pour autant. Il dit être victime des « pirouettes »
des personnes qui ont décidé de détourner l’enquête prescrites par
Amadou Ali, à l’époque, ministre de la Justice, au sujet du
détournement de l’avion présidentiel.
Pour soutenir ses accusations contre Yves Michel Fotso, qu’il accuse
d’avoir « détourné des dizaines de milliards à la Camair », Otele
Essomba, expert financier, a produit une vingtaine de pièces. Des
virements bancaires essentiellement, provenant des 9 sociétés écrans
mises en place par l’ancien adg de la Camair à travers le monde. Il
s’agit de Gia ; Bet Limited ; Aviprofinance basée à Genève ; Pcm ;
Rottwell, basée à Londres, Tll basée à Genève, Shanmunga basée à
Singapour, et Tmg qui exerçait plus tard en lieu et place de Gia. Cette
dernière société par exemple, a demandé un paiement de 32 milliards FCfa
à la Camair « sans justificatif ». Information contenue dans le rapport
d’expertise du juge d’instruction. Au centre de ces transactions
estimées à des milliards de Cfa, la Commercial bank of Cameroon (Cbc)
que dirigeait à l’époque Yves Michel Fotso. En effet, Otele Essomba a
démontré que ces sociétés, « prétendument prestataires de services de la
Camair », servaient les intérêts d’Yves Michel Fotso. Il va plus loin
et démonte le procédé par lequel il a été interpellé.
Edgar Alain Mebe Ngo’o
Otele Essomba évoque alors la déposition d’Yves Michel Fotso à
la police Judicaire. « Un pamphlet », dit-il. Ce 12 mai 2008, l’ex adg
de la Camair a accusé Edgar Alain Mebe Ngo’o, à l’époque directeur du
cabinet civil de la présidence de la République, de surfacturer le frêt
des effets présidentiels, ainsi que les billets d’avion des personnels
du cabinet civil. Mis au courant de ces accusations par ses
collaborateurs, Mebe Ngo’o fait appel à Yves Michel Fotso. « Une réunion
secrète » est organisée au domicile de Marafa Hamidou Yaya, secrétaire
général de la présidence de la République au moment des faits. Là-bas,
révèle Otele, des stratégies ont été mises en places pour « détourner
l’enquête ». C’est ainsi que le nom de Hubert Otele Essomba survient.
L’accusé dit être victime d’avoir fait de brillantes études, car,
prétend-il, « Yves Michel Fotso savait que j’étais le seul à pouvoir
démonter ses magouilles et c’est pour ça qu’ils m’ont jeté en prison ».
Par ailleurs, ses détracteurs lui reprocheraient aussi, dit-il, sa
proximité avec Jean-Marie Atangana Mebara. « Des magistrats sont venus
me dire à Kondengui, détache-toi de ce monsieur ». Il affirme pourtant
avoir rencontré l’ex Sg/Pr deux ou trois fois pendant qu’il était encore
en fonction et leurs entretiens étaient professionnels, soutient-il.
Par contre, c’est durant ces trois dernières années qu’ils se sont
rapprochés à Kondengui.
Pour se vider complètement, Otele évoque de l’ordonnance de renvoi du
juge d’instruction du 1er juin 2011, qui le disculpe de ces
accusations. « L’interférence de Mr Otele n’apparait dans le dossier
qu’après les faits… Otele Essomba n’apparait pas dans la gestion de ces
virements ».
Jean-Marie Atangana Mebara devait également être entendu. Mais,
l’audience a été renvoyée à la demande Jérôme Mendounga, l’un des
accusés, qui avait des soucis de santé. L’affaire reprend le 15 février
prochain.
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