Eclaboussé par le scandale de 9 milliards de Fcfa destinés à la restructuration d’Amity Bank, l’ex-Minfi a décidément le sommeil léger.
Depuis l’interpellation de l’ancien directeur général de la Société nationale de raffinerie (Sonara), Charles Metouck, les noms de ses complices encore en liberté circulent dans les chaumières pour le rejoindre dans sa descente aux enfers. Ceux qui le pensent font particulièrement allusion au ministre de l’Agriculture Emmanuel (Lazare) Essimi Menye. Mais pourquoi lui ? En fait, il y a longtemps que l’ancien ministre des Finances aurait dû intéresser le rapace diurne l’Epervier, pour avoir remis la banque Amity Bank aux mains des responsables de la Banque Atlantique, par un tour de passepasse. Les faits portés à notre connaissance remontent en 2009 quand il a fallu restructurer l’établissement bancaire Amity Bank au bord de la faillite.
Constatant que la Cour de justice de la Cemac avait déjà restitué Amity Bank à ses actionnaires, Essimi Menye va monter au créneau pour contester cette décision à travers sa correspondance du 26 novembre 2009 au secrétaire général de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac). «En réaction à l’arrêt que le Cour de justice de la Cemac à Ndjamena a rendu le 13 novembre 2009, j’ai l’honneur de vous demander, en ma qualité d’Autorité monétaire nationale, de bien vouloir exercer les voies de recours que le règlement de cette cour offre aux parties, en contestation de cette décision qui viole les principes fondamentaux des droits de la défense», écrit-il.
Emmanuel Essimi Menye trouve quand même à redire. Il prend sur lui de faire appel, en fermant carrément les yeux sur l’article 4 de la convention régissant la Cour d justice de la Cemac, qui stipule que «dans son rôle juridictionnel, la Cour de justice rend en dernier ressort, des arrêts sur les cas de violation des traités de la Cemac et des conventions subséquents dont elle est saisie conformément à ses règles de procédures. Elle est juge, en dernier ressort, du contentieux de l’interprétation des traités, conventions et autres actes juridiques de la Cemac». Ni même l’article 5 qui complète en soutenant que «les décisions rendues par la Cour de justice en application de l’article 4 cidessus ont l’autorité de la chose jugée et force exécutoire».
Voilà comment Lazare Essimi Menye qui faisait pourtant figure d’autorité monétaire nationale, s’est illustré par la non-maîtrise de l’environnement bancaire. Plus grave, l’ancien ministre des Finances camerounais va afficher une nette volonté de mettre en application un projet maffieux piloté par Charles Metouck pour créer la Banque Atlantique, alors qu’il a reçu 9 milliards Fcfa pour restructurer Amity Bank. A ce niveau encore, les approximations criardes vont apparaître au grand jour dans le traitement de cet autre dossier sensible. Aujourd’hui coincé entre deux feux, l’on pense qu’il devrait bientôt se mettre à la disposition de la justice camerounaise qui ne sera pas amnésique.