Opération Epervier: Marafa refuse de rencontrer le juge d’instruction
YAOUNDÉ - 25 Avril 2012
© Georges Alain Boyomo | Mutations
L’ancien Minadt n’a pas déféré à la convocation de Pascal Magnaguemabe hier, qu’il accuse de partialité.
© Georges Alain Boyomo | Mutations
L’ancien Minadt n’a pas déféré à la convocation de Pascal Magnaguemabe hier, qu’il accuse de partialité.
Incarcérés depuis le lundi 16 avril 2012 à la maison d’arrêt de Kondengui, à Yaoundé, Marafa Hamidou Yaya et Ephraïm Inoni avaient rendez-vous hier au cabinet du juge d’instruction, Pascal Magnaguemabe. D’après des sources fiables, si l’ancien Premier ministre a déféré à la convocation du magistrat, cela n’a pas été le cas pour l’ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Raison invoquée par Marafa Hamidou Yaya, la «partialité du juge d’instruction», qu’il adosse sur une succession de faits. En réalité, indiquent les conseils de l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, Marafa a déposé le 16 avril dernier, avant qu’il ne se rende au cabinet du juge d’instruction, une demande de récusation de Pascal Magnaguemabe auprès du procureur de la République près le tribunal de grande instance du Mfoundi. L’ancien ministre souligne dans cette correspondance, dont votre journal a pris connaissance, que lorsque les enquêtes judiciaires ont été ouvertes au sujet de l’acquisition d’un aéronef présidentiel et que différentes personnes ayant intervenu dans ce dossier ont été interrogées, il a sollicité du président de la République, «par acquis de conscience», d’être également entendu. L’ex Minatd dit ainsi avoir été entendu comme témoin le 15 juillet 2008 par le juge Ntamack jean fils Kléber, au Tgi du Mfoundi. «J’en ai rendu compte au président de la République en date du 16 juillet 2008. Quelques mois plus tard, un magistrat inconnu de moi a pris d’assaut mon cabinet pour obtenir une audience auprès de moi. Excédé par ses demandes d’audiences répétées, j’ai fini par le recevoir le 3 décembre 2008. Il s’agissait d’un certain Pascal Magnaguemabe que je rencontrais pour la première fois.». L’ancien Sgpr ajoute qu’ «après les civilités d’usage, il m’a fait part de l’objet de sa visite qui portait sur sa carrière professionnelle. Il me dit alors qu’il était en poste à Mora, il a été injustement (selon lui) sanctionné dans le cadre de l’affaire relative à la succession de l’ancien ministre Mohaman Lamine. Qu’il a de ce fait subi un blocage d’avancement au grade et des affectations disciplinaires (toujours selon lui) à Douala, puis à Mbanga. Il précisera qu’il a été «récupéré» à Yaoundé par l’ex vice-Premier ministre, ministre de la Justice, qu’il avait connu lors de son séjour à Mora. Que bien qu’exerçant au tribunal de grande instance du Mfoundi, il se sentait frustré parce que tous ses camarades de promotion sont mieux lotis que lui. Qu’il venait donc me voir pour que je l’aide à réaliser ses ambitions sur le plan professionnel». Le Minatd d’alors affirme, dans sa requête, avoir dit au juge Magnaguemabé, qui lui proposera plus tard un «arrangement» dans le cadre de l’instruction de l’affaire Albatros, qu’il n’était malheureusement pas membre du Conseil supérieur de la magistrature. Selon Marafa, irrité d’avoir été «éconduit», Magnaguemabe a développé une «animosité» à son encontre. De sorte qu’après avoir rendu son ordonnance de disjonction le 11 janvier 2010, ce magistrat saisira le délégué général à la sûreté nationale en février 2010 afin que ce dernier lui interdise de sortir du territoire national. «Des journalistes ont été invités et il [Magnaguemabe] leur a expliqué sous toutes les coutures qu’un séisme devait secouer le pays dès le lundi 8 février 2010. Mais, manque de chance pour les manipulateurs, le même vendredi 5 février 2010, le président de la République, avait procédé à la signature de décret portant nomination des gouverneurs de régions. Ce qui a eu pour effet de tempérer l’enthousiasme des commanditaires de cette manipulation. Il y a encore peu de temps, ce juge continuait de raconter en privé qu’il est déterminé à obtenir sa revanche et ce faisant, il fera d’une pierre deux coups, car disait-il alors, il va au devant des désidératas de son patron ! Il est donc évident que la suspicion de l’impartialité de ce juge est bien fondée et milite pour sa récusation», écrit Marafa Hamidou Yaya. Avant de signaler qu’en décembre 2010, il avait déjà porté ces faits «à la haute attention du chef de l’Etat». Signalons que l’article 591 du Code de procédure pénale dispose que «tout magistrat de siège peut être récusé» pour au moins cinq raisons. |