Opération Epervier: Marafa acclamé au tribunal
DOUALA - 17 JUILLET 2012
© Nadège Christelle BOWA | Le Messager
Des centaines de badauds ont scandé des «Marafa, président» à l’arrivée et au départ de l’ex-ministre d’Etat de l’Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd) au palais de justice de Yaoundé-Centre administratif, hier, 16 juillet 2012, jour de l’ouverture de son procès en compagnie d’Yves Michel Fotso.
© Nadège Christelle BOWA | Le Messager
Des centaines de badauds ont scandé des «Marafa, président» à l’arrivée et au départ de l’ex-ministre d’Etat de l’Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd) au palais de justice de Yaoundé-Centre administratif, hier, 16 juillet 2012, jour de l’ouverture de son procès en compagnie d’Yves Michel Fotso.
1.- Longue attente 11h. Lundi 16 juillet 2012 au palais de justice de Yaoundé-Centre administratif. Précisément dans l’enceinte de la Cour d’appel du Centre, requise par le Tribunal de grande instance de céans pour les audiences des procès de l’opération Epervier. Il y a longtemps que curieux, avocats, famille et amis des prévenus poursuivis dans le cadre des détournements de deniers publics ont investi les lieux. L’impatience se lit sur les visages et dans les attitudes. Le moindre mouvement suspect subit le regard inquisiteur de chacun et de tous. Surtout des journalistes venus nombreux. Viendra, viendra pas ? La question taraude les esprits. Certains ne peuvent s’empêcher d’interroger le confrère, le voisin. Comment arrivera-t-il ? Par où passera-t-il ? L’hypothèse selon laquelle il pourrait prendre l’entrée venant du parquet est évoquée. Mais vite abandonnée. « Cela l’exposerait davantage », argumentent certains. « On attend, on, on, on attend ! L’enfant ne vient pas ! » Le public continue pour sa part d’affluer. La salle d’audience est pleine à craquer. Des éléments de la gendarmerie et de la police, armés pour certains, veillent au grain. Certains d’entre eux tentent parfois d’intimider. Interdisant aux cameramen de tourner quelques images. En vain ! Les journalistes s’y opposent faisant étalage de leur connaissance du droit. On s’ennuie et pour tuer le temps, les uns et les autres se trouvent des occupations. Les supputations vont bon train. Des politiciens ont fait le déplacement. Dans leur rang, Albert Dzongang, candidat malheureux à l'élection présidentielle d'octobre 2011. Des juristes tels Me Alice Nkom, venus « observer ». 12h. Un mouvement de foule fait penser que Marafa Hamidou Yaya arrive. Fausse alerte ! Il s’agit plutôt de Roger Ntongo Onguene, ex-directeur général des Adc (Aéroports du Cameroun). 2.- Comme une star hollywoodienne 12h55. Cette fois, c’est la bonne ? Un car de marque Toyota Hiace de couleur blanche, fait son entrée dans l’enceinte. Les regards se détournent de ce côté. «C’est lui», entend-on. Les cameramen braquent leurs objectifs. C’est à qui captera la plus belle image. L’ancien ministre Marafa Hamidou Yaya, inculpé puis incarcéré depuis le 16 avril 2012 pour détournements de deniers publics dans le cadre de l’achat d’un avion présidentiel, sort du véhicule de la gendarmerie nationale. Sanglé dans un costume bleu sur chemise immaculée, assortie d’une cravate rouge, l’ex-Minatd est suivi de près par Yves Michel Fotso, ancien administrateur général de la Cameroon airline (Camair), un de ses coaccusés. Une clameur s’élève. «Notre président !». L’allure majestueuse, l’homme semble serein. Une ovation du public accompagne «sa montée des marches» jusqu’à la salle d’audience. «Mon Dieu ! Qu’il est frais ! Vous dites que le père-ci est en prison ? Non gars, il est bien dans sa tête, etc.», entend-on. Ceux qui n’ont pas pu avoir de place dans la salle, se pressent aux portes et fenêtres pour le voir. 13h25. La sonnerie annonce l’arrivée du collège des juges constituant le tribunal. Ce trio est présidé par Gilbert Schlick, une autre star. Un brouhaha est de nouveau entendu, suivi d’une autre salve d’applaudissements pour l’accusé Marafa. Le procès s’ouvre ! On assiste à la même ambiance à sa sortie. L’homme est conduit sous les ovations jusqu’au car encerclé par des centaines de personnes, toutes admiratives. Il serre la main à quelques proches et résiste comme il peut, à faire des gestes à la foule. Le véhicule dans lequel il vient de s’engouffrer avec son acolyte, Yves Michel Fotso peine à quitter l’entrée principale de la Cour d’appel. Et pour cause, il est coincé entre la foule et les bouchons que l’évènement a créés sur la route attenante. Quelques gendarmes sont obligés de couper la circulation pour faciliter la manœuvre à son conducteur. Sous les cris, les ovations et youyous, le car fonce en trombe vers le secrétariat d’Etat à la défense (Sed) situé à moins de 2 kilomètres. 3.- Yves Michel Fotso veut parler « …Je tiens à préciser d’entrée de jeu que j’ai été présenté comme quelqu’un qui défiait la Justice pour n’avoir pas comparu devant le juge d’instruction, et n’avoir pas déféré à vos deux convocations des 29 juin et 02 juillet 2012 ». Extrait de la déclaration liminaire d’Yves Michel Fotso, également poursuivi dans le cadre de cette affaire. Le prévenu veut expliquer les raisons pour lesquelles il ne s’est pas présenté. Mais le juge l’interrompt. Mais… il « aura le temps de le faire », rassure Gilbert Schlick. Sur ces entrefaites, l’audience est renvoyée au mardi 24 juillet 2012. Après un échange. La défense a besoin de trois semaines. Le ministère public estime que ce délai est long. Le juge tranche. Il faut, explique Me Alice Nkom, « un minimum de préparation qui n’a pas été faite. Un : le président veut permettre aux parties de faire comparaître leurs témoins dont il a demandé et obtenu la liste séance tenante ». À cette audience du 16 juillet 2012, seul le principal accusateur (le procureur) a communiqué la liste de ses témoins. Il y en a à peu près 14. Maintenant, il faut que la défense aussi produise ses témoins. « Elle n’a pas pu le faire aujourd’hui, parce que les avocats de la défense n’ont jamais eu affaire au dossier. Bien qu’ayant commandé la copie du dossier d’instruction comme le veut la loi, le juge n’a jamais permis qu’ils aient une copie du dossier. Donc ils se sont dits peut-être on va avoir des témoins mais nous voulons commencer par demander que le tribunal nous permette d’avoir une copie du dossier. Parce que c’est à partir de là qu’on sait qui peut témoigner et qu’est-ce qu’on va dire », justifie Me Alice Nkom au sortir de cette audience. La prochaine audience se tiendra ainsi mardi prochain. « Ce sera pour écouter le ministère public accuser et prouver ». Marafa Hamidou Yaya est défendu par le bâtonnier Monthé, Pr Kofele Kale, Me Abdoul Baguil, etc. Toutefois, apprend-on, cette défense pourrait s’étoffer au fur et à mesure. Début de l’audition des témoins annoncé par le procureur le 24 juillet 2012. |
|