« André MAMA FOUDA, entendu à la PJ » ; « Le ministre de la santé publique auditionné » ; « MAMA FOUDA, placé sous mandat de dépôt » ; « Le ministre de la santé publique, bientôt aux arrêts »…
Que n’a-t-on pas entendu au sujet de l’éventuelle arrestation du Ministre camerounais de la santé publique, informations couronnées le premier avril dernier par ce qui relève désormais d’un des meilleurs ‘poisson d’avril’ la fausse arrestation d’André Mama Fouda, à laquelle, bien malin qui n’avouera pas avoir cru.
Pourtant une « rumeur » au sujet de l’incarcération prochaine du MINSANTE, persiste toujours, bien reprise d’ailleurs par bon nombre de journaux de la place. Une certaine presse camerounaise et même étrangère fait état de ce que le Ministre est soupçonné de détournements et mauvaises gestions des fonds alloués aux luttes contre le VIH/SIDA, le paludisme, et d’autres maladies.
Des informations qui laissent entrevoir donc inéluctablement une future arrestation d’André MAMA FOUDA. Info ou intox ? Toujours est-il que face à ces informations persistantes, nous sommes allés à la recherche d’informations relatives à ce sujet, et ce que nous allons découvrir est plutôt fort surprenant car relève d’un divertimento de bas étage.
L’information insolite que nous glanons après avoir fait le tour de toutes les instances en charge de la conduite des dossiers relatifs aux détournements de fonds est que, Mama Fouda, n’a pour l’instant aucun dossier ouvert pour quelque motif que se soit. En d’autres termes, le MINSANTE n’a jamais été entendu, ni au tribunal criminel spécial (TCS) chargé désormais de conduire ce type de dossier, encore moins à la police judicaire ou dans un commissariat de la place. La question sur cet acharnement médiatique sur la personne de monsieur André Mama Fouda est donc vite posée ; A qui profite le crime dira t-on ?
Il nous revient que tout remonterait en 1991, du temps ou A.M.F était le Directeur de la mission d’aménagement des terrains urbains et ruraux (MAETUR) ; un poste qu’il occupe d’ailleurs jusqu’en 2008, avant d’être appelé au service de la santé publique au Cameroun. La MAETUR, avait donc entrepris de viabiliser le terrain du Golf Ntoungou, situé en face de la présidence de la République, avec l’aide de partenaires et en collaboration avec les familles autochtones. Cette formule d’aménagement concertée consistant à se faire rémunérer en espace de terres, à l’issue d’une régulation foncière. Une approche d’ailleurs mise en œuvre avec l’Etat sur d’autres espaces, notamment le projet Nfadena-Ngousso-Hopital Général.
L’espace Golf Ntoungou, qui nous intéresse a été déclaré par le décret n° 73/18 de 17 janvier 1973, d’utilité publique par le Président Ahmadou Ahidjo et exproprié en vue de la construction d’un musée national. Le projet justifiant l’expropriation ayant été abandonné, les familles et populations autochtones ont introduit plusieurs requêtes auprès de l’administration, en vue de la rétrocession du terrain. Un comité de suivi présidé par le préfet du Mfoundi d’alors est mis sur pied, à l’effet d’apprécier la superficie réelle du site et les occupations coutumières de chaque famille. Une superficie qui au final se révèle être de l’ordre de 29 Ha, au lieu de 38, suite à l’aménagement du boulevard Jean Paul II et le rond-point Bastos, avec d’important remblais entre 1973 et 1997. Des travaux qui arrivent à la signature le 8 septembre 1997, d’une convention de régulation foncière et son avenant à 6 familles. Au sortir de la négociation qui a présidé à ces accords, la MAETUR devait percevoir 44% du terrain, (hors voirie structurantes et zones impropres à la construction).
C’est ainsi que huit conventions d’aménagement ont été signées avec chaque famille ; toutes, sans exception choisissent d’ailleurs librement la MAETUR pour aménager et lotir leurs mailles, conformément au plan de lotissement. La plupart d’entre elles ont d’ailleurs sollicité cette dernière pour commercialiser une partie de leur surface cessible, en contrepartie d’un calendrier de versement (moins de 18 mois). Le reste de la superficie ayant été identifiée en lots bornés avec dossiers techniques de morcellement.
Entre 1999 et 2000, près de 400 millions de francs CFA seront ainsi versés aux familles qui ont signé, après payement et mise à disposition des dossiers techniques de bornage, des blocs et parcelles avec le directeur de la MAETUR. Fiers de cette démarche, un procès-verbal de clôture financière, signé par toutes les familles concernées et les autres intervenants viendra clôturer cette transaction, les uns reconnaissant avoir touché l’intégralité du montant convenu, les autres satisfaits de ce qui leur revenait, notamment l’Etat camerounais représenté par le MINUH. Certaines familles reviendront d’ailleurs vers la MAETUR, solliciter la commercialisation de certaines de leurs parcelles propres.
LA CHANCELLERIE AMERICAINE : UN CAS PARTICULIER
Expropriée sur une parcelle de 1 Ha dans les années 1978, la chancellerie américaine avait agréé la compensation du terrain exproprié par un espace sur le site de Ntoungou. Elle a par ailleurs procédé à l’achat de 2 autres hectares pour un total de 4 Ha, dont le montant avait été fixé à 800 millions de francs CFA, le 07 juillet 2000, couronné le 24 septembre 1999 par la notification d’un accord du président Paul Biya.
Début 2008, au départ d’André Mama Fouda de la MAETUR, le projet Golf-Ntoungou est quasiment clos sur tous les plans : placement des parcelles, remboursement de l’emprunt et plus de la moitié des clients et familles MAETUR, déjà détenteurs d’un titre foncier. Le dossier était quasiment classé.
ACCUSATION DE SPOLIATION DE PATRIMOINE
Février 2008, moins d’un an après l’arrivée du nouveau Directeur Général de la MAETUR, en la personne de Etoundi Oyono, actuel DG du Port Autonome de Douala, des grincements de dents se font sentir à Ntoungou. Des réunions de réclamation sont enregistrées avec l’aval de ce dernier, qui n’aurait pu avoir le recul nécessaire et suffisant sur la complexité d’une opération d’aménagement concertée ; notamment les différentes phases conduisant à définir la rétribution des intervenants, tenant compte des différents paramètres (opérations foncières, aménagement et recouvrement des coupes). 4ans plus tard, il informera d’ailleurs certaines familles de la disponibilité de 11 lots ; objet de sa lettre n°645 du 27 septembre 2011 à Me Pierre Adda, malgré la note du directeur adjoint de la MAETUR datée du 17 octobre 2011, attirant son attention sur l’indisponibilité desdits lots : certains disposants déjà de titres fonciers. Une lettre du DG qui vient semer le doute et surtout la confusion ; car, réattribuant une deuxième fois, les mêmes parcelles aux mêmes familles ou parfois le contraire. Cet acte certainement « commis à dessein », aura pour conséquence de semer le doute dans l’esprit de certains membres des familles concernées. D’où ces différentes correspondances en direction de la présidence de la République, sur une relative extorsion de terres par Mama Fouda.
LES PROPRIETES D’André MAMA FOUDA
« MAMA FOUDA possède 10 Ha de terrain » ; « le ministre a pris des terrains sur lesquels il devait construire les hôpitaux, a-t-on également entendu circuler. Un contexte dans lequel nous avons également tenu à éclaircir les points. Le Ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat de l’époque, ayant constaté que monsieur Mama Fouda a joué un rôle significatif dans la conduite du projet lui attribue 2000m² de terrain constitué des lots G2-G14 par arrêté 0422 du 29 décembre 1999. Par ailleurs, Mama Fouda négocie et directement devant dame Amvouna Marie qui lui cède ses droits le 29-12 1999 sur les lots F13-F15 d’une superficie de 2000 m². A ce jour, aucune réclamation n’est faite ; les transactions documentées, les signataires vivants et la gestion des dits lots paisible à ce jour.
GUERRE FATRICIDE OU LUTTE DE POSITIONNEMENT ?
A l’analyse de cette situation, un point clair se dégage. L’actuel Ministre de la Santé publique est victime d’un acharnement qui vise très certainement à le déstabiliser, en noircissant ces différentes actions, pourtant appréciées par les populations camerounaises dans leur immense majorité. Mama Fouda, on l’a relevé plus haut ne fait l’objet à ce jour d’aucune enquête en cours, malgré les différents audits faits aussi bien au Ministère de la Santé, qu’à la MAETUR du temps de sa direction. Pourtant à la lecture de plusieurs journaux et des listes des prochains locataires de Kondegui et du CED, figure et en bonne place le nom du Minsante. Qui se cache donc derrière cette manipulation de la presse pourrait-on demander? Qui paie autan pour déstabiliser Mama Fouda ? Cette situation ressemble fort étrangement à l’affaire Bibi Ngota, les méthodes semblent être les mêmes : « se servir du faux pour faire incriminer des gens ». Les cerveaux de ces affaires sont-ils les mêmes ?
Tout semble l’indiquer, si non pourquoi ces différentes correspondances de monsieur Etoundi Oyono en direction des familles autochtones ? Nous y reviendrons. Toujours est-il que, la formation du gouvernement respecte presque toujours une certaine représentativité à travers laquelle le Président de la République réserve un nombre de postes ministériels par département, et les différentes mutations ne pouvant se faire qu’entre frères du même département. Le « déclin » de Mama Fouda, ne pourrait que profiter à un de ses frères. Voila certainement comment les commanditaires de cette scabreuse opération philosophe, nonobstant toutes les autres considérations humaines et surtout éthiques.
C’est malheureusement à cette conclusion honteuse, que notre enquête nous a mené. La recherche absolue du pouvoir suprême. Quelqu’un dira « être Ministre à tout prix et à tous les prix ». Voilà l’ambition qui gouverne certains affidés. Pourtant seule la compétence devrait prévaloir. Mais les décideurs ne sont pas dupes, les camerounais ne sont pas crédules, du temps de son passage à la MAETUR, Mama Fouda a réalisé un travail d’aménagement ; d’opérateur foncier ; une approche inscrite aujourd’hui dans notre code d’urbanisme et faisant école dans d’autres pays.
Une de nos sources nous reprécisera d’ailleurs la satisfaction du Président de la République pour ce membre du gouvernement qui s’est parfaitement illustré depuis sa prise de fonctions à la tête du ministère de la santé publique, par son engagement à améliorer les conditions de prise en charge sanitaire des camerounais. Il est selon l’opinion, l’un des Ministres à se remuer au service des camerounais. Entre autres, il a à son actif les ouvertures très prochaines de trois structures hospitalières de référence, à Douala, Yaoundé et Sangmélima, dont l’accélération des travaux s’est faite grâce à sa présence permanente sur ces sites.
Au vu de cette analyse, rien et absolument rien ne prédit à un éventuel séjour de Mama Fouda dans une prison, peut être pour des fautes de gestion à venirs…