Opération Epervier: Les langues se délient au sujet du faux listing
Yaoundé, 30 avril 2013
© Arthur L. Mbye | Repères
Des personnes ayant participé à fournir les faux comptes bancaires commencent à balancer sous anonymat et menacent de plus grandes révélations.
© Arthur L. Mbye | Repères
Des personnes ayant participé à fournir les faux comptes bancaires commencent à balancer sous anonymat et menacent de plus grandes révélations.
Jean-Marie Aboganena, promoteur de
Jama Conseil, a été inculpé mardi 23 avril pour détention de documents
administratifs et, entre autres, propagation de fausses nouvelles,
révèle son avocat, Me Bernard Keou. C'est au cours de la première
audience de flagrant délit, du lendemain de son inculpation, que les
chefs d'accusation ont été dévoilés, affirme ce conseil qui dit avoir
été empêché d'accéder au by Text-Enhance">dossier.
Une autre audience est prévue, le 8 mai prochain, au Tribunal de
Première Instance, centre administratif de Yaoundé. On espère à cette
occasion savoir concrètement et précisément ce qui a motivé la décision
du procureur d'inculper Jean-Marie Aboganena, après 16 jours de
détention préventive ponctues, selon des témoignages, de violations de
ses droits et d'atteinte à son intégrité physique.
Jean-Marie Aboganena lui-même, par divers canaux, promet «le grand déballage» au cours de cette deuxième audience dans une semaine. Une mise en demeure bien ciblée, si l'on en croit des sources proches du Ministère de la Justice. «C'est un avertissement qu'il envoie à ses soutiens et partenaires pour qu'ils s'arrangent à le sortir de cette mauvaise passe, sinon il peut devenir bavard à leurs dépens», dit un fonctionnaire de justice au fait de cette affaire peu ordinaire. La disproportion entre les délits allégués et le sort subi par le promoteur de l'agence de communication Jama Conseil incline à penser que la vérité n'a pas encore commencé à émerger de ce dossier.
Les confidences judicieusement placées de Jean-Marie Aboganena indiquent qu'il n'est détenu que pour être «cuisiné» dans le cadre de la procédure ouverte auprès du Tribunal Criminel Spécial au sujet du faux «listing des milliardaires». Rien ne permet de dire s'il y a joué quelque rôle, mais dans le sillage de son incarcération, des langues, qui redoutent le même sort, commencent à se délier sur ce qu'elles savent du mode opératoire de rassemblement des noms et des comptes bancaires présents sur la fameuse «liste Ali». «On m'a demandé de livrer les comptes de personnalités du régime à l'étranger que je connais contre de l'argent. Je n'en connaissais pas, plus précisément, je savais une ou deux choses que je ne pouvais pas dire car concernant mon oncle, alors je n'ai rien reçu», confie une source sous anonymat.
Une autre source confie qu'elle a bel et bien perçu de l'argent. «Il ne fallait pas forcément connaître les comptes. Il fallait avoir l'intelligence d'en inventer pour recevoir sa prime. Ceux qui voulaient les comptes ne pouvaient pas vérifier, puisqu'ils n'en connaissaient pas l'existence. Ils prenaient donc nos révélations pour parole d'évangile», dit ce jeune homme qui se confie d'autant plus aisément qu'il vit aujourd'hui hors du Cameroun. Il est d'ailleurs disposé à en dire plus, mais contre une récompense.
On comprend pourquoi le Tribunal Criminel Spécial veut voir clair dans cette opération qui a coûté plus de 850 millions de francs CFA à l'Etat du Cameroun. Le 14 mars, le Procureur Général près du TCS a lancé un mandat d'arrêt contre l'expert financier Francis Dooh Collins, bras séculier de l'exMinjustice, Amadou Ali, dans cette opération, doublé d'une interdiction de sortie du territoire national. Un mois plus tard, le 17 avril, M. Emile Zéphyrin Nsoga est revenu à la charge: «...par ma dépêche de ce jour, j'ai demandé au Chef service central des Recherches Judiciaires de la Gendarmerie Nationale, et au Directeur de la Police Judiciaire de me faire connaître l'état d'exécution de mes instructions dans l'affaire citée en objet». «Par la même dépêche, j'ai réitéré à ces OPJ (Officiers de Police Judiciaire, Ndlr), le visa de mon Parquet sur l'interdiction de sortie du territoire national, tout en leur demandant de recueillir, par toutes les voies de droit, les explications du susnommé sur procès-verbal à me faire tenir», termine le Procureur Général.
Francis Dooh Collins n'a pas encore été interpellé grâce à des soutiens haut placés qui le protègent. Mais il semble que la justice ait décidé de toucher aux étages inférieurs pour mieux ébranler l'édifice.
Jean-Marie Aboganena lui-même, par divers canaux, promet «le grand déballage» au cours de cette deuxième audience dans une semaine. Une mise en demeure bien ciblée, si l'on en croit des sources proches du Ministère de la Justice. «C'est un avertissement qu'il envoie à ses soutiens et partenaires pour qu'ils s'arrangent à le sortir de cette mauvaise passe, sinon il peut devenir bavard à leurs dépens», dit un fonctionnaire de justice au fait de cette affaire peu ordinaire. La disproportion entre les délits allégués et le sort subi par le promoteur de l'agence de communication Jama Conseil incline à penser que la vérité n'a pas encore commencé à émerger de ce dossier.
Les confidences judicieusement placées de Jean-Marie Aboganena indiquent qu'il n'est détenu que pour être «cuisiné» dans le cadre de la procédure ouverte auprès du Tribunal Criminel Spécial au sujet du faux «listing des milliardaires». Rien ne permet de dire s'il y a joué quelque rôle, mais dans le sillage de son incarcération, des langues, qui redoutent le même sort, commencent à se délier sur ce qu'elles savent du mode opératoire de rassemblement des noms et des comptes bancaires présents sur la fameuse «liste Ali». «On m'a demandé de livrer les comptes de personnalités du régime à l'étranger que je connais contre de l'argent. Je n'en connaissais pas, plus précisément, je savais une ou deux choses que je ne pouvais pas dire car concernant mon oncle, alors je n'ai rien reçu», confie une source sous anonymat.
Une autre source confie qu'elle a bel et bien perçu de l'argent. «Il ne fallait pas forcément connaître les comptes. Il fallait avoir l'intelligence d'en inventer pour recevoir sa prime. Ceux qui voulaient les comptes ne pouvaient pas vérifier, puisqu'ils n'en connaissaient pas l'existence. Ils prenaient donc nos révélations pour parole d'évangile», dit ce jeune homme qui se confie d'autant plus aisément qu'il vit aujourd'hui hors du Cameroun. Il est d'ailleurs disposé à en dire plus, mais contre une récompense.
On comprend pourquoi le Tribunal Criminel Spécial veut voir clair dans cette opération qui a coûté plus de 850 millions de francs CFA à l'Etat du Cameroun. Le 14 mars, le Procureur Général près du TCS a lancé un mandat d'arrêt contre l'expert financier Francis Dooh Collins, bras séculier de l'exMinjustice, Amadou Ali, dans cette opération, doublé d'une interdiction de sortie du territoire national. Un mois plus tard, le 17 avril, M. Emile Zéphyrin Nsoga est revenu à la charge: «...par ma dépêche de ce jour, j'ai demandé au Chef service central des Recherches Judiciaires de la Gendarmerie Nationale, et au Directeur de la Police Judiciaire de me faire connaître l'état d'exécution de mes instructions dans l'affaire citée en objet». «Par la même dépêche, j'ai réitéré à ces OPJ (Officiers de Police Judiciaire, Ndlr), le visa de mon Parquet sur l'interdiction de sortie du territoire national, tout en leur demandant de recueillir, par toutes les voies de droit, les explications du susnommé sur procès-verbal à me faire tenir», termine le Procureur Général.
Francis Dooh Collins n'a pas encore été interpellé grâce à des soutiens haut placés qui le protègent. Mais il semble que la justice ait décidé de toucher aux étages inférieurs pour mieux ébranler l'édifice.