En 2007, Jeune Afrique Economie et une partie de la presse nationale publiaient une liste de personnalités qui se trouvaient dans le viseur de la justice. Malgré de vives protestations de cette méthode, on note tout de même que toutes les grosses légumes écrouées entre 2007 et 2012 avaient été annoncées dans la fameuse liste. Evocation!
Après la phase I de l'Epervier consacrée à la mise sous mandat de dépôt d'Emmanuel Gérard Ondo Ndong, Joseph Edou, Gilles Roger Belinga, Edouard Etondé Ekotto, ex Pca du Port autonome de Douala (Pad) et Alphonse Siyam Siewé, ex ministre et Dg du Pad, l'opinion a bien remarqué que la phase II qui débutera en 2008 répond à un critère de sélection faite sur la base de la liste noire des 56 milliardaires attribuée à Amadou Ali.
Et pour cause, en 2008, on a assisté aux arrestations de Polycarpe Abah, ex ministre de l'Economie et des Finances, d'Urbain Olanguena Awono, ex ministre de la Santé publique suivie de celle de Jean Marie Atangana Mebara, ex secrétaire général de la Présidence de la République, Jerôme Mendouga, ambassadeur du Cameroun aux Etats-unis et Zachaeus Forjindam, ex directeur général du Chantier naval du Cameroun quelques mois après. Alors que dans les chaumières et mêmes les salons cossus, certains estimaient que cette vague faisait partie des intouchables de la République, de part leurs fonctions et leur importance au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), le parti de Paul Biya au pouvoir. Mais les faits leur donneront tort.
En début d'année 2009, Paul Ngamo Hamani, ancien Administrateur provisoire de la défunte Cameroon Airlines (Camair) présenté comme le cerveau de l'équipe Abah Abah est happé par «l'Epervier». Quelques temps après, c'est Jean Baptiste Nguini Effa qui l'est également. Sans aucun doute, le plan d'Ali se met en place. Puisque les noms sus-évoqués figuraient dans sa liste. Mais cela est toujours insuffisant pour convaincre les sceptiques que selon un plan machiavélique les 56 personnalités citées devaient passer à la trappe de la justice. Ces «incrédules» s'appuyaient ainsi sur le fait que des noms de personnes accusées dans les mêmes affaires que Mebara ou encore Abah Abah soient encore en liberté et soient maintenues à des postes dits de souveraineté leur permettant de torpiller les enquêtes. Mais c'était sans compter avec la hargne de l'Epervier.
Sanction disciplinaire.
En début d'année 2010, Henri Engoulou présenté comme cofacteur de détournements avec Abah Abah est arrêté à son domicile à Yaoundé. Dans la foulée, Roger Ntongo Onguéné, Dg des Aéroports du Cameroun, Haman Adama, ex ministre de l'éducation de base et Catherine Abena, secrétaire d'Etat au ministère des enseignements secondaires bien qu'aujourd'hui en liberté, sont également interpellés et placés sous mandat de dépôt à Kondengui, Mais cela ne suffit pas toujours à convaincre d'aucuns.
Mais, coup de tonnerre! En début décembre 2010 Yves Michel Fotso est arrêté à Douala par la police. Il est immédiatement transféré à la direction de la police judiciaire à Yaoundé. Puis placé en garde à vue et transféré à Kondengui. La «prophétie» d'Ali se poursuit. Et un an 6 mois après cette arrestation, Marafa Hamidou Yaya, qui venait de quitter le gouvernement est aussi arrêté en compagnie d'Inoni Ephraïm ancien Premier ministre.
Et... le ciel est très brumeux, Charles Metouck, Dg de la Sonara, annoncé dans la liste des 56 et faisant présentement l'objet d'enquêtes de la police judiciaire. Bien sûr, à la décharge des sceptiques, une vingtaine de personnes citées parmi les 56 sont d'une part encore aux affaires et que d'autres parts, certains «au quartier» et ne sont pas particulièrement inquiétées, font dire qu'il faut encore du temps pour que la prophétie soit complète. Mais en attendant, la liste d'Amadou Ali reste bien la boussole des arrestations de l'Opération Epervier.