Opération Epervier: Les confidences de Biya sur Ali Dooh Collins

Yaoundé, 07 Août 2013
© GEORGES ALAIN BOYOMO | Mutations

Le Président de la République estime que le travail réalisé par ce tandem a fait by Savings Wave">perdre du temps et de l'argent au gouvernement.

Dans deux câbles américains datés de janvier et août 2008, l'Ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun d'alors, Janet Garvey rend compte au département d'Etat de ses échanges avec le Président de la République, Paul Biya sur différents sujets, notamment sur la lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics.

Sur la question, apprend-on de Wikileaks, Paul Biya a exprimé, en janvier 2008, sa détermination à combattre le phénomène pendant qu'il est en fonction, précisant que la tâche serait plus difficile pour son successeur. Le Chef de l'Etat se félicitait du reste des efforts consentis par la Police et l'Agence nationale d'investigation financière (Anif), indiquant que certains dossiers feront l'objet de traitement le mois d'après [Abah Abah et Urbain Olanguena ont été interpellés le 31 mars 2008, après les émeutes de la faim, ndlr]. M. Biya a également révélé qu'il était «préoccupé par la corruption dans l'armée et qu'il ne faisait pas confiance à Dooh Collins dont les services coûtaient trop chers au gouvernement [880 millions ont été octroyés à l'expert financier pour ausculter les comptes bancaires de personnalités à l'étranger, ndlr ». Janet Garvey informe, dans la même perspective, que le Président Biya s'est montré favorable à la récupération des fonds distraits plutôt qu'à l'incarcération tous azimuts des auteurs des malversations. «Dans ce sens, il a laissé entendre que son ancien Ministre des Finances, Polycarpe Abah Abah, avait coopéré».

Toujours à propos de la corruption, Paul Biya a indiqué, en août 2008, à Janet Garvey que «la rue camerounaise réclame le rapatriement des fonds détournés». Fort de cela, Mme Garvey a réitéré la disposition du gouvernement américain à aider le Cameroun, en comptes des présumés prévaricateurs à l'étranger, à condition que cela se fasse par les voies légales. «Paul Biya a concédé que le gouvernement camerounais a perdu du temps et de l'argent en travaillant avec Dooh Collins et a promis d'appuyer le ministre de la Justice [Amadou Ali, ndlr], en l'invitant à travailler en étroite collaboration avec l'Agence nationale d'investigation financière et les pays partenaires dans la lutte anti-corruption».

Agacement

Ces révélations contenues dans les câbles de Wikileaks démontrent que le Président de la République était parfaitement au courant des démarches de l'ancien garde des Sceaux, Amadou Ali et de son «associé», Dooh Collins.

Auditionné le 8 mai dernier à la Police judiciaire, à Yaoundé, «l'expert en intelligence économique», a expliqué qu'il n'a établi aucune liste de personnalité et qu'il fallait plutôt entendre Amadou Ali, de qui il recevait des ordres. Dooh Collins (qui séjourne en ce moment à l'étranger) a précisé que l'ancien Ambassadeur américain, Niels Marquardt qui l'a mis en contact avec l'ex garde des Sceaux pour effectuer le travail d'investigation financière dont les résultats sont vivement contestés.

Au sujet des listings bancaires remis en cause, Amadou Ali a affirmé, courant juillet dernier au bihebdomadaire La Météo: «J'ai travaillé sur ce dossier en tant que Ministre de la Justice. Maintenant que je ne suis plus à cette place, je ne peux pas vous répondre dans un sens comme dans l'autre». Avant de se montrer agacé: «On n'a jamais vu ça au Cameroun! C'est bien la première fois que 50 journaux écrivent au même moment contre la même personne. Cela n'est pas normal. J'ai opté pour le silence comme je vous l'ai dit. Mais un proverbe dit ceci: la vérité finit par triompher».


08/08/2013
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