Opération épervier: Les audiences se multiplient et s’accélèrent
Écrit par Hervé Villard Njiélé. Charles-Olivier Mbami |
Vendredi, 13 Juillet 2012 07:35 |
Affaire Chantier Naval : Verdict attendu le 19 juillet prochain
Affaire Olanguéna Awono : 8 Chefs d’accusations retenus
Scdp / Nguini Effa : Le ministère public fait trainer le procès
Affaire Chantier Naval
Verdict attendu le 19 juillet prochain
L’affaire enrôlée hier à la cour
d’appel de Bonanjo, a été rendue en délibéré par le président de la
collégialité, après une plaidoirie qui a durée près de 8h d’horloge.
La condamnation ou la libération de
Zachaeus Forjindam, l’ex directeur du chantier naval et industriel du
Cameroun (Cni) et de Ngouan Jean Simon ancien directeur financier de
cette entreprise, sera connue le 19 juillet 2012. Car, durant ce jour
très déterminant pour ceux qui présidaient aux destinées du Cnic il y a
quelques années, se tiendra la dernière audience de l’affaire qui les
oppose à l’entreprise qu’ils ont dirigée et pour laquelle, ils sont
accusés de détournement en coaction de 206 millions de francs cfa.
L’affaire a été rendue en délibérée par le président de la
collégialité le 19 juillet 2012 après une plaidoirie qui a durée près
de 8h d’horloge.
Zacchaeus Fordjindam à qui le président
de la collégialité a passé la parole avant de rendre cette affaire en
délibéré, a déclaré son innocence comme par le passé. «Je suis l’objet
d’un lynchage judiciaire. Je ne voudrais plus prononcé le nom de
monsieur Bikoro dans cette affaire puisqu’on l’a trop cité. Ce que je
peux vous dire c’est que, je suis innocent.» A déclaré l’ancien Dg du
Cnic la mine fermée. NGouan Jean Simon, à qui la parole a été donnée en
dernier ressort, est revenu sur les différents complots de monsieur
Bikoro avant d’inviter les juges à ne pas se prêter à ce jeu. Faisant
appel à plusieurs versets bibliques et racontant l’histoire de Job, il a
demandé aux juges de rendre justice et rien que la justice.
Par rapport au verdict final de cette
affaire qui dure depuis près de trois années déjà, les avocats de la
défense laissent aux juges la latitude de décider. «Je n’ai pas de
pronostic à faire. Je crois sur le principe de l’objectivité et compte
tenu de la plaidoirie que nous venons de faire, je pense qu’on va les
libérer. Mais, je ne suis que avocat, je ne suis pas le juge. Dans une
affaire judiciaire, chacun fait son travail.» Déclare Me Ousmanou
Djoubairou.
Plaidoiries
Comme le dit l’ordonnance du dernier
renvoi de cette affaire, il était question pendant l’audience qui
s’est ouverte hier au tribunal de grande instance de Bonanjo, que les
avocats de la défense rendent leur plaidoirie.
Ce qu’ils ont fait.
Pendant cette phase du procès très
déterminante pour leurs clients, les avocats de la défense se sont
évertués à détruire toutes les preuves de culpabilité brandies par le
ministère public pendant le procès. Ils ont dans leurs multiples
interventions, démontré que «le procès en cours n’est qu’un procès en
sorcellerie dans la mesure où, aucune preuve de détournement n’a été
fournie ». Déclarent-ils.
Parlant du fractionnement des chèques qui
a été évoqué comme motif de détournement, Me Baombé a expliqué que ce
chef d’accusation ne saurait constituer une preuve de détournement. Car,
elle intervient après le paiement des dits chèques.
Au sujet du chèque rempli par monsieur
Youta, il a déclaré que ce n’était que normal. Car, en tant que chef
comptable et collègue de M.Forjindam, il pouvait le faire. Parlant de
l’existence des entreprises fictives, le collège des avocats a démontré
que ces entreprises existaient bel et bien. La preuve, ils ont perçu
l’argent du chantier naval et, on ne saurait donc dire qu’ils n’existent
pas. Selon Me Baombe les noms de Sas, Logisco et Jengre ne figurent
pas sur le fichier des fournisseurs du chantier naval parce que c’était
des fournisseurs occasionnels. Car, à l’époque des faits, la Cnic avait
une liste de plus de 3000 fournisseurs et, il fallait être régulier
voire constant pour y figurer. Selon Me Djoubairou, plusieurs éléments
du dossier disculpent Forjindam. Tout en énumérant le processus de
délivrance d’un chèque au Cnic, il a conclu qu’il n’ya pas détournement.
D’après Me Alain Nguini avocat de Ngouan Jean Simon, les accusés sont
innocents et doivent être libérés. Car tout au long de la procédure, le
ministère public n’a pas apporté la preuve de son accusation et en cas
de doute, cela profite à l’accusé.
La suite de cette affaire de 12 chèques
frauduleux d’un montant total de 206 millions et pour laquelle Zacchaeus
Forjindam et Ngouan Jean Simon ont été accusés sera connue le 19
juillet 2012.
Affaire Olanguéna Awono
8 Chefs d’accusations retenus
Ces infractions ont été perpétrées dans
le cadre de la gestion des programmes multisectoriels de lutte contre le
sida, le paludisme et la tuberculose
Le Tribunal de grande instance du Mfoundi
(Tgi-M) siégeant en audience criminelle a clarifié les charges retenues
contre l’ancien ministre de la Santé publique et ses coaccusés. Dans le
Fonds de l’Onu-Sida querellé, 05 charges ont été retenues dans le
programme Sida, 02 dans le programme Paludisme et 01 dans le programme
de la Tuberculose. Il est cependant important de relever que tous les
mis en cause dans cette affaire ne sont pas poursuivis dans tous les
volets du programme. La synthèse du rapport de mission de contrôle du
Contrôle supérieur de l’Etat a été faite à l’audience par le témoin du
ministère public, Gilbert Bayolni.
Dans le programme multisectoriel de lutte
contre le Sida, on retiendra : la perception indue de carburant et
frais de téléphone par les gestionnaires comptables d’un montant de
17.160 millions de Fcfa par le cabinet «Cameroon Audit Conseil»,
utilisation à des fins personnelles par Olanguéna Awono de 11.790
millions Fcfa pour la production de son livre «Sida en Terre d’Afrique»,
ouvrage édité et dédicacé à Paris. Le Dr Feuzeu Maurice, ancien
secrétaire permanent du Comité national de lutte contre le Sida (Cnls),
est poursuivi pour perception indue de 12.224 millions représentant le
carburant. Dans le même registre, on note le non paiement de 80.683
millions Fcfa à certaines entreprises impliquées dans le programme de
lutte contre le sida. Enfin, dans ce programme, le Dr Chia Rose est
incriminé pour virement non justifié de 87.500.000 de F dans le groupe
technique du Sud-Ouest.
Dans le programme Paludisme/Tuberculose,
on relève notamment les prestations fictives pour la fourniture des
moustiquaires par les Ets «Vision» à hauteur de 72.6 millions de F. Les
dépenses sans pièces justificatives ont été mises à la charge du Dr
Okala, soit 1.233 millions de F. Pour boucler ce cycle, dans le
programme Tuberculose, M. Ongolo Ngono est accusé de perception de
frais de missions fictives d’un montant de 45.268 millions de F. Dans sa
déposition, le témoin du ministère public s’est appesanti sur la
production du livre «Sida en Terre d’Afrique querellé». En effet,
l’éditeur de cet ouvrage avait signé une convention avec le Cnls dont le
président n’était autre que le ministre de la Santé publique, Olanguéna
Awono Urbain. Il ressort de cette déposition qu’une somme d’environ
6.500.000F représentant les frais de vente du livre a été reversée à la
Caisse autonome d’amortissement, d’une manière ou d’une autre au trésor
public. Toutes ces infractions ont été commises courant 2002-2007 dans
le cadres des programmes sus-évoqués. Selon le témoin Bayolni, le
rapport de mission a été commandé sur hautes instructions du Président
de la République, à travers le Consupé. L’audience a été renvoyée au 25
juillet 2012 pour continuation d’audition du témoin.
Scdp / Nguini Effa
Le ministère public fait trainer le procès
Il n’a pas produit le témoin durant l’affaire scdp contre Nguini Effa qui se tenait hier au tribunal de grande instance.
Renvoyée à la demande de la partie
civile pour faire citer son témoin, l’affaire Scdp contre Nguini Effa et
compagnies a été renvoyée au 20 juillet 2012 prochain. Comme raison du
renvoie évoquée, le juge de la collégialité a déclaré que le ministère
public n’a pas produit de témoin. Par conséquent, l’affaire doit être
renvoyée. «Le témoin du ministère publique n’étant pas manifestement là,
nous allons renvoyée l’affaire au 20 juillet 2012» à déclaré le juge en
plein séance.
L’affaire qui s’est ouverte hier aux
environs de 18h02 minutes n’a duré que le temps de son renvoi. A peine
10 minutes. Pourtant, les inculpés à savoir Jean-Baptiste de La salle
Nguini Effa (ex directeur général de la Société camerounaise des dépôts
pétroliers en abrégé Scdp), Jean Onana Adzi (directeur administratif et
financier), Théodore Guillaume Toko Dikongué (responsable développement à
Yaoundé), Kisito Bogne Ondoua (chef de cabinet) et Jean Beautemps
Mackongo Guéyé (ex directeur administratif et comptable, reconverti en
expert comptable et Marc Thierry Etoundi chef service de la trésorerie
et du recouvrement au moment des faits ont passé toute la journée à
attendre. Un renvoie relativisé par l’ex directeur de la Scdp qui est
apparu très dégagé à la sortie du procès.
Dans cette affaire qui oppose l’ancien
directeur général de la scdp et compagnie à l’entreprise qu’ils ont
dirigé, ce derniers sont accusés d’un détournement en coaction de près
de 900 millions Fcfa.