Opération Epervier: Les 21 nouvelles cellules du SED sont disponibles et attendent leurs «clients»
Yaoundé, 25 Novembre 2013
© Mamouda Labaran | La Météo
Les choses sont allées très vite, dans l'enceinte du Secrétariat d'Etat à la Défense (Sed) et non moins annexe de la prison centrale de Yaoundé-Kondengui.
Le 29 août 2013, La Météo indiquait déjà que «21 cellules VIP (...) seront livrées d'ici à la fin d'année». Nous expliquions alors que l'épithète «VIP» était dû au fait que ces cachots intègrent un minimum de confort: espace plus grand et électrifié, douche moderne, prise de courant, etc. Votre journal insistait, précisant que l'agrandissement de la capacité d'accueil de cette structure de détention augurait d'un nouveau printemps de l'opération d'assainissement des mœurs publiques, baptisée «Opération épervier».
Et La Météo se devait de repartir à la source, pour le «follow up» des travaux lancés en procédure accélérée. Eh bien, nous sommes aujourd'hui en mesure d'affirmer que le chantier d'agrandissement du bagne annexe de la capitale est rendu à sa phase des finitions, qui elle-même est appelée à s'accélérer. C'est donc dire que l'infrastructure sera livrée dans les tous prochains jours. Et qui dit nouvelles cellules dit nouveaux locataires, et donc nouveaux prisonniers.
Les travaux d'achèvement des cellules du Sed interviennent en effet à une période charnière de l'«Opération épervier», que beaucoup disent en bout de course et qui, pourtant et selon des sources dignes de foi, est appelée à prendre un nouvel envol. «Au moins dix dossiers peuvent être considérés comme à un stade très avancé au niveau de l'instruction», souffle un responsable du Tribunal criminel spécial (Tcs), sous le sceau de l'anonymat. Il en est de même des procédures menées au niveau de l'Agence nationale des investigations financières (Anif), de la Commission nationale anti-corruption (Conac) ou encore des services de police judiciaire (Pj).
Et la plupart, sinon tous ces dossiers concernent des gestionnaires de crédits en délicatesse avec les fonds publics. A ceci s'ajoute l'imminence d'une réorganisation gouvernementale de l'équipe (certains ministres débarqués seront face au Tcs pour leur indélicatesse avec l'argent public) et, semble-t-il, d'une valse annoncée de dirigeants d'entreprises publiques et parapubliques, eux aussi menacés par les impitoyables serres de l'oiseau. En son temps, La Météo s'était essayée à un recensement d'éventuels nouveaux «clients» du Sed, et certains reviennent aujourd'hui avec récurrence.
Dans la ligne de mire, l'on trouve entre autres, les noms du directeur général de la Camwater, Jean Williams Sollo, celui de la Camtel David Nkoto Emane (détournement de fonds publics), Dg de l'Art Jean Louis Beh Mengue (scandale de la construction de l'immeuble siège), l'ancien Dg de la Maetur André Mama Fouda (scandale foncier de Ntoungou-Golf à Yaoundé), Dg de l'Autorité aéronautique, Pierre Tankam (contrats de recouvrement des arriérés dus à la Camair), Dg des Adc, Jean Owona Assoumou (marchés fictifs et surfacturations), Dg de la Camship René Bayen (marchés fictifs et délits d'initié), de l'ex-ministre des Finances Essimi Menye (dossier Amity Bank), l'ancien ministre de la Communication, Jacques Fame Ndongo (affaire arrimage Crtv au satellite), le Mintp Patrice Amba Salla (corruption dans l'attribution des marchés, marchés fictifs), l'ancien ministre des Transports John Begheni Ndeh (affaire de l'acquisition de l'aéronef présidentiel), ou encore Emmanuel Etoundi Oyono du Port autonome de Douala dans l'affaire du faux document qui l'oppose à l'Etat du Cameroun ( seule exception qui ne rentre pas dans le cadre de l'opération Epervier).
Limogeages
Mais, on sait aussi que, selon des pratiques jamais démenties sous nos cieux, le Président Biya n'a jamais souhaité l'interpellation de l'un de ses collaborateurs en fonction. Chez les membres du gouvernement, le limogeage précède généralement l'arrestation. Ce fut quasi simultané le 24 février 2006 pour Alphonse Siyam Siwé (Eau et Energie), pendant que la justice avait fait durer le suspens pour d'autres. C'est souvent la même situation pour les directeurs généraux, à l'exception notable de Mohammed Iya (Société de développement du coton, Sodecoton), dont il a fallu attendre qu'il soit conduit à la prison centrale de Yaoundé, avant de se voir remplacé par un décret présidentiel. Le Chef de l'Etat qui effectue une visite en France du 3 au 10 décembre prochain, va-t-il lâcher la bombe avant son départ ? Rien n'est moins sûr.
Particulièrement à la Cameroon Water Utilities (Camwater), ce scénario se précise d'autant plus vite que son directeur général, Jean Williams Sollo, vient d'être sérieusement secoué par un interrogatoire du colonel Ahmadou Dahogobiri, chef de service central des recherches judiciaires au Sed. L'ancien pilleur de l'Onadef est questionné sur des règlements de prestations de services d'un montant total de 350 millions de francs CFA octroyés à plusieurs présumées entreprises en l'espace de 5 mois. Or, ainsi que l'a rapporté La Météo dans sa dernière édition, ces fonds ont curieusement atterri dans un compte dormant appartenant à un tiers.
Et les conclusions de l'Anif (Agence nationale d'investigation financière), qui y voit un détournement de deniers publics, peuvent rarement être contredites par les résultats des auditions du Sed. On rappelle que Sollo est déjà accusé d'avoir avancé quelque 15 millions de francs, représentant la moitié du règlement d'une prétendue insertion publicitaire dans un journal virtuel de la place, pour un prétendu publi-reportage à la gloire de «Chantal Biya et ses grandes réalisations». Il est aussi sur des braises ardentes concernant les 118 millions de francs gracieusement offerts à un beau-frère magistrat, sous couvert de «consultations» à Camwater.
Sans oublier l'histoire d'achat d'un terrain fictif au quartier dit Etetak, à Yaoundé, destiné à la construction de l'immeuble siège de la Camwater, et qui a vu M. Sollo dilapider près de 100 millions de nos francs, et pour laquelle il avait déjà été également entendu au Sed. Aujourd'hui, il n'y a toujours ni terrain, ni argent, ni même un titre foncier. L'étau se resserre vraiment autour du directeur général de la Camwater.
© Mamouda Labaran | La Météo
Les choses sont allées très vite, dans l'enceinte du Secrétariat d'Etat à la Défense (Sed) et non moins annexe de la prison centrale de Yaoundé-Kondengui.
Le 29 août 2013, La Météo indiquait déjà que «21 cellules VIP (...) seront livrées d'ici à la fin d'année». Nous expliquions alors que l'épithète «VIP» était dû au fait que ces cachots intègrent un minimum de confort: espace plus grand et électrifié, douche moderne, prise de courant, etc. Votre journal insistait, précisant que l'agrandissement de la capacité d'accueil de cette structure de détention augurait d'un nouveau printemps de l'opération d'assainissement des mœurs publiques, baptisée «Opération épervier».
Et La Météo se devait de repartir à la source, pour le «follow up» des travaux lancés en procédure accélérée. Eh bien, nous sommes aujourd'hui en mesure d'affirmer que le chantier d'agrandissement du bagne annexe de la capitale est rendu à sa phase des finitions, qui elle-même est appelée à s'accélérer. C'est donc dire que l'infrastructure sera livrée dans les tous prochains jours. Et qui dit nouvelles cellules dit nouveaux locataires, et donc nouveaux prisonniers.
Les travaux d'achèvement des cellules du Sed interviennent en effet à une période charnière de l'«Opération épervier», que beaucoup disent en bout de course et qui, pourtant et selon des sources dignes de foi, est appelée à prendre un nouvel envol. «Au moins dix dossiers peuvent être considérés comme à un stade très avancé au niveau de l'instruction», souffle un responsable du Tribunal criminel spécial (Tcs), sous le sceau de l'anonymat. Il en est de même des procédures menées au niveau de l'Agence nationale des investigations financières (Anif), de la Commission nationale anti-corruption (Conac) ou encore des services de police judiciaire (Pj).
Et la plupart, sinon tous ces dossiers concernent des gestionnaires de crédits en délicatesse avec les fonds publics. A ceci s'ajoute l'imminence d'une réorganisation gouvernementale de l'équipe (certains ministres débarqués seront face au Tcs pour leur indélicatesse avec l'argent public) et, semble-t-il, d'une valse annoncée de dirigeants d'entreprises publiques et parapubliques, eux aussi menacés par les impitoyables serres de l'oiseau. En son temps, La Météo s'était essayée à un recensement d'éventuels nouveaux «clients» du Sed, et certains reviennent aujourd'hui avec récurrence.
Dans la ligne de mire, l'on trouve entre autres, les noms du directeur général de la Camwater, Jean Williams Sollo, celui de la Camtel David Nkoto Emane (détournement de fonds publics), Dg de l'Art Jean Louis Beh Mengue (scandale de la construction de l'immeuble siège), l'ancien Dg de la Maetur André Mama Fouda (scandale foncier de Ntoungou-Golf à Yaoundé), Dg de l'Autorité aéronautique, Pierre Tankam (contrats de recouvrement des arriérés dus à la Camair), Dg des Adc, Jean Owona Assoumou (marchés fictifs et surfacturations), Dg de la Camship René Bayen (marchés fictifs et délits d'initié), de l'ex-ministre des Finances Essimi Menye (dossier Amity Bank), l'ancien ministre de la Communication, Jacques Fame Ndongo (affaire arrimage Crtv au satellite), le Mintp Patrice Amba Salla (corruption dans l'attribution des marchés, marchés fictifs), l'ancien ministre des Transports John Begheni Ndeh (affaire de l'acquisition de l'aéronef présidentiel), ou encore Emmanuel Etoundi Oyono du Port autonome de Douala dans l'affaire du faux document qui l'oppose à l'Etat du Cameroun ( seule exception qui ne rentre pas dans le cadre de l'opération Epervier).
Limogeages
Mais, on sait aussi que, selon des pratiques jamais démenties sous nos cieux, le Président Biya n'a jamais souhaité l'interpellation de l'un de ses collaborateurs en fonction. Chez les membres du gouvernement, le limogeage précède généralement l'arrestation. Ce fut quasi simultané le 24 février 2006 pour Alphonse Siyam Siwé (Eau et Energie), pendant que la justice avait fait durer le suspens pour d'autres. C'est souvent la même situation pour les directeurs généraux, à l'exception notable de Mohammed Iya (Société de développement du coton, Sodecoton), dont il a fallu attendre qu'il soit conduit à la prison centrale de Yaoundé, avant de se voir remplacé par un décret présidentiel. Le Chef de l'Etat qui effectue une visite en France du 3 au 10 décembre prochain, va-t-il lâcher la bombe avant son départ ? Rien n'est moins sûr.
Particulièrement à la Cameroon Water Utilities (Camwater), ce scénario se précise d'autant plus vite que son directeur général, Jean Williams Sollo, vient d'être sérieusement secoué par un interrogatoire du colonel Ahmadou Dahogobiri, chef de service central des recherches judiciaires au Sed. L'ancien pilleur de l'Onadef est questionné sur des règlements de prestations de services d'un montant total de 350 millions de francs CFA octroyés à plusieurs présumées entreprises en l'espace de 5 mois. Or, ainsi que l'a rapporté La Météo dans sa dernière édition, ces fonds ont curieusement atterri dans un compte dormant appartenant à un tiers.
Et les conclusions de l'Anif (Agence nationale d'investigation financière), qui y voit un détournement de deniers publics, peuvent rarement être contredites par les résultats des auditions du Sed. On rappelle que Sollo est déjà accusé d'avoir avancé quelque 15 millions de francs, représentant la moitié du règlement d'une prétendue insertion publicitaire dans un journal virtuel de la place, pour un prétendu publi-reportage à la gloire de «Chantal Biya et ses grandes réalisations». Il est aussi sur des braises ardentes concernant les 118 millions de francs gracieusement offerts à un beau-frère magistrat, sous couvert de «consultations» à Camwater.
Sans oublier l'histoire d'achat d'un terrain fictif au quartier dit Etetak, à Yaoundé, destiné à la construction de l'immeuble siège de la Camwater, et qui a vu M. Sollo dilapider près de 100 millions de nos francs, et pour laquelle il avait déjà été également entendu au Sed. Aujourd'hui, il n'y a toujours ni terrain, ni argent, ni même un titre foncier. L'étau se resserre vraiment autour du directeur général de la Camwater.