Opération Épervier: L'arrestation de Marafa provoque le mécontentement au Nord
YAOUNDÉ - 24 Avril 2012
© Georges Alain Boyomo | Mutations
Les services spéciaux sont aux trousses de Moctar Oumarou alors que le président départemental du Cnjc lance à un appel à l’apaisement à Garoua
Youssoufa Daoua, le maire de la commune de Garoua Ier et Saliou Muller, le président de la section Rdpc Bénoué Centre 2, n’ont pas été privés de la liberté d’aller et de venir, pas plus qu’ils n’ont été entendus par la police après le boycott de la cérémonie d’installation du gouverneur de la région du Nord, Joseph Otto Wilson, le 17 avril dernier. Contactés hier en mi-journée par Mutations, ces deux responsables du parti au pouvoir, à qui l’on prête des relations très étroites avec Marafa Hamidou Yaya, se sont montrées agacées à l’évocation de la nouvelle faisant état de leur audition dans les services spéciaux, avant de démentir l’information.
Cela dit, selon le témoignage d’un habitant de la ville de Garoua recueilli hier, «les populations vaquent paisiblement à leurs occupations» dans la capitale régionale du Nord. Une situation qui n’enlève rien à l’électricité qui plane dans l’air depuis la dissémination des tracts dans le fief de l’ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, incarcéré à Kondengui le 16 avril dernier. Toute chose qui a mis les forces de l’ordre, en poste à Garoua, en état d’alerte. D’ailleurs, des quartiers entiers de cette agglomération urbaine, présentés comme des foyers potentiels de révolte, auraient été, d’après des indiscrétions fiables, infiltrés par des agents de renseignement.
De fait, sur les tracts en circulation, l’on peut lire: « stop… la population du septentrion déclare: nous disons non à la manipulation de la justice, nous disons non à l’arbitraire, nous disons non à l’instrumentalisation de la justice, nous disons non à l’imposture, nous disons non aux règlements de comptes par la justice, nous disons non à l’épuration politique aux profit des intérêts partisans à travers la justice, nous soutenons totalement notre fils dans cette opération à tête chercheuse qu’est l’opération épervier, nous sommes prêts à nous battre pour la manifestation de la vérité, nous disons stop à l’acharnement politique dont font face certaines de nos élites, nous donnerons de notre sang s’il le faut, nous en avons marre d’être à la solde d’un groupe d’individus tapis dans l’ombre tirant des ficelles à des fins égoïstes».
A la recherche des cerveaux des manifestations annoncées, les services spéciaux n’auraient pas hésité à «traquer» Moctar Oumarou, le président départemental du conseil national de la jeunesse du Cameroun pour la Bénoué qui a eu «l’audace» de signer dans les colonnes du quotidien Le Messager «le divorce entre les populations du grand Nord et le régime» de Yaoundé. «Biya s’acharne sur les nordistes. Le combat commence (…). Nous voyons en lui [Marafa] un nouveau Mandela, un nouvel héros», avait pesté Moctar Oumarou.
Sous la pression de la Dgre (direction générale de la recherche extérieure), cet ancien militant du Front pour le salut national du Cameroun [le parti d’Issa Tchiroma Bakary], qui a organisé le «retour triomphal» de Marafa à Garoua, le 9 février 2012, s’est, de manière spectaculaire, rétracté le week-end dernier; privilégiant désormais la logique de l’apaisement. C’est sans doute dans le fil de cette nouvelle posture que le téléphone de l’intéressé nous renvoyait systématiquement hier à la messagerie vocale. Le spectre des troubles à l’ordre public est-il pour autant éradiquer dans la ville de Garoua ? Non, répondent des observateurs avertis de la scène politique du coin: «Un certain nombre de chefs traditionnels locaux, qui étaient bien entretenus par Marafa, du temps où il était en fonction, gardent l’arrestation de ce dernier en travers de la gorge. Lorsqu’on sait le pouvoir de ces autorités sur les populations au Nord, on ne peut objectivement rien exclure».
© Georges Alain Boyomo | Mutations
Les services spéciaux sont aux trousses de Moctar Oumarou alors que le président départemental du Cnjc lance à un appel à l’apaisement à Garoua
Youssoufa Daoua, le maire de la commune de Garoua Ier et Saliou Muller, le président de la section Rdpc Bénoué Centre 2, n’ont pas été privés de la liberté d’aller et de venir, pas plus qu’ils n’ont été entendus par la police après le boycott de la cérémonie d’installation du gouverneur de la région du Nord, Joseph Otto Wilson, le 17 avril dernier. Contactés hier en mi-journée par Mutations, ces deux responsables du parti au pouvoir, à qui l’on prête des relations très étroites avec Marafa Hamidou Yaya, se sont montrées agacées à l’évocation de la nouvelle faisant état de leur audition dans les services spéciaux, avant de démentir l’information.
Cela dit, selon le témoignage d’un habitant de la ville de Garoua recueilli hier, «les populations vaquent paisiblement à leurs occupations» dans la capitale régionale du Nord. Une situation qui n’enlève rien à l’électricité qui plane dans l’air depuis la dissémination des tracts dans le fief de l’ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, incarcéré à Kondengui le 16 avril dernier. Toute chose qui a mis les forces de l’ordre, en poste à Garoua, en état d’alerte. D’ailleurs, des quartiers entiers de cette agglomération urbaine, présentés comme des foyers potentiels de révolte, auraient été, d’après des indiscrétions fiables, infiltrés par des agents de renseignement.
De fait, sur les tracts en circulation, l’on peut lire: « stop… la population du septentrion déclare: nous disons non à la manipulation de la justice, nous disons non à l’arbitraire, nous disons non à l’instrumentalisation de la justice, nous disons non à l’imposture, nous disons non aux règlements de comptes par la justice, nous disons non à l’épuration politique aux profit des intérêts partisans à travers la justice, nous soutenons totalement notre fils dans cette opération à tête chercheuse qu’est l’opération épervier, nous sommes prêts à nous battre pour la manifestation de la vérité, nous disons stop à l’acharnement politique dont font face certaines de nos élites, nous donnerons de notre sang s’il le faut, nous en avons marre d’être à la solde d’un groupe d’individus tapis dans l’ombre tirant des ficelles à des fins égoïstes».
A la recherche des cerveaux des manifestations annoncées, les services spéciaux n’auraient pas hésité à «traquer» Moctar Oumarou, le président départemental du conseil national de la jeunesse du Cameroun pour la Bénoué qui a eu «l’audace» de signer dans les colonnes du quotidien Le Messager «le divorce entre les populations du grand Nord et le régime» de Yaoundé. «Biya s’acharne sur les nordistes. Le combat commence (…). Nous voyons en lui [Marafa] un nouveau Mandela, un nouvel héros», avait pesté Moctar Oumarou.
Sous la pression de la Dgre (direction générale de la recherche extérieure), cet ancien militant du Front pour le salut national du Cameroun [le parti d’Issa Tchiroma Bakary], qui a organisé le «retour triomphal» de Marafa à Garoua, le 9 février 2012, s’est, de manière spectaculaire, rétracté le week-end dernier; privilégiant désormais la logique de l’apaisement. C’est sans doute dans le fil de cette nouvelle posture que le téléphone de l’intéressé nous renvoyait systématiquement hier à la messagerie vocale. Le spectre des troubles à l’ordre public est-il pour autant éradiquer dans la ville de Garoua ? Non, répondent des observateurs avertis de la scène politique du coin: «Un certain nombre de chefs traditionnels locaux, qui étaient bien entretenus par Marafa, du temps où il était en fonction, gardent l’arrestation de ce dernier en travers de la gorge. Lorsqu’on sait le pouvoir de ces autorités sur les populations au Nord, on ne peut objectivement rien exclure».