Opération épervier : “Je suis très peiné pour le père Fotso”
Atangana Mebara-Yves-Michel Fotso : une brouille ancienne
L’ex-secrétaire général de la présidence de la République et l’ex-patron de la Camair entretiennent depuis plusieurs années des relations tendues.
Jeudi 8 décembre dernier. Palais de justice de Yaoundé centre administratif. Jean-Marie Atangana Mebara s’adresse à sœur aînée : « Je suis très peiné pour le père Fotso. Là, je parle en tant qu’un père et je peux te dire que ce n’est pas facile d’avoir son fils en prison. Je ne peux me réjouir que si je suis libéré et pas qu’un autre soit interpellé ». L’échange a lieu avant l’ouverture du procès de l’ex-secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr) et est capté par le reporter du Jour. M. Mebara dit, à mot couvert, ne pas se réjouir de l’interpellation de Yves-Michel Fotso mais affirme en même temps qu’il est « très peiné » pour le père. Quid du fils ? Lui qui a rejoint l’ex-Sgpr en prison le 1er décembre dernier.
A l’audience du 21 novembre déjà, moins de deux semaines avant l’interpellation de Yves-Michel Fotso, les avocats de Jean-Marie Atangana Mebara avaient dénoncé le traitement discriminatoire dont leur client était victime dans la procédure. Indiquant clairement qu’il n’était pas normal que nombre de personnes impliquées dans les dossiers pour lequel l’ex-Sgpr est jugé soient en liberté. Se profilait alors le souhait de voir Yves-Michel Fotso et d’autres personnalités, fortement soupçonnées dans cette affaire, de rejoindre les rangs des personnes déjà placées en détention préventive.
A l’audience du 2 décembre, pour accompagner les réponses formulées par le ministère public en rapport avec la discrimination dans la procédure, le président du tribunal Gilbert Schlik a rejeté toute idée de procès à tête chercheuse ajoutant ces paroles : « l’actualité donne raison au tribunal ». Allusion à l’arrestation, la veille, de l’ex-Adg de Camair. Le procès pour tentative et détournement de denier public lors de l’acquisition d’un avion présidentiel entre 2001 et 2004, mettant en cause l’ex-Sgpr et l’ex-Adg de la Camair cache mal une brouille entre les deux hommes. La lettre que Yves Michel Fotso adresse au chef de l’Etat le 22 octobre 2008 indiquant sa version des faits au sujet de l’acquisition d’un Boeing Business Jet II en donne la preuve. L’ex-Adg cite nommément l’ex-Sgpr : « GIA a (…) pu remplir assez honorablement son cahier de charges, bien avant de se mettre sous le couvert de la loi américaine sur les faillites en 2004. Le Boeing BBJ-II flambant neuf que la société s'était engagée à livrer à l'Etat du Cameroun l'a effectivement été. (…) Monsieur Jean-Marie Atangana Mebara, alors secrétaire général de la présidence de la République a clairement refusé de réceptionner définitivement le BBJ-II green, en novembre 2002. »
Yves-Michel Fotso ajoute : « Il est donc absolument inexact d'affirmer que GIA International n'a guère respecté son cahier de charges, encore moins que j'aurais failli à la mission qui m'avait été confiée à savoir la facilitation de l'acquisition d'un avion Boeing neuf pour les déplacements en toute sécurité du Président de la République. » Pour lui, la cause de l’échec ne fait l’objet d’aucun doute : « Seule la fourberie de certaines personnalités mal intentionnées qui ont trahi la confiance que le Chef de l'Etat leur avait accordé a bloqué l'issue heureuse de cette entreprise.»
Claude Tadjon