Operation Epervier: Haman Adama chez le juge d'instruction
YAOUNDE - 26 AVR. 2010 © N. D. | L'Anecdote | |
L'ancien ministre a été auditionné la semaine dernière sur certains éléments du dossier des détournements qui lui sont reprochés. |
Il était environ 10h jeudi de la semaine dernière lorsque Mme Haman Adama, drapée dans un tissu pagne, arborant un foulard, manifestement détendue et sourire aux bouts des lèvres, arrive devant le bureau du juge d'instruction Noah Joseph Vincent de Paul, sis au 1er étage du palais de justice de Yaoundé, centre administratif. Sous forte escorte conduite par un lieutenant de la gendarmerie, elle échange quelques civilités avec les responsables du secrétariat, avant de s'engouffrer dans le cabinet du juge. L'audition dure une trentaine de minutes, et c'est toujours très détendue qu'elle retrouve ses accompagnateurs pour le voyage retour vers son pénitencier.
Pour des curieux et autres fouineurs d'informations présents au Palais de justice à cet instant, rien n'a filtré de l'entretien entre le juge et la détenue. Sollicités pour en savoir un bout, aucun de ses avocats n'a accepté de répondre, prêtant le flanc à toutes sortes de supputations sur les raisons de cette audition. Pour quelques uns, il était question d'explorer avec le juge les conditions d'une mise en liberté provisoire.
Toutefois, de sources biens crédibles, le juge d'instruction, conformément à ses missions, a tout le loisir de convoquer un détenu afin d'être édifié sur les contours de son dossier. C'est manifestement la raison de la présence de l'ancien Minedub au Palais de justice la semaine dernière. Interpellée puis incarcérée le matin du 06 janvier 2010, elle a été déférée à la tristement célèbre prison de Kondengui deux jours plus tard. Dans la foulée, elle a été inculpée pour détournement de fonds et passation non conforme de marchés publics au ministère de l'Education de base pendant les exercices budgétaires 2005 et 2006, alors qu'elle était ministre. Première femme musulmane et originaire du grand Nord à être ainsi mise aux arrêts, son cas avait défrayé la chronique dans l'environnement de l'opération «Epervier». Proches du dossier et de la famille, d'aucuns avaient supputé la possibilité de rembourser la faramineuse somme de 2,6 milliards de FCFA contre sa libération, conformément à une disposition du code pénal et à une volonté non écrite des pouvoirs publics, tel qu'expliqué au cours d'une de ses sorties médiatiques par le ministre de la Communication.
Depuis lors, Mme le ministre digère stoïquement sa détention dans une cellule de la prison centrale de Kondengui. Quoi qu'il en soit, le passage de Mme Adama devant le juge d'instruction jeudi dernier participe de la préparation et de la mise en forme de son procès pénal, dans le délai de six mois renouvelable une fois, imparti par le nouveau code de procédure pénale au juge d'instruction.