Opération épervier : Enquête sur la bataille Laurent Esso et Amadou Ali

Cameroun - Opération épervier : Enquête sur la bataille Laurent Esso et Amadou AliAu coeur de l'affaire Francis Dooh Collins ces deux barons du régime s'affrontent.

En 2006, lorsque le chef de l’état, Paul Biya, confie la gestion de l’Opération épervier à Amadou Ali, l’un des premiers dossiers sur lequel le vice-premier ministre va s’appesantir, c’est celui de l’avion présidentiel. il est convaincu qu’une grande partie des hauts fonctionnaires de la République sont impliqués dans ce dossier. Le 16 septembre 2007, malgré l’opposition des américains, Amadou Ali signe deux lettres de mission confidentielles à Dooh Collins, «expert en intelligence économique vivant entre l'Europe et l'Afrique» pour tracer la fortune supposée de certaines pontes du régime.

Il lui ait remis une double liste jointe aux lettres de mission. Ces listes comportent des noms et photos de ces pontes du régime, dont, Laurent esso. Les résultats des «investigations» de Dooh Collins seront transmis au chef de l’etat. A ce moment, Amadou Ali est convaincu que le ministre de la Justice est impliqué dans l’affaire de l’avion présidentiel à travers le compte BeiTH Ltd (une société d’export-import appartenant à Yves-michel Fotso) logé à la Commercial Bank of Cameroon (Cbc), qui a reçu 16 millions de dollars sur les 31 millions de dollars déboursés par la société nationale des hydrocarbures (snh).

Certaines sources indiquent d’ailleurs qu’il avait été rapporté au garde des sceaux que BeiTH portait en fait les initiales des actionnaires de la société. L’on
aurait alors fait croire à Amadou Ali que la lettre B de BeiTH représente Benae ( Benae mpecke, ex-chef d’etat major particulier de la présidence de la République), la lettre «E» pour désigner Esso (Laurent Esso, ministre de la Justice), la lettre i, mise pour Inoni ( Inoni Ephraïm, ex-premier ministre), T comme Tchuindjang ( Claude Tchuindjang, particulier de Yves michel Fotso). Last but not least, la lettre H pour Hamidou. Tenez vous tranquille, Marafa Hamidou Yaya, ancien secrétaire général de la présidence de la République.

Toutefois, il n’a jamais été démontré que cette société appartenait aux personnalités dont on vient d’évoquer les noms. Le juge d’instruction, Pascal Magnaguemabé, dont la proximité avec amadou ali est un secret de polichinelle et qui a été suspendu récemment par le ministre de la Justice pour six mois, va d’ailleurs parler dans son ordonnance de renvoi de Marafa Hamidou , Jean-marie Atangana Mebara, et Yves michel Fotso devant le Tribunal de grande instance du mfoundi «de retraits d’importantes sommes d’argent dans le compte BEITH par des personnes non identifiées».

Pendant près de cinq ans, Laurent Esso ne livre publiquement aucune explication sur les accusations distillées contre sa personne. au contraire, il prend le temps de s’enquérir du dossier. il va à cet effet recevoir des piles de documents de l’ancien directeur général de la Camair, Yves michel Fotso, dont certains directement adressés au chef de l’etat. Lorsqu’Yves michel Fotso est finalement arrêté, Laurent esso se rend compte qu’il a été courcicuité par son « adversaire ». Car, l’arrestation de l’ancien directeur général de la Camair intervient la première semaine du mois de décembre 2010, lorsqu’il est hospitalisé à Paris. Ironie du sort. A l’occasion de la formation du gouvernement du 9 octobre 2011, Laurent Esso remplace Amadou Ali au ministère de la Justice.

Certaines sources indiquent que sur sa table, il aurait découvert son propre dossier. a la chancellerie, premier acte, d’un règlement de compte, il retire dans un premier temps les dossiers de l’epervier au juge d’instruction, Pascal Magnaguemabé, puis le suspend quelques mois plus tard. Laurent esso sait que le magistrat le plus célèbre de l’Opération épervier doit son ascension dans la magistrature à amadou ali et qu’au cours de ses investigations, le juge d’instruction a largement eu recours à Dooh Collins.

Opj

Lorsque la presse locale s’empare de l’affaire des 880 millions de Fcfa, Laurent Esso y voit une nouvelle opportunité. il instruit discrètement au procureur de la République près le Tcs de s’y intéresser. C’est alors que emile Zephirin ntsoga émet un mandat d’amener contre Françis Dooh Collins. mais ni la police judiciaire, ni la gendarmerie ne s’exécutent. Dans une correspondance du 17 avril adressée au ministre de la Justice, pour rendre compte de ce qu’il désigne comme «Affaire Francis Théodore Ebosse alias Dooh Collins», il écrit : «Par ma dépêche de ce jour, j’ai demandé au Chef du Service Central des Recherches Judiciaires de la Gendarmerie Nationale, et au Directeur de la Police Judiciaire de me faire connaître l'état d'exécution de mes instructions dans l'affaire citée en objet».

Personne ne s’est exécuté. D’après des sources proches du dossier, Dooh Collins a d’ailleurs rencontré amadou ali, qui l’a rassuré que rien n’arrivera. mais au-delà de amadou ali, Dooh Collins entretient des amitiés avec le délégué général à la sûreté nationale, martin mbarga nguelé et René emmanuel sadi, ministre de l’administration territoriale. D’après nos informations, pour reprendre les affaires en main, Laurent Esso a recueilli l’arbitrage du chef de l’etat.

Le ministre de la Justice a à cet effet proposé à Paul Biya la création d’une unité spéciale d’officiers de police judiciaire au Tribunal criminel spécial, désormais connu sous l’appellation «Corps» et qui ne répondent, ni de la gendarmerie ou de la police, mais du procureur. L’article 7 alinéa 5 du texte signé vendredi dernier stipule que les Opj doivent exécuter «toutes les missions qui leurs sont confiées par le procureur général près le tribunal criminel spécial».

© Mutations : Boris Bertolt


22/05/2013
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