Opération Epervier : Emmanuel Edou chez Amadou Ali


C’était vendredi dernier 16 juillet 2010, entre 15h et 20h. Tout porte à croire que le rapace va bientôt ressortir ses serres. Alors que nous sommes entrain de faire le balai par rapport au cambriolage perpétré dans le cabinet du ministre des Finances dans la nuit du 15 au 16 juillet dernier, voilà qu’un cortège du Délégué général à la Sûreté nationale arrive au ministère de la Justice. Ce qui ne peut qu’aiguiser la curiosité d’un journaliste en reportage. Il n’est pas possible de percer le mystère. Tellement les gens sont réservés de ce côté-là.

Néanmoins, nous allons attendre la sortie du patron de la police camerounaise chez Amadou Ali, l’homme qui ne cesse de donner du tournis aux prévaricateurs de la fortune nationale. Selon certaines indiscrétions, la concertation entre les deux membres du gouvernement aurait porté sur la lutte contre la corruption et les détournements des deniers publics. Ce d’autant plus que le 15 juin dernier, à l’ouverture du deuxième séminaire régional annuel sur la corruption en Afrique, le vice-Pm, ministre de la Justice, avait fait savoir que la lutte contre la corruption et les détournements des fonds publics allait s’accélérer avec la fin de l’information judiciaire d’une cinquantaine de dossiers. Il ne serait donc pas surprenant que l’opération Epervier reprenne de plus belle. Surtout que pour donner du sang neuf à son gouvernement, ce qui est d’ailleurs imminent, le chef de l’Etat entendrait se débarrasser dans les prochains jours des brebis galeuses traînant beaucoup de casseroles.

 

Les serres déjà aiguisées

Et ce ne serait pas la première fois que l’on verrait des gestionnaires indélicats débarqués puis mis à la disposition de la justice. Pour le moins, un remaniement ministériel est en vue. La visite d’Emmanuel Edou au vice-Pm chargé de la Justice, n’était pas du tout ordinaire. Des hommes mal lotis, on cite le cas du ministre des Relations extérieures, Henri Eyébé Ayissi qui, pour une affaire de passeport diplomatique remis à une dame que nous taisons volontairement le nom, embarrasserait le chef de l’Etat. Ce dernier, à en croire nos sources, aurait voulu, au fort de l’affaire Bibi Ngota, lui confié le prestigieux poste de secrétaire général à la présidence de la République. Ils sont d’ailleurs nombreux, ces ministres et autres directeurs généraux de sociétés d’Etat, qui ne pourront pas échapper cette fois à la guillotine de Paul Biya. Entre autres, il est cité les ministres Louis Bapès Bapès des Enseignements secondaires, Jacques Fame Ndongo de l’Enseignement supérieur, Bernard Messengué Avom des Travaux publics. Dans le casier des directeurs généraux, l’épervier pourrait y cueillir de nombreuses proies. L’on n’omet pas de mentionner les principaux acteurs de l’affaire Albatros que sont l’ancien premier ministre Thomas Ephraïm Inoni, l’homme d’affaire Yves Michel Fotso et l’actuel ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya.  Une chose est certaine, des têtes vont encore tomber. Et le retour du chef de l’Etat est attendu pour un éventuel déclenchement de limogeage et d’arrestations.

 

Cambriolage aux Finances

Quant au cambriolage survenu au cabinet du ministre des Finances, c’est la secrétaire qui découvre la forfaiture aux environs de 9h ce vendredi 16 juillet 2010. « Après s’être installée derrière son bureau, elle se rend compte que la porte du bureau du boss est ouverte. Prise de panique, elle appelle les plus proches collaborateurs du ministre », déclare un agent dans les couloirs du 5e étage de l’immeuble abritant les services du ministère des Finances. Sur les lieux, le secrétaire particulier d’Essimi Menye est tout à fait bouleversé : « qu’est-ce que je vais dire ? Il y avait des centaines de millions dans ce bureau ». L’on comprend bien son anxiété car, il n’a pas encore fait plus d’un an à ce poste, après le départ du précédent, débarqué pour des raisons d’inconvenance que le ministre des Finances maîtrise plus que quiconque. La curiosité dans cet acte de grand banditisme, c’est qu’il n’y a pas eu effraction. Aucune porte n'a été forcée. « Ce ministère est très compliqué. Même quand tu es posté à une entrée, on viendra te dire le lendemain qu’on a volé dans tel ou tel bureau. Et dans tout cela, ce sont les agents de sécurité qui paient le prix fort alors que les véritables coupables sont tapis dans l’ombre. Ce ministère est mystique », éclaire un vigile ayant travaillé dans ce département ministériel.

Plus grave, comment les cambrioleurs ont-ils réussi à franchir toutes les barrières de sécurité existantes dans ce département ministériel pour arriver au cœur de l’argenterie nationale. Même si cette interrogation risquerait ne pas trouver de réponses, il est indéniable qu’il s’agit là d’un coup controuvé. Affaire à suivre.

 

Jean-Pierre Bitongo



19/07/2010
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