Opération Epervier: Des nouvelles révélations sur l’avion présidentiel
YAOUNDE - 29 MAI 2012
© BORIS BERTOLT | Mutations
Elles sont contenues dans une correspondance de Boeing à l'ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis en septembre 2003.
© BORIS BERTOLT | Mutations
Elles sont contenues dans une correspondance de Boeing à l'ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis en septembre 2003.
A mesure que les jours passent, de
nouveaux éléments permettent de voir plus clair dans le processus
foireux d'achat de l'avion présidentiel. Un processus pour lequel Yves Michel Fotso, ancien administrateur directeur général de la Camair, Marafa Hamidou Yaya, ancien Sgpr, Jean Marie Atangana Mebara,
ancien secrétaire général à la présidence de la République, sont tous
en détention. Les uns au Secrétariat d'Etat à la Défense (Marafa et
Fotso) et Atangana Mebara à Kondengui.
Dans une lettre dont Mutations a pu se procurer copie, le confectionneur de l'avion, Boeing avait écrit à l'ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis, Jérôme Mendouga, le 4 septembre 2003, afin de lui faire le point sur la procédure d'achat d'un avion présidentiel Vip. Ceci après une visite du colonel Mitlassou Justin, à l'époque chef service des déplacements présidentiels à l'état-major particulier du président de la République, de hauts responsables de la Camair et de l'Autorité aéronautique du Cameroun à Victor Ville en Californie. Cette visite, qui s'est déroulée du 9 au 19 août 2003, ne portait pas sur l'achat du BBJ-II, mais pour la location d'un Boeing 767-200 Vip (connu sous l'appellation Albatros), en attendant la fabrication d'un avion présidentiel proprement dit immatriculé 767-300Vip. Dans sa lettre adressée à Jérôme Mendouga, aujourd'hui écroué à la Prison centrale de Kondengui à Yaoundé, Boeing mettait déjà en garde le gouvernement du Cameroun sur la confusion et la complexité qui entachait la procédure en cours. L'entreprise américaine qui avait été contactée pour le BBJ-2, pour un 767-300Vip, puis pour la location d'un 767-200Vip, tout cela en moins de deux ans, parle dans sa correspondance «d'activités conflictuelles et séparées». Colonel Mitlassou Elle souligne par ailleurs ne pas avoir eu des «indications claires sur les intentions du gouvernement du Cameroun.» Dès le début de la correspondance, Boeing trouve troublant le fait que le gouvernement camerounais ait pu envoyer deux équipes séparées pour se procurer un business Jet-Vip pour les voyages présidentiels au Cameroun. Confuse, Boeing donne jusqu'au 8 septembre 2003 au gouvernement du Cameroun pour que celui-ci manifeste sa volonté de procéder à la location de «L'Albatros». A défaut, elle annonce son intention de remettre l'avion sur le marché, afin de donner l'opportunité à d'autres parties de procéder à sa location. D'après Jean Marie Atangana Mebara, dans son ouvrage, Lettre d'ailleurs, au retour de la mission, le colonel Mitlassou lui remet le 20 août 2003 une fiche technique sur laquelle il est mentionné: «l'avis technique de la dite commission est favorable à l'acquisition de l'Albatros». Dans sa version des faits sur l'achat de l'avion présidentiel contenu dans sa troisième lettre, Marafa Hamidou Yaya s'interroge: Pourquoi avoir décidé d'acquérir un Boeing 767-300 Vip en lieu et place du Bbj-2 déjà fabriqué? Une interrogation que l'entreprise Boeing soulève elle-même en toile de fond dans sa lettre, à l'ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis. Jean Marie Atangana Mebara a sa petite idée à ce sujet. Il affirme en effet, toujours dans «Lettres d'ailleurs» qu' «ayant ainsi renoncé, au moins provisoirement à l'acquisition d'un nouvel avion neuf le chef de l'Etat (Paul Biya) instruit de voir avec Boeing la possibilité que cette firme puisse donner au Cameroun, en location longue durée, entre deux et trois ans, un avion en attendant l'atteinte du point d'achèvement». Il poursuit en soulignant: «Le BB J-2 n'a pas pu être livré, en avril 2002, simplement parce que le financement n'a pas pu être bouclé par Gia; et je puis ajouter, parce que le gouvernement n'a pas eu la bonne information à temps, pour une autre réaction appropriée». |
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