Incarcérée depuis le 6 janvier 2010, l’ancienne Minedub, n’a pas encore été officiellement notifiée des faits qui lui sont reprochés.Au quartier 5 de la prison centrale de Kondengui à Yaoundé, une dame est considérée comme « la mère » des lieux. Non pas pour sa longévité dans ce milieu carcéral, mais parce qu’elle est à l’écoute de nombreux détenus. Elle aide à la fois, raconte-t-on, hommes et femmes qui viennent à solliciter son aide. Cette femme, c’est l’ancienne ministre de l’Education de base (Minedub) Haman Adama. Originaire de Garoua, elle est incarcérée dans cette prison depuis le 6 janvier 2010.
Le drame de son histoire c’est qu’elle n’est même
pas encore notifiée des charges qui pèsent contre elle. D’après nos
informations, son affaire se trouvait encore devant la cour de cassation
de la Cour suprême avant l’entrée en vigueur du tribunal criminel
spécial. Arrêté pour détournement de près d’un milliard Fcfa, le juge
d’instruction a ramené l’enveloppe à près de 100 millions de Fcfa. Le
parquet a interjeté appel. Les juges ont à nouveau confirmé en appel la
somme de 100 millions de Fcfa. Malgré ce nouveau jugement, le parquet a,
à nouveau, déposé un recours devant la cour de cassation de la Cour
suprême.
D’après nos sources, les charges qui pèsent contre elle portent sur des
marchés publics liés à la gestion du paquet minimum, censé garantir la
gratuité de l’enseignement primaire. A ces faits, s’ajoute également la
gestion des projets et programmes financés sur ressources Ppte.
Notamment le dossier des instituteurs vacataires, et les frais de
mission payés par le Minedub pour les exercices 2005 et 2006. Nul doute
que le tribunal criminel spécial entré en vigueur le 16 octobre dernier
viendra accélérer le sort de cette femme dont certaines langues
justifient son arrestation par la volonté du président de la République
d’instaurer un minimum d’équilibre régional dans l’Opération épervier.
C’est au petit matin du 06 janvier 2010, que Haman Adama a été cueillie à sa résidence du quartier du lac par les éléments du Groupement spécial d’opérations (Gso). Cette ancienne maîtresse d’école s’y attendait quelque peu. Car lorsqu’elle est sortie du gouvernement le 30 juin 2009, elle avait déjà été entendue par la police judiciaire. Selon plusieurs indications, les preuves qui pouvaient accabler l’ancienne Minedub n’étaient pas encore clairement établies au moment de son arrestation.
En effet, nous avons appris que deux semaines
après son arrestation, des enquêteurs de la police judiciaire ont
atterri à son domicile de Garoua sis au quartier Marouaré et ont emporté
une pile de documents. C’était déjà le cas deux jours avant son
arrestation alors que Mme Adama se trouvait à Yaoundé. Ce qui ne
semblait pas l’inquiéter, outre mesure vu qu’elle avait déjà été
entendue à plusieurs reprises par la police judiciaire.
Ainsi donc, jusqu’à la dernière minute, alors que la presse annonçait
son arrestation, elle a cru qu’elle pouvait y échapper. Après sa sortie
du gouvernement, elle a consacré ses activités au sein de l’organisation
des femmes du Rassemblement des démocratique du peuple camerounais
(Rdpc). A titre d’exemple, la veille de son arrestation, elle a eu des
entretiens avec le prédécesseur de Jean Nkueté à la tête du comité
central du Rdpc, René Emmanuel Sadi. Elle a également pris langue avec
l’ancien ministre de la Justice, Amadou Ali qui l’appelle
affectueusement «petite sœur», sans que cela ne lui épargne un détour
par les geôles de Kondengui.
C’était mal connaître les usages de l’Opération épervier en matière d’arrestation. D’ailleurs, elle avait été invitée à la cérémonie de remise des vœux au chef de l’Etat, qui se déroulait le jour de son arrestation. A la prison de Kondengui, les jours de cette dame ne sont pas un long fleuve tranquille. « Elle est malade. Elle va en moyenne se faire consultée trois fois par mois à la clinique de la cathédrale située au quartier Fouda, toujours en compagnie des gardiens de prison. Elle souffre à la fois de diabète, tension, cataracte et problèmes osseux. Des problèmes de santé qu’elle déplorait déjà avant son arrestation », souffle un de ses proches. Au-delà des visites à l’hôpital, elle passe son temps à lire la presse locale et à recevoir des visites. Car comme le témoigne une source, « c’est l’une des détenues qui reçoit le plus de visites». Cependant, l’une des plus grandes frustrations de l’ancienne ministre l’Education de base, c’est de n’avoir pas pu payer les sommes qui lui étaient reprochées, pour recouvrer la liberté, comme ce fut le cas pour madame Théophile Baoro, ancien contrôleur au Minedub. Le tribunal criminel spécial lui ouvrira peut-être une voie de sortie.