Opération Epervier : Communication gouvernementale : le Pr Kontchou Kouomegni bientôt de retour ?
Vendredi, 15 Juin 2012 11:07 Guy Bernard Atenké à Yaoundé
L’heure n’est pas à la sérénité dans le sérail. Malgré la fausse assurance affichée, le régime du Renouveau tremble dans ses fondements. Les lettres de l’ancien ministre d’Etat, ont créé une onde de choc d’autant plus ébranlé le système, que personne ne l’a vu venir. Les dirigeants limogés s’étaient jusqu’ici bien gardés de dévoiler quoi que ce soit de compromettant sur le pouvoir. Dans la mafia, on appelle cela l’omerta. En politique, on baptise cela pudiquement « obligation de réserve ». Marafa Hamadou Yaya a brisé la règle. Ses quatre lettres ont semé l’effroi et l’émoi dans le sérail. Il aura fallu le transférer au SED pour en arrêter temporairement la publication. Mais la question se pose : jusqu’à quand ? On sait, et c’est le célèbre détenu lui-même qui a distillé la nouvelle, qu’il possède quelque 500 documents dont la publication, si elle n’est pas fatale au régime, enfoncera certainement le second clou sur son cercueil. Au palais d’Etoudi, on ne dort plus. Il a fallu parer au plus pressé pour arrêter l’hémorragie, mais la plaie est là, béante.
Discréditer Marafa, pour convaincre le peuple
Le déferrement de Marafa au SED, mesure conservatoire s’il en est, a laissé un répit. Mais la gestion de la communication en réponse à cette affaire, a laissé apparaître des dysfonctionnements dans la ligne de défense organisée par le pouvoir. C’est d’abord le parti qui est allé à l’abordage, avec le Pr Jacques Fame Ndongo comme capitaine. Après un dossier spécial de L’Action (Journal du parti) consacré à descendre et discréditer Marafa sans y paraître, le secrétaire à la communication qu’est Fame Ndongo a plusieurs fois pris la parole dans la presse pour défendre le beefsteak. Mais le style académiste et professoral du Pr Fame, s’il réjouit les puristes de la langue française, glisse sur la grande majorité des camerounais. Sans doute devrait-on dire que le discours de cet ancien journaliste, survole le peuple. Or c’est celui-ci qui veut comprendre. C’es lui qu’il faut convaincre.
Puis est venu le tour du porte-parole du gouvernement de monter au front, pour porter l’offensive. Issa Tchiroma a pris la parole. Encore une fois, et moins encore que par le passé, il n’a convaincu personne. Et pour cause ! Il est impliqué dans l’affaire du Boeing le Nyong crashé dans la mangrove des environs de Douala, et dénoncé par Marafa. Pire, on a vu un Tchiroma crispé, ayant visiblement perdu le Nord. La voix pleine d’émotion et nouée d’une colère à peine contenue. Il a fait rire sous cape. Ce qui n’est pas très indiqué. Son griotisme de bas étage pour Biya, a trouvé une explication. On a compris que cette idolâtrie du chef de l’Etat, est fondée sur des rapines. Ce qui le discrédite totalement.
La solution « Zéro mort »
La présidence de la République n’est pas restée en rade. D’autant qu’un autre proche de Paul Biya, Louis Paul Motazé, est jeté en pâture par Marafa dans cette affaire d’avions. Le très discret Belinga Eboutou, contrairement à son habitude, s’est fendu tantôt de communiqués, tantôt de droit de réponse, quand ce n’est pas d’articles de commandes dans des journaux des frères ou d’amis. Tout ce déploiement, non seulement n’a pas porté de fruit, mais a laissé comme une impression de désordre. Il manque visiblement un homme à poigne pour « porter » la communication officielle. D’où le regard tourné désormais vers le célèbre Kontchou Kouomegni.
On se souvient qu’à son corps défendant, c’est lui qui, dans les années 90, au plus fort de la contestation sociale, avait incarné la voix du Pouvoir. Frappant les esprits par sa capacité à mentir sans sourciller. En réserve de la république depuis quelques années, gérant discrètement sa traversée du désert, il pourrait donc faire son come back. Ce pisse-froid qui, dans ses mensonges, combine la sérénité du pape et la placide insensibilité d’un arracheur de dents, est considéré par certains proches de Biya, comme l’homme de la situation. Le rappellera-t-il ? Rien n’est exclu. Selon nos sources à la présidence, tout dépendra de l’attitude de Marafa, avec lequel un deal n’est pas exclu non plus, pour arrêter la saignée d’informations compromettantes. Belinga Eboutou aurait reçu le quitus pour explorer cette voie. Afin de trouver un modus vivendi. Et sauver le régime trentenaire…