Opération Epervier: Comment le juge Magnaguemabé a trahi Paul Biya
YAOUNDÉ - 10 Septembre 2012
© Boris Armelle Mbock | La Nouvelle
© Boris Armelle Mbock | La Nouvelle
Depuis le début de l'opération
Epervier, il jouit de la confiance entière du président de la
République. On prétend même que, dans la gestion des délicats dossiers
relatifs à cette opération d'assainissement d'envergure, il recevait
directement des instructions de Paul Biya. Malheureusement, on le
soupçonne ces derniers temps de trôner sur un vaste réseau de
rançonnement d'éventuels «éperviables». Plus grave, il y a quelques
jours, le juge d'instruction du Tribunal de grande instance du Mfoundi
le plus craint a commis l'indélicatesse d'adresser une sulfureuse
correspondance au chef de l'Etat.
En apprenant à travers les colonnes de notre confrère Mutations du mercredi 22 août 2012 que Pascal Magnaguemabé, juge d'instruction au Tribunal de grande instance du Mfoundi, a adressé une correspondance confidentielle au président de la République, correspondance dans laquelle il accuse vertement Laurent Esso, ministre de la Justice, personne ou presque n'a pris au sérieux cette information. Beaucoup se sont même accrochés comme nous au fait qu'ayant longuement résisté à toutes les tentatives de corruption, comme nous l'avons démontré dans une de nos récentes éditions si cette information était fondée, il ne pouvait que s'agir d'une nouvelle rodomontade de ce magistrat réputé excessif, voire carrément narcissique. Pourtant, comme nous l'avons lu dans les colonnes d'un célèbre confrère la semaine, il s'agit des effets collatéraux d'une grave affaire de corruption et de rançonnement au centre de laquelle le juge d'instruction réputé pour son caractère bien trempé se déploierait. Ceci à la tête d'un réseau tentaculaire dont les racines seraient ancrées à la Cour suprême à travers son 1er président, le très vénéré Alexis Dipanda Mouelle et d'autres membres non moins importants de la coterie. Pour notre confrère du quartier Nsam, c'est cette affaire qui serait à l'origine de la décision prise par les autorités judiciaires en le dessaisissant de certains dossiers de l'opération Epervier. «Y compris celui de Marafa et Fotso au profit du Tribunal criminel spécial qui se met en branle dans les tout prochains jours, conformément à la loi votée par l'Assemblée nationale lors de sa dernière session», précise notre confrère L'Anecdote. Pour plus de détails, notre confrère indique sans coup férir qu'il fallait débourser des dizaines de millions FCFA voire des centaines «pour ceux des gestionnaires indélicats encore en liberté pour se voir illusionner par Magnaguemabé qu'ils ne seront pas arrêtés». En d'autres termes, cela veut tout simplement dire que, enhardi par sa posture de «gendarme» de Paul Biya, le magistrat aurait commencé à prendre quelques libertés avec la réalité. A force de gérer les sulfureux dossiers de l'opération Epervier, depuis quelques années, il aurait commencé à se croire détenteur d'un pouvoir suprême qui est tel qu'aujourd'hui rien ne peut et ne doit se faire concernant l'opération Epervier, sans son aval...Farfelu? Ailleurs, non, mais pas dans les couloirs du ministère de la Justice où certains faits relatant le goût du lucre du magistrat et sa versatilité ne sont un secret pour personne. La preuve supplémentaire vient toujours de notre confrère l'Anecdote qui révèle en exclusivité que le 24 août 2012, alors qu'il était déjà officiellement dessaisi de certains dossiers et notifié à cet effet, Pascal Magnaguemabé a nuitamment convoqué des gens pour négocier sur le dossier de la Cbc. Des accusations très graves qui laissent suffisamment entrevoir que le juge d'Instruction a commencé à surfer sur cette popularité que lui valent depuis quelques années les arrestations de Jean Marie Atangana Mebara et autres Polycarpe Abah Abah pour faire fortune.
Vu sous cet angle, il ne s'agit plus seulement d'un de ces psychodrames d'égo où l’opération Epervier recharge épisodiquement son adrénaline, mais d'un scandale à travers lequel celui à qui de nombreux Camerounais reconnaissent toutefois le mérite d'avoir réussi à interpeller sans reculer tous les prisonniers de luxe, tente de se constituer avec frénésie une sorte d'assurance-vie. Un scandale qui s'apparente carrément à une haute trahison, s'il est vrai que ce magistrat recevait directement ses instructions du président de la République. Voilà pourquoi aux yeux de certains dignitaires du régime, Pascal Magnaguemabé affiche désormais un visage d'ange. Mais un ange dont les traits d'un Judas en décolleté mettent plus que jamais en évidence la trahison du magistrat.
Ligne de mire
En tant qu'un ministre de la Justice qui connait les moindres rouages des procédures judiciaires, Laurent Esso fait partie de ces dignitaires. Magistrat hors hiérarchie compétent et expérimenté, le garde des Sceaux sait lire un rapport d'enquête judiciaire comme Mboma ou Eto’o le feraient d'une page des sports d'un quotidien. Aurait-il donc été le premier à découvrir que Pascal Magnaguemabé procédait par un saucissonnement des dossiers pour mieux armer son stratagème de rançonnement? Aurait-il été le premier à s'offusquer que certaines procédures d'instruction durent prés de 7 années? Mais pourquoi s'enprend-il donc au ministre de la Justice dans sa lettre adressée à Paul Biya? Quelle mouche l'a-t-il piqué pour choisir ainsi de se tirer une balle dans le pied? L'impassible magistrat aurait-il perdu son sang-froid?
Pas sur, parce que là encore, sa paranoïa n'est ni nouvelle ni cachée. Seulement, quand une lettre censée être confidentielle se retrouve entre les mains de la presse, cela prouve davantage la logique de survie d'un homme qui se sait désormais dans la ligne de mire. Un peu comme Judas après avoir trahi Jésus...Même comme les proches de Magnaguemabé que nous avons rencontrés vendredi soir au cours de nos investigations, prétendent que le juge d'instruction n'a jamais adressé une lettre au chef de l'Etat. Pour eux, tout serait monté par certaines personnalités qui étaient en passe d'être interpellées par le juge d'instruction. Dans la foulée, cet entourage indique que ce sont ces personnalités qui manipuleraient les services du garde des Sceaux.
Magnaguemabé et ses réseaux: La stratégie du saucissonnement
Pascal Magnaguemabé procédait par saucissonnement des dossiers pour mieux rançonner ses victimes. Ce qui avait pour principale conséquence de faire inutilement durer les procédures d'instruction.
Tout le monde en convient. Les articulations de l'affaire de l'acquisition de l'aéronef présidentiel sont claires et simples. Des fonds publics ont été débloqués par l’Etat et confiés à certains intermédiaires, sous l'instigation de certains proches collaborateurs du chef de l'État, afin d'acquérir cet aéronef neuf. Une partie de ces fonds a été remise à Boeing pour commander l'aéronef. Une autre partie (la plus grande) a été utilisée par ces intermédiaires pour s'acheter à leur propre compte des avions qu'ils ont commencé à louer à la Camair à des prix très prohibitifs. Cet avion neuf, le Bb jet II, n’a jamais été livré aux autorités camerounaises. Pourtant les fonds publics ont été débloqués à cet effet. Il s'agit donc pour l'Etat de réclamer ces fonds, mais aussi d'exiger que les autres fonds ayant facilité l'achat des avions loués par la suite à la Camair, à des prix très onéreux, soient aussi reversés dans les caisses de l'Etat. Voilà succinctement résumé l'affaire du Bb jet II qui fait couler tant de salive et d'encre.
Quant à l'affaire Albatros, elle met en évidence une autre histoire. Celle de Jean-Marie Atangana Mebara qui, ayant constaté que le Bb jet II commandé par Marafa et Yves Miche Fotso n'a jamais été livré, commande auprès de Boeing un autre avion. Seulement en attendant le temps que va prendre la fabrication de cet avion neuf dans les ateliers de Boeing, choisit de prendre en leasing (location) un autre avion pour dépanner la Liaison-Air de l'Etat-major particulier du président de la République en quête dans l'immédiat d'un avion pour les voyages présidentiels. Cet avion, c'est le fameux Albatros. Dans ses manœuvres, Jean Marie Atangana Mebara est aidé par une structure dénommée Apm qui a pour Pca, Thomas Ephraïm Inoni et pour Dga, Hubert Otélé Essomba. C'est cette structure qui, on ne sait trop comment, va entreprendre à la place de l'Etat, propriétaire de la Camair, de payer les montants mensuels des avions que loue la Camair. Pourtant? A Jean-Marie Atangana Mebara, Thomas Ephraïm Inoni et Hubert Otélé Essomba de répondre aujourd'hui à cette question devant la justice. Malheureusement, pour une affaire aussi simplement expliquée, Pascal Magnaguemabé a commencé à compliquer les procédures. D'ailleurs, des sources très introduites indiquent qu'il n'aurait pas manqué de torpiller les procédures en laissant planer le doute dans certaines de ses réquisitions. Selon certains juristes, cela peut s'interpréter comme une brèche ouverte par le magistrat pour faire chanter ses cibles. On comprend donc cette surprenante relaxe de Jean Marie Atangana Mebara en janvier 2010 pour des faits de détournement de 657 511 470 FCFA. Bien plus, certains observateurs ne manquent pas de voir dans la démarche de Pascal Magnaguemabé, une tentative de mystifier les procédures alors même que, comme on vient de le voir, les affaires Bb jet II et Albatros sont très simples. Pas besoin d'être un magistrat hors hiérarchie pour les décrypter. Quels motifs sous-tendent alors une telle complexification entretenue par Pascal Magnaguemabé? Là est toute la question.
En apprenant à travers les colonnes de notre confrère Mutations du mercredi 22 août 2012 que Pascal Magnaguemabé, juge d'instruction au Tribunal de grande instance du Mfoundi, a adressé une correspondance confidentielle au président de la République, correspondance dans laquelle il accuse vertement Laurent Esso, ministre de la Justice, personne ou presque n'a pris au sérieux cette information. Beaucoup se sont même accrochés comme nous au fait qu'ayant longuement résisté à toutes les tentatives de corruption, comme nous l'avons démontré dans une de nos récentes éditions si cette information était fondée, il ne pouvait que s'agir d'une nouvelle rodomontade de ce magistrat réputé excessif, voire carrément narcissique. Pourtant, comme nous l'avons lu dans les colonnes d'un célèbre confrère la semaine, il s'agit des effets collatéraux d'une grave affaire de corruption et de rançonnement au centre de laquelle le juge d'instruction réputé pour son caractère bien trempé se déploierait. Ceci à la tête d'un réseau tentaculaire dont les racines seraient ancrées à la Cour suprême à travers son 1er président, le très vénéré Alexis Dipanda Mouelle et d'autres membres non moins importants de la coterie. Pour notre confrère du quartier Nsam, c'est cette affaire qui serait à l'origine de la décision prise par les autorités judiciaires en le dessaisissant de certains dossiers de l'opération Epervier. «Y compris celui de Marafa et Fotso au profit du Tribunal criminel spécial qui se met en branle dans les tout prochains jours, conformément à la loi votée par l'Assemblée nationale lors de sa dernière session», précise notre confrère L'Anecdote. Pour plus de détails, notre confrère indique sans coup férir qu'il fallait débourser des dizaines de millions FCFA voire des centaines «pour ceux des gestionnaires indélicats encore en liberté pour se voir illusionner par Magnaguemabé qu'ils ne seront pas arrêtés». En d'autres termes, cela veut tout simplement dire que, enhardi par sa posture de «gendarme» de Paul Biya, le magistrat aurait commencé à prendre quelques libertés avec la réalité. A force de gérer les sulfureux dossiers de l'opération Epervier, depuis quelques années, il aurait commencé à se croire détenteur d'un pouvoir suprême qui est tel qu'aujourd'hui rien ne peut et ne doit se faire concernant l'opération Epervier, sans son aval...Farfelu? Ailleurs, non, mais pas dans les couloirs du ministère de la Justice où certains faits relatant le goût du lucre du magistrat et sa versatilité ne sont un secret pour personne. La preuve supplémentaire vient toujours de notre confrère l'Anecdote qui révèle en exclusivité que le 24 août 2012, alors qu'il était déjà officiellement dessaisi de certains dossiers et notifié à cet effet, Pascal Magnaguemabé a nuitamment convoqué des gens pour négocier sur le dossier de la Cbc. Des accusations très graves qui laissent suffisamment entrevoir que le juge d'Instruction a commencé à surfer sur cette popularité que lui valent depuis quelques années les arrestations de Jean Marie Atangana Mebara et autres Polycarpe Abah Abah pour faire fortune.
Vu sous cet angle, il ne s'agit plus seulement d'un de ces psychodrames d'égo où l’opération Epervier recharge épisodiquement son adrénaline, mais d'un scandale à travers lequel celui à qui de nombreux Camerounais reconnaissent toutefois le mérite d'avoir réussi à interpeller sans reculer tous les prisonniers de luxe, tente de se constituer avec frénésie une sorte d'assurance-vie. Un scandale qui s'apparente carrément à une haute trahison, s'il est vrai que ce magistrat recevait directement ses instructions du président de la République. Voilà pourquoi aux yeux de certains dignitaires du régime, Pascal Magnaguemabé affiche désormais un visage d'ange. Mais un ange dont les traits d'un Judas en décolleté mettent plus que jamais en évidence la trahison du magistrat.
Ligne de mire
En tant qu'un ministre de la Justice qui connait les moindres rouages des procédures judiciaires, Laurent Esso fait partie de ces dignitaires. Magistrat hors hiérarchie compétent et expérimenté, le garde des Sceaux sait lire un rapport d'enquête judiciaire comme Mboma ou Eto’o le feraient d'une page des sports d'un quotidien. Aurait-il donc été le premier à découvrir que Pascal Magnaguemabé procédait par un saucissonnement des dossiers pour mieux armer son stratagème de rançonnement? Aurait-il été le premier à s'offusquer que certaines procédures d'instruction durent prés de 7 années? Mais pourquoi s'enprend-il donc au ministre de la Justice dans sa lettre adressée à Paul Biya? Quelle mouche l'a-t-il piqué pour choisir ainsi de se tirer une balle dans le pied? L'impassible magistrat aurait-il perdu son sang-froid?
Pas sur, parce que là encore, sa paranoïa n'est ni nouvelle ni cachée. Seulement, quand une lettre censée être confidentielle se retrouve entre les mains de la presse, cela prouve davantage la logique de survie d'un homme qui se sait désormais dans la ligne de mire. Un peu comme Judas après avoir trahi Jésus...Même comme les proches de Magnaguemabé que nous avons rencontrés vendredi soir au cours de nos investigations, prétendent que le juge d'instruction n'a jamais adressé une lettre au chef de l'Etat. Pour eux, tout serait monté par certaines personnalités qui étaient en passe d'être interpellées par le juge d'instruction. Dans la foulée, cet entourage indique que ce sont ces personnalités qui manipuleraient les services du garde des Sceaux.
Magnaguemabé et ses réseaux: La stratégie du saucissonnement
Pascal Magnaguemabé procédait par saucissonnement des dossiers pour mieux rançonner ses victimes. Ce qui avait pour principale conséquence de faire inutilement durer les procédures d'instruction.
Tout le monde en convient. Les articulations de l'affaire de l'acquisition de l'aéronef présidentiel sont claires et simples. Des fonds publics ont été débloqués par l’Etat et confiés à certains intermédiaires, sous l'instigation de certains proches collaborateurs du chef de l'État, afin d'acquérir cet aéronef neuf. Une partie de ces fonds a été remise à Boeing pour commander l'aéronef. Une autre partie (la plus grande) a été utilisée par ces intermédiaires pour s'acheter à leur propre compte des avions qu'ils ont commencé à louer à la Camair à des prix très prohibitifs. Cet avion neuf, le Bb jet II, n’a jamais été livré aux autorités camerounaises. Pourtant les fonds publics ont été débloqués à cet effet. Il s'agit donc pour l'Etat de réclamer ces fonds, mais aussi d'exiger que les autres fonds ayant facilité l'achat des avions loués par la suite à la Camair, à des prix très onéreux, soient aussi reversés dans les caisses de l'Etat. Voilà succinctement résumé l'affaire du Bb jet II qui fait couler tant de salive et d'encre.
Quant à l'affaire Albatros, elle met en évidence une autre histoire. Celle de Jean-Marie Atangana Mebara qui, ayant constaté que le Bb jet II commandé par Marafa et Yves Miche Fotso n'a jamais été livré, commande auprès de Boeing un autre avion. Seulement en attendant le temps que va prendre la fabrication de cet avion neuf dans les ateliers de Boeing, choisit de prendre en leasing (location) un autre avion pour dépanner la Liaison-Air de l'Etat-major particulier du président de la République en quête dans l'immédiat d'un avion pour les voyages présidentiels. Cet avion, c'est le fameux Albatros. Dans ses manœuvres, Jean Marie Atangana Mebara est aidé par une structure dénommée Apm qui a pour Pca, Thomas Ephraïm Inoni et pour Dga, Hubert Otélé Essomba. C'est cette structure qui, on ne sait trop comment, va entreprendre à la place de l'Etat, propriétaire de la Camair, de payer les montants mensuels des avions que loue la Camair. Pourtant? A Jean-Marie Atangana Mebara, Thomas Ephraïm Inoni et Hubert Otélé Essomba de répondre aujourd'hui à cette question devant la justice. Malheureusement, pour une affaire aussi simplement expliquée, Pascal Magnaguemabé a commencé à compliquer les procédures. D'ailleurs, des sources très introduites indiquent qu'il n'aurait pas manqué de torpiller les procédures en laissant planer le doute dans certaines de ses réquisitions. Selon certains juristes, cela peut s'interpréter comme une brèche ouverte par le magistrat pour faire chanter ses cibles. On comprend donc cette surprenante relaxe de Jean Marie Atangana Mebara en janvier 2010 pour des faits de détournement de 657 511 470 FCFA. Bien plus, certains observateurs ne manquent pas de voir dans la démarche de Pascal Magnaguemabé, une tentative de mystifier les procédures alors même que, comme on vient de le voir, les affaires Bb jet II et Albatros sont très simples. Pas besoin d'être un magistrat hors hiérarchie pour les décrypter. Quels motifs sous-tendent alors une telle complexification entretenue par Pascal Magnaguemabé? Là est toute la question.