Opération épervier : Comment Etoundi Oyono échappe à la prison
Le garde des Sceaux s’opposerait à toute initiative visant à restreindre les libertés du directeur général du Port autonome de Douala (Pad).
Selon des indiscrétions en provenance des couloirs du Tribunal criminel spécial (Tcs), le parquet de cette juridiction aurait décidé il y a quelques semaines, de retirer le passeport d’Emmanuel Etoundi Oyono. Cette mesure, justifie-t-on du côté du centre administratif de Yaoundé, avait pour principal objectif de circonscrire les mouvements de l’ancien directeur général de la Société de recouvrement des créances (Src), afin de le rendre disponible à tout moment devant la Justice. Mais aussi, l’on craignaitsurtout que l’homme aux lentilles fumées ne prenne la poudre d’escampettes comme Dayas Mounoume. En effet, plusieurs magistrats du Tcs s’accordent à reconnaitre que, avec les charges retenues contre le Dg du Pad, il était devenu urgentde l’avoir à portée de main et pouvoir le mettre sous mandat de dépôt en cas de besoin.
Seulement, murmure-t-on dans les allées du Tcs, le ministre d’État, ministre de la Justice garde des Sceaux (Minjustice), Laurent Esso, se serait opposé à cette décision. L’on explique au sein de la chancellerie que, pour l’ancien ministre d’État secrétaire général de la présidence de la République, les poursuites contre Etoundi Oyono n’auraient aucun lien avec sa gestion du Port. Le fils du Nyong et So’o est plutôt accablé pour des prétendus écarts de gestion commis du temps où il était Dg de la Src. Selon le Minjustice, apprend-on, l’affaire étant encore à la phase d’instruction et que les récriminations portées contre l’ancien directeur général de la Src peuvent éventuellement être démontées, il n’est point besoin de le contraindre pour l’instant, à rester au pays alors que ses lourdes missions de Dg du port de Douala peuvent l’amener à voyager à n’importe quel instant, pour l’intérêt du pays.
En prenant l’initiative de suspendre la procédure de retrait du passeport enclenchée contre le Dg du Pad, le garde des Sceaux, Laurent Esso, démontre à suffire qu’il est avant tout un homme d’État. Non seulement il est resté dans ses missions régaliennes, l’affaire étant encore au niveau du parquet, sa posture de véritable patron de la chancellerie lui autorise d’intervenir dans une procédure judiciaire avant les débats devant le juge. Mais aussi, cela a contribué à éviter tout amalgame. Suivez notre regard.
Car, apparemment pour Laurent Esso, en arrêtant de hauts responsables de la République n’importe comment, sans être sûr qu’ils seront au final, coupables, cela peut avoir des conséquences incommensurables sur la marche de leurs administrations. Le digne fils Deido se met donc ainsi au-dessus de toutes les querelles villageoises qui animent généralement le sérail. Vivement que l’exemple fasse école.