D'après Wikileaks, 880 millions Fcfa ont été débloqués par le gouvernement, malgré l'opposition des Américains.
La publication par l'hebdomadaire "L'Oeil du Sahel" des comptes bancaires supposés de 44 personnalités dans son édition du 12 février 2013, n’a pas fini de révéler toutes ses surprises. Après les démentis musclés de Yves Michel Fotso, ancien directeur général de Cameroon Airlines (Camair), Jean-Baptiste Nguini Effa, ancien directeur général de la société camerounaise de dépôt des produits pétroliers, Abah Abah Polycarpe, ancien ministre de l’Economie et des Finances, Urbain Olanguena Awono, ancien ministre de la Santé publique, nous apprenons aujourd’hui à travers un câble Wikileaks de l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun, daté de 2008, que les Américains ont émis de sérieuses réserves sur les compétences de Dooh Collins pour conduire les investigations financières à l’étranger et ont conseillé Amadou Ali, ancien vice-Premier ministre en charge de la Justice, de recruter un cabinet spécialisé dans les investigations financières. Ce dernier s’y est opposé.
Prétextant que Dooh Collins venait «d’une famille très réputée au Cameroun». D’après les informations révélées par Wikileaks, cette opération aura coûté près de 880 millions Fcfa au gouvernement camerounais.
A la demande d’Amadou Ali, Niels Marquardt, ancien ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun a rencontré à plusieurs reprises Dooh Collins entre le 4 et le 11 juin 2007. D’autres rencontres ont eu lieu avec le conseiller de l’ambassadeur Poloff les 12 septembre, 24 septembre et 10 octobre 2007. Le câble de Wikileaks précise qu’ «au cours d’une réunion le 12 septembre avec Poloff qui a duré près de deux heures de temps, Dooh Collins a réitéré la confiance entre le gouvernement camerounais et les gouvernements américains et britanniques». Dooh Collins indique à cet effet qu’il a demandé à Amadou Ali 1 millions de dollars (550 millions Fcfa) pour l’enquête. Le 16 septembre 2007, Amadou Ali qui officie alors comme vice-Premier ministre en charge de la Justice, signe deux lettres de mission confidentielles à cet «expert en intelligence économique vivant entre l'Europe et l'Afrique» pour tracer la fortune supposée de certaines pontes du régime.
Après vérification, les américains découvrent que Dooh Collins n’a jamais pris contact, ni avec un cabinet américain, encore moins avec des officiels. Les américains recommandent au ministre de la Justice de recruter un cabinet, mais rien n’y fait. Le 10 octobre 2007 Dooh Collins confie à Poloff qu’Amadou Ali a fait une nouvelle requête auprès de Paul Biya pour obtenir à nouveau 600 000 dollars ( 330 000 000 Fcfa).
Il prétexte qu’il a «besoin de payer un avocat au Luxembourg et d'autres partenaires qui contribuent à l'enquête». Nous avons d’ailleurs appris que l’expert comptable qui serait actuellement bloqué au Cameroun et est en attente d’un payement qui n’a pas encore reçu l’approbation du chef de l’Etat. D’après le câble de Wikileaks, au cours de cet entretien, Dooh Collins affirme qu’il a fait des propositions au chef de l’Etat «visant à restructurer certaines entreprises sensibles». Il prétend également que Paul Biya a «une exceptionnelle confiance» en Amadou Ali et que «c’est une évidence qu’il le cooptera pour le succéder en 2011». La suite on la connaît.