Le séjour des inspecteurs du Consupe dans ces deux structures le confirme aujourd’hui. Beh Mengue, Dg de l’Agence de régulation des télécommunications (Art) et Nkoto Emane son homologue de la Cameroon telecommunications (Camtel) ont de bonnes raisons d’être convoqués prochainement au Tribunal criminel spécial (Tcs). Chaud devant !
Ce serait un doux euphémisme que de dire que les Dg de l’Art et de la Camtel ont le sommeil très léger en ce moment. La raison ? Une mission du très craint Contrôle supérieur de l’État (Consupe) est, depuis quelques jours, dans leurs murs. Pas pour une visite de courtoisie, loin de là, mais pour éplucher les comptes des deux structures qui selon des indiscrétions, n’ont pas reçu d’inspecteurs d’État depuis plus d’une dizaine d’années. Il faut dire que les deux managers ont également en commun, non seulement d’être ressortissants d’une même région (Sud), mais de gérer depuis des années déjà deux structures en charge des télécommunications au Cameroun. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ont du mouron à se faire pour l’heure car voici près de 10 ans que leurs noms sont régulièrement cités dans une scabreuse affaire de détournement de 20 milliards de Fcfa.
Les enquêteurs du Consupe devront, entre autres, démêler l’écheveau de ce pactole débloqué par le comité de remise à niveau de la Camtel en 2004, et qui a comme par enchantement disparu de la circulation. «Il est un peu difficile de vous dire où sont passés les fonds de redressement de la Camtel, confesse un cadre en service dans cette structure, car on ne sait pas vraiment qui et comment cela devait être géré, par la Camtel ou par l’Art».
Un limier du Consupe résume cette descente en ces termes : «si les sommes débloquées avaient pour principal bénéficiaire la Camtel, il n’en demeure pas moins que l’Art, en sa qualité de gendarme du secteur des télécommunications, avait droit de regard sur le comment sera gérer cet argent. Cela explique une descente simultanée dans ces deux entreprises».
Si ce n’est Pierre, c’est Paul.
Dans sa livraison n°506 du 06 mai 2013, votre journal faisait état de l’imbroglio qui avait régné dans la gestion de quelques 20 milliards fournis par le gouvernement pour remettre à flot la Camtel, alors au bord de la banqueroute. Aussitôt débloqué, le pactole semble avoir emprunté un labyrinthe dont les principaux architectes sont le Dg de l’Art et celui de la Camtel. Le tout dans le but, à peine dissimulé, d’atterrir dans les comptes respectifs de ces deux managers d’un autre genre.
Il va quitter son poste sans avoir tiré au clair l’affaire, mais loin de s’imaginer qu’il s’était trompé de cible, puisque c’est plutôt du côté de l’Art qu’il fallait fureter qui, en sa qualité de régulateur du secteur des télécoms, a la haute main sur de telles transactions. Pour certains observateurs avertis, Louis Beh Mengue et David Nkoto Emane ont bénéficié d’un climat favorable pour distraire ces fonds. D’abord deux changements d’hommes, Antoine Zanga est remplacé au Minpostel et Nkoto Emane succède à Nguimba Nloutsiri à la tête de la Camtel, ensuite la Cep va faire faillite en 2004 et renaîtra capitalisée par les pouvoirs publics en 2005 sous le nom Campost, enfin l’échec des négociations sur la privatisation de la Camtel va en rajouter à cet imbroglio.
Il se dit également que Jean Louis Beh Mengue aurait perçu des pots de vin des opérateurs mobiles au Cameroun, Mtn et Orange, pour empêcher l’arrivée de nouvelles entreprises sur le marché qui ont souhaité investir afin de résoudre les problèmes de saturation du réseau, du coût de la communication et de la qualité de service. Vrai ou faux ?