Opération Epervier: Après Iya, à qui le tour ?

Douala, 08 avril 2013
© Salomon KANKILI | Le Messager

Les supputations vont bon train dans le septentrion depuis la condamnation du Dg de la Société de développement du coton (Sodécoton) par le Conseil supérieur de l’Etat (Consupe). Lancement de la campagne à Garoua sur fond de psychose politicienne.

Il y a plus d’une semaine, à l’occasion d’une lettre ouverte, un militant du Rdpc dans l’Adamaoua invitait carrément ses camarades à la sagesse politique. L’essentiel à retenir de la grogne du Révérend pasteur Alix Elogo Maïgari : le partage du gâteau national se ferait à tête chercheuse dans l’Adamaoua où seulement une minorité tribale jouirait des prérogatives du parti au pourvoir. Le constat visiblement contagieux semble maintenant s’étendre dans les deux autres régions septentrionales. A la différence près qu’au Nord et à l’Extrême-Nord, c’est l’opération épervier qui est davantage perçue comme telle. « Amadou Ali ne souffre d’aucune menace parce qu’il ne lorgne pas le fauteuil présidentiel. On l’a tout de même utilisé pour sacrifier ses frères comme on le fait avec Tchiroma et Adoum Garoua. Après Marafa, Iya est dans le viseur. L’objectif de ces manœuvres vise à écarter tous les calibres lourds du Grand Nord», a confié un homme politique du Rdpc dans la Bénoué. Celui qui prenait part hier 7 avril au lancement de la campagne des sénatoriales 2013 pour le Rpdc (Bénoué) se dit outré par les manœuvres en cours au sommet de l’Etat. Surtout que la décision du conseil de discipline budgétaire et financière s’inscrit en décalage avec les félicitations l’an dernier du conseil d’administration de la Sodécoton: « Après la nomination de Talba Mala à la tête de la Sonara, ces mêmes gens ont saisi le président de la République pour lui signifier leur mécontentement. La cabale contre les nordistes se poursuit», dit-il.

Comme ce nordiste, nombre de militants massés hier à la maison du parti Rdpc à Garoua ont versé dans la même clameur politicienne et identitaire. Beaucoup crient à l’injustice, appelant dans les chaumières au réveil militant des uns et des autres. «Si Iya Mohammed est éliminé politiquement comme le veut le complot, le Nord va être orphelin. Le coton camerounais va tomber et les fils de la Bénoué seront davantage divisés. Notre parti (le Rdpc, Ndlr) n’a pas besoin de cette autre publicité. Dans quel pays sommes-nous finalement?», s’est indigné un militant du Mayo Rey. Depuis son refoulement à l’aéroport international de Douala, Iya Mohammed s’est retranché dans son bercail natal à Garoua. Aucune manifestation publique de contestation n’a été enregistrée à travers la ville. Néanmoins, des centaines de ressortissants du septentrion lui ont déjà signifié leur soutien moral, à domicile pour la plupart.

Les minutes qui ont suivi la publication (27 mars 2013) par le Consupe des 20 fautes de gestion imputées à Iya Mohammed, un candidat aux sénatoriales du Diamaré arguait : « Comme c’était arrivé à Marafa, beaucoup d’amis et frères d’Iya Mohammed vont le renier dans les prochains jours. Même ceux qu’il a aidés à gravir l’échelle politique commencent déjà à le fuir ». L’homme politique espère que la vérité va éclater et le Dg de la Sodécoton va être lavé de tout soupçon. Originaire du septentrion et par ailleurs membre du bureau national de l’Association de défense des intérêts collectifs (Acdic), Aboubakar Hamadou en veut à l’inertie des ressortissants du Grand Nord. « Et s’ils parlaient ne serait ce que d’une même voix ça nous éviterait tous ces complots».

Salomon KANKILI



08/04/2013
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