OPÉRATION ÉPERVIER : AMADOU ALI PEUT-IL ÊTRE ATTEINT PAR L'EFFET BOOMERANG ? :: CAMEROON

Cameroun - Opération épervier : Amadou Ali peut-il être atteint par l'effet boomerang ?Sous sa casquette de vice-premier ministre et ministre de la justice, Amadou Ali aurait-il profité de cette position pour régler des comptes à tous ceux qu'il considérait alors comme les ennemis de la république ? Les révélations aujourd'hui diffusée sur la place publique avec l'audition de Dooh Collins prouve à le croire. Que réserve la loi dans ces circonstances et que risque aujourd'hui ce haut commis de l'Etat ?

La gestion de l'opération Epervier ne s'est pas faite sans entrave. D'énormes sommes d'argent ont été débloquées par le gouvernement de la République pour débusquer les fossoyeurs de la fortune publique. Mais seulement il est loisible aujourd'- hui de constater que des innocents sont entrés en prison par ce qu'on les aurait prêté des intentions. L'opération Epervier" qui dans son essence visait en l'assainissement des finances publiques, est à la fin devenue une opération de chasse aux sorcières avec toutes les dérives qui pouvaient en découlé. Elle devait, en tout cas, donner du contenu à la lutte contre la corruption et les détournements des derniers publics. Elle l'a peut-être fait ;  mais, à ce qui se dit, le vice-Premier Ministre et ministre de la justice, Monsieur Amadou Ali, en aurait fait un instrument d'intimidation et même de chantage. Combien sont-il, qui après compris qu'il était probable qu'ils soient arrêtés, aient pris le chemin de l'exil ? Et comment ?

De fait, une grande controverse s'élève autour de l'ex Ministre de la justice, dans ce qui est qualifié de " cyber dérive ". D'abord, cette " opération Epervier" est liée à des problèmes politiques, sur la succession du président Paul Biya. Généralement, ce sont ceux du nord qui réfléchiraient sur le nom de celui qui sera désigné à assurer ce rôle Il y a donc beaucoup de problèmes, qui entourent "l'opération Epervier". Au regard de la manière précipitée et spectaculaire de son exécution, l'on s'est rendu compte après que même les dossiers de procédure n'étaient pas complet ou alors n'existaient. L'on se permettait de mettre en détention provisoire les prévenus pour après procéder au montage des dossiers. Ce qui fait qu'après quatre années de détention l'on constatera avec la première affaire Mebara que  celui-ci n'était pas coupable. Ceci est de nature à sonner le glas, pour leur principal meneur, le vice-premier Ministre, ex Ministre de la justice, qui semble en avoir fait une affaire personnelle. Ils sont nombreux aujourd'hui qui sont en détention depuis des années et dont les dossiers ne sont toujours pas prêts.

LE DISCRÉDIT DU PRÉSIDENT PAUL BIYA

Imbu de sa personne le vice premier ministre, ex-ministre de la justice ne manquait de dire à qui veulait l'entendre qu'il avait encore des éperviables à mettre au frais. On a eu droit a une liste qui a fait le tour du monde et dont on retrouvait des noms de la haute crème de l'administration publique et même des opérateurs privés. Certains dans cette liste sont aujourd'hui soit condamné soit encore en détention. D'autres par contre vaquent sereinement à leurs fonctions et ne sont aucunement inquiétés. Peut-on aujourd'hui dire que cette fameuse liste d'Ahmadou Ali est un pur produit de son esprit et soutenir le fait qu'aune investigation sérieuse n'a jamais été faite pour asseoir la présomption de culpabilité qui pèse sur toutes ces têtes exhibé sur la place publique ? Plus récemment encore, ceux sont des supposés comptes bancaires de certaines personnalités qui étaient mis sur la place publique et la majorité de ces personnalités indexés ont tôt fait de démentir ces comptes et engagés des poursuites contre le gouvernement ou l'Etat du Cameroun C'es démarche si elles ne sont pas fondées ne concours pas à la promotion de l'image du Cameroun et encore moins à celle de son président qui y met toute sa volonté pour éradiquer des fléaux qui minent la bonne marche des affaires. Il est loisible de comprendre ici que le zèle utilisé par Ahmadou Ali dans la conduite de cette opération était entaché d'irrégularités criardes. Et c'est la raison pour laquelle il voudrait faire amende honorable auprès du président de la République pour ne pas tomber sous le coup de la haute trahison. A cet effet le journal la Météo publiait un extrait d'une lettre qu'il aurait adressé au Président de la République et dont les termes portent à croire qu'il reconnait avoir fait des erreurs ou alors être passé à côté des objectifs de l'opération épervier.

Dans cet extrait Ahmadou Ali dit qu'il s'est "toujours acquitté avec fidélité, abnégation et désintéressement de toutes les missions à [moi] confiées.(…) À l'heure où des forces tapies dans l'ombre s'échinent à me caricaturer, à ressortir de faux dossiers pour m'atteindre, recourant même aux ragots les plus sordides, dois-je rappeler que je vous ai été toujours loyal, je le suis, je le serai toujours. Personnellement, je ne crois pas que cela est nécessaire. (…) Il apparaît clairement que je paie aujourd'hui le tribut de cette loyauté. Le contexte s'y prête. Par le passé, alors que je faisais l'objet de cabale similaire à celle que j'endure aujourd'hui, vous m'aviez rendu justice. (Amadou Ali, alors ministre de la Défense, avait été accusé de tentative de coup d'Etat suite à une explosion nocturne de la soute à munitions du quartier général. Paul Biya contre toute attente, l'avait, comme pour le blanchir, muté au ministère de la Justice où il mettra une dizaine d'années, Ndlr). Je garde une ferme confiance en vous, en votre jugement qui a toujours été droit, sage et éclairé"

Pourquoi vouloir se justifier de cette manière alors que l'enquête qui suit son cours devrait aboutir à son interpellation pour qu'enfin les camerounais sachent ce qu'il à fait de l'opération épervier et des fonds alloués pour sa la célérité du traitement des dossiers. Madame Lydienne Eyoum serait incarcérée, apprend-t-on, sur ordre de Amadou Ali. Selon ses avocats, celleci serait arbitrairement détenue et séquestrée sans aucune justification légitime. Et il y'a cette autre affaire Yves Michel Fotso dont-on parle tant. Lapiro de Mbanga ; l'artiste, cite nommément les abus de pouvoir du Ministre de la justice. Trois affaires mal embouchées, trois plaintes qui ternissent l'image du régime du président Paul Biya, par le fait des contrôles d'un homme. 

 

UN HOMME ENCOMBRANT

S'il est aujourd'hui urgent qu'il rende gorge, il est aussi important qu'il donne les motivations qui l'on poussé à mettre en détention des citoyens sans avoir sous la main de véritables dossiers. Comme on le voit, l'ex- Ministre de la justice, Amadou Ali, est devenu encombrant dans le dispositif politico-judiciaire du président Paul Biya. En tout cas, compte tenu de l'importance de l'opération Epervier, il fallait éviter, à tout prix, d'y annexer des considérations politiques. Or, pour gérer un tel dossier, il aurait été préférable de laisser primer le droit, rien que le droit, en s'écartant de toute tentation politicienne. Mais, Paul Biya sait tromper son monde ; et après avoir donné l'impression de ne pas vouloir continuer après 2011, il a changé brusquement et a refermé cette page ouverte sur une éventuelle course à la succession. Amadou Ali a-t-il été pris dans cette fausse- impression ? Tout est probable dans la mesure où ses révélations publiées par weakeleak réfutent le fait que le pouvoir suprême après Paul Biya ne peut pas être administré par une autre région que celle du Nord. Sur quoi fondait-il cette position ? Toujours que cette déclaration prouve pour le démontrer que l'homme aspire aussi à être président de la République et peut à cet effet se livrer, en anticipant, à éliminer les potentiels candidats en les accusant de tous les maux.

Lorsque l'on sait le poids politique du vice-premier Ministre, ex- Ministre de la justice, sur l'échiquier politique du RDPC dans la partie Nord du pays il faut s'attendre à tout. Donc Amadou Ali n'a pas été surpris par le revirement de Paul Biya ; cela voudrait dire, qu'il a volontairement dévoyé " l'opération Epervier", pour éliminer de potentiels rivaux dans la course à la succession. Les incongruités relevées dans la manière de mener judiciairement les dossiers y relatifs, finissent de convaincre d'un malin vouloir, qui devrait appeler, en retour, d'éliminer un tel pion devenu encombrant. L'opération épervier qui avait tout le soutien des Camerounais, des partenaires multilatérales et bilatérales se dévoile aujourd'hui, comme une opération d'épuration ou Ahmadou Ali, au-delà de vouloir régler ses comptes, a dilapidé les fonds publics. Qu'est ce qui justifie ce retournement de situation ? Celui qui croyait agir en toute franchise se dévoile comme un franc calculateur qui a aliéné les buts visés par le Président de la République dans l'opération d'assainissement des finances publiques. Au moment ou la situation se retourne, à quoi devrait-on s'attendre ? Paul Biya pourra t-il livrer
Ahmadou Ali à la justice ? Wait and see

© L ‘ Equation N°091 : Jean Junior Okalla


04/09/2013
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