OPÉRATION ÉPERVIER : Amadou Ali à nouveau sur le banc des accusés
Principal pilote de l’opération Epervier, Olanguena Awono le qualifie de «tribaliste diffusant de la haine raciale».
«Mensonges d’Etat, Déserts de République au Cameroun», le tout premier livre d’Urbain Olanguena Awono depuis qu’il est derrière les barreaux, est un véritable règlement de comptes. Une sorte de «revenge» qu’il prend sur ses anciens collègues du gouvernement et ses détracteurs aujourd’hui, responsables selon lui, de la peine de 20 ans qu’il purge en prison. Et il n’y va pas de main morte, dans son ouvrage de 451 pages publié aux Editions le Schabel. Parmi eux, une personnalité du Grand-Nord, et pas des moindres. Il s’agit d’Amadou Ali, actuel vice-Premier ministre, ministre délégué à la présidence chargé des relations avec les Assemblées, et ministre de la Justice de 2001 à 2011 et donc, principal pilote de l’opération Epervier.
Suffisant dès lors, pour l’ancien ministre de la Santé publique, pour lui régler ses comptes ainsi qu’aux théoriciens de la thèse du complot du G11, à savoir, Rémy Ze Meka, Edgar Alain Mebe Ngo’o et Amadou Ali. Des «petits machiavels des tropiques », d’après Olanguena Awono. «En effet, Monsieur Amadou Ali, alors ministre de la Justice garde des sceaux de 2001 à 2011, avec le rang de vice Premier ministre, et principal pilote de l’opération épervier, s’est répandu largement à maintes reprises auprès des autorités de l’ambassade américaine au Cameroun sur la conduite de l’opération épervier, ses cibles et ses stratégies.
L’on découvre, à la lecture de ses confidences, les talents d’affabulateur et de calomnieur invétéré de ce haut responsable à l’égard de ses concitoyens auprès d’une puissance étrangère, sans la moindre retenue qu’aurait dû lui imposer la conscience du devoir de réserve, la présomption d’innocence de ses cibles, et la sagesse même découlant de son âge et de sa longue durée aux affaires malgré une formation sommaire de base pauvre en outils d’analyse et de crédit intellectuel», écrit-il en page deux du chapitre deux de la deuxième partie de son livre.
WIKILEAKS ET FAUX COMPTES BANCAIRES
Pour Urbain Olanguena Awono, sur un ton dénotant un courroux mal contenu, «au-delà de toutes les précautions d’usages, Ali est allé plus loin, déversant au passage le fiel de la haine tribale, lorsqu’il évoque avec l’ambassadrice Garvey en 2009, la succession du président Biya sous le prisme ethnico régional. (…) Les logiques tribales et calomnieuses de Monsieur Amadou Ali ont fait du mal à notre pays. Par ses actes et ses propos, son instrumentalisation de la justice, le personnage s’est révélé sous toutes ses terreurs, que la modernité, les évolutions démocratiques et les valeurs républicaines auraient bien voulu rejeter à la préhistoire de ce pays».
Celui qui a toujours clamé son innocence convoque Hegel qui soutient que «Les hommes font l’histoire mais ils ignorent l’histoire qu’ils font». «C’est sans doute l’histoire de ce pauvre Monsieur Ali et des autres acteurs de la manipulation politique machiavélique de l’opération Epervier», soutient le prisonnier. Fouillé, bien écrit, mais quoique truffé de propos injurieux à l’endroit de ses détracteurs, des inspecteurs qui vérifiaient la comptabilité des programmes pour lesquels il était accusé, son livre, bien structuré, s’appuie sur des preuves qu’il apporte aux allégations de détournements de fonds à lui imputés.