L’ex-Ministre des Finances accuse le Garde des Sceaux de diffamation et de dénonciation calomnieuse.
Polycarpe Abah envisage de donner une suite judiciaire aux dénonciations calomnieuses et autres diffamations dont il se dit victime de la part du ministre de la Justice, Garde des Sceaux. Dans une correspondance adressée à Amadou Ali, l’ex-Minefi estime qu’à des fins de manipulation et pour des raisons autrefois inavouées et qui sont désormais connues, le Minjustice n’a pas dit la vérité à son sujet. Mais «par respect pour vous et des fonctions que vous occupez, par pudeur, écrit-il, je m’interdis de dire que vous avez menti aux représentants des pays amis du Cameroun et probablement au président de la République et au peuple camerounais».
C’est la raison pour laquelle, «compte tenu de la gravité des propos qui vous sont attribués et qui sont probablement à l’origine de mon arrestation sans enquête préalables et de mon incarcération depuis 44 mois, je me trouve dans la pénible obligation de donner une suite judiciaire à toutes vos dénonciations calomnieuses et autres diffamations, dans un venir proche, devant les juridictions nationales ou ailleurs», conclut l’ex-Minefi dans sa correspondance.
Wikileaks
Une correspondance dont il fait tenir copie au chef de l’Etat,
au Sous-secrétaire d’Etat chargé des Affaires Africaines du département
d’Etat, ainsi qu’aux chefs des missions diplomatiques des pays ayant
participé à la réunion du 17 décembre 2008.
La lettre indique que la fameuse réunion regroupait autour de Amadou
Ali, outre l’ancienne ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun, Madame
Janet Garvey, auteur des câbles diplomatiques (Wikileaks) où sont
contenues les dénonciations en question, le Haut Commissaire du Royaume
Uni de Grande Bretagne et de l’Irlande du Nord au Cameroun et le Chargé
d’Affairesdu Royaume des Pays-Bas au Cameroun. C’est au cours de cette
réunion, écrit Abah Abah, «que vous avez affirmé, selon Madame Garvey,
que M. Dooh Colins a aidé le gouvernement de la République du Cameroun à
identifier et localiser un compte bancaire m’appartenant dans les
livres de la SWISS UBS BANK au Luxembourg, affichant un solde créditeur à
mon profit de 1 200 000 francs suisses».
Des affirmations contre lesquelles l’ex-Minefi déclare s’inscrire en faux et qui visent, selon lui, à jeter de l’opprobre sur sa personne et à monter le chef de l’Etat et le peuple camerounais contre lui. La lettre de Polycarpe Abah Abah intervient au lendemain d’un important rebondissement intervenu le 08 novembre 2011 devant la Cour d’appel du Centre. L’ex-Minefi avait obtenu ce jour là l’annulation de quatre chefs d’accusations sur les cinq se départ. C’était dans un Avant dire droit de l’affaire qui l’oppose à Ministère public. Une annulation de charges qui a fait immédiatement réagir la Chancellerie. Sur les hautes instructions de qui le Parquet général décidera de se pourvoir en cassation. La perspective d’un enlisement de la procédure devant la Cour suprême ne serait pas étrangère à la réaction de la défense : formé aussi pourvoi et dénoncer ouvertement le complot ourdi contre Abah Abah.