On excise encore chez nous


Excision:Camer.beChaque année dans les régions méridionales, du Sud-Ouest et de l'Est du Cameroun, plusieurs femmes arrivent au terme de leur grossesse en sachant qu'elles courent un danger en raison des mutilations sexuelles traditionnelles qu'elles ont subies.Ce traitement devient de plus en plus inquiétant d’autant plus qu’on observe chez certaines victimes des traumatismes, des cas de divorce et chez d’autres leur assassinat en cas de refus.

Selon le professeur Merlin Tougnia chercheur à l'université de Buéa, « Dans la forme la plus extrême, l'excision avec infibulation, où après l'ablation totale des parties génitales externes, les deux côtés de la vulve sont recousus ensemble, le traumatisme est répété à chaque naissance, quand on coupe à nouveau pour permettre le passage de l'enfant. Même dans ses formes moins poussées, l'excision accroît les dangers de l'accouchement ». Cette phrase suffit à elle seule pour décourager les adeptes de l’excision qui ne cessent d’obliger les centaines de femmes à subir cette pratique

Dans les régions de l’Extrême-Nord et du Sud-Ouest. Précisément dans les départements du Logone-et-Chari et de la Manyu. A Yaoundé, au quartier Briqueterie, les petites filles sont excisées. Il ne faut pas oublier qu’avec le mouvement des personnes, les populations voyagent avec leur culture ce qui fait qu’on peut rencontrer la pratique de l’excision dans toutes les régions du pays.

D’après le classement des Nations unies des pays ou la mutilation génitales sont pratiquées, le Cameroun se troupe dans le groupe des moins important, avec un taux de prévalence de l’ordre de 1,4%. Longtemps considéré comme une des affaire « des nordistes et musulmans », fort est de constater que dans la région du sud ouest et particulièrement le Manyu, cette pratique est « quasi systématique » chez les Ejagham par exemple, d’après le chef du village Obi Joseph.

D’après ce dernier, l’excision est systématique, elle fait partie des pratiques traditionnelles existantes dans cette région du pays. « Les jeunes filles qui échappent chez ses parents, la subissent après l’accouchement .Pour perpétuer la tradition la belle famille exerce une très forte pression sur le mari qui est obligé de céder. Dans les villages comme Eyumodjock, Njemaya, Ogurang. Mbabong, et autres villages dans le Manyu, les jeunes filles sont toujours excisées et ceci a la demande des parents, grands parents et de la belle famille.

A Meiganga, ville du Cameroun située dans la région de l'Adamaoua et chef-lieu du département du Mbéré , la pratique de l'excision est connue de tous, En dépit de toutes les campagnes de sensibilisation contre cette pratique, les jeunes filles avec le consentement de leurs parents sont obligés de subir cette rituelle, devant le silence des autorités locales

Sans toute fois prendre le risque de nous tromper, nous savons bel et bien qu’aucune religion contemporaine n'impose l'excision. Les grands marabouts pratiquant pensent encore que la tradition l’exige pour préserver la virginité, exigée par le futur mari, et à supprimer la sexualité.

Plusieurs gouvernements africains ont commencé à s'élever contre cette pratique, mais jusqu'ici seul le Ghana a adopté une législation spécifique.
Au Burkina Faso, les campagnes menées depuis 1990 par l'intermédiaire du Comité national contre l'excision se sont intensifié ces trois dernières années grâce à un soutien accru du gouvernement; les responsables de décès consécutifs à une excision ont été poursuivis devant les juridictions pénales.

L'excision, demeure l'une des pires violations de la convention relative aux droits de l'Homme.

Au Cameroun, depuis bientôt une décennie, plusieurs groupes féminins, organisations de défense et de promotion des droits de l'Homme, ne cessent d’exercer sur le pouvoir en place des pressions croissantes pour l'abolition de l'excision. L’association de lutte contre l'excision dans le Grand Est, diligentée par madame Marie Akamba s’est donnée pour principale mission de sensibiliser dans les régions du Cameroun les plus vulnérables à cette pratique.

A ce jour au Cameroun, des centaines de demoiselles sont obligées de quitter leur village pour des destinations inconnues a cause de ces pratiques malsaine. Cette situation n’honore guère le Cameroun

Aucune mesure n’a été prise par le gouvernement camerounais pour éradiquer cette coutume car, déjà en 1998 un comité de lutte composé de membres originaires des différentes parties du pays touchées par cette pratique avait été mis en place pour barrer la voie à cette pratique. Paradoxe, parmi ces membres certains demeurent très attachés à la coutume. Toutes les explications de géographie sanitaire et humanitaire qu'on peut donner à la pratique de l’excision au Cameroun, ne tiendraient pas sans la volonté rétrogrades de nos dirigeants, qui sont sans doute l’indicateur salvateur de la protection effective des droits de l’Homme.

© Camer.be : Yolande Tankeu



19/10/2012
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