Olanguena Awono : «L’exercice d’un pouvoir public ne doit pas être le bien exclusif d’une personne »

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Cet ancien ministre de la Santé public est écroué depuis 2008 à la prison de Kondengui à Yaoundé. Il est accusé de détournement de derniers publics mais, a toujours clamé son innocence se présentant comme prisonnier politique. Dans cet extrait de son nouvel ouvrage titré «Mensonges d’Etat : Désert de République au Cameroun» paru en février 2016 aux éditions du Schabel, celui qui est toujours militant du RDPC vante les vertus de l’alternance.

Au total, seuls un bon choix et un bon fonctionnement institutionnels permettront une gouvernance démocratique plus créative et capable de se renouveler. Dans ce sens d’ailleurs, l’alternance démocratique et l’organisation à cet effet des élections crédibles sur base de fichiers électroniques et biométriques par un organe électoral neutre, apparaissent comme des impératifs de stabilité. Ainsi, se posera à nouveau la question de la limitation des mandats pour la fonction de Président de la République (article 6 de la constitution).Tout bien considéré, le pouvoir corrompt et use, aussi est-il de bons sens de limiter les mandats.

 

Cette limitation utile au renouvellement des élites dirigeantes et à l’oxygénation de la République doit s’appuyer pour assurer pleinement ces buts sur un système électoral transparent à deux tours, comme c’est le cas dans nombre de démocraties modernes. Dans une trajectoire de refondation et de modernisation institutionnelle, il est temps pour le Cameroun de comprendre que l’exercice d’un pouvoir public, quel qu’il soit, ne doit pas être le bien exclusif d’une personne ou d’un clan. La fonction politique n’est pas une charge de notaire.

 

A partir de là, l’on conçoit mieux que le renouvellement de la fonction présidentielle par l’élection au suffrage universel et la limitation de mandats est une demande normale du peuple. Elle est même aujourd’hui un impératif d’oxygénation de la République qu’exige notre ambition de progrès. Rétablir la limitation des mandats présidentiels à deux tours, de cinq ou sept ans selon le consensus, est donc un horizon de réforme constitutionnelle incontournable pour le Cameroun.

 

Cette fois, la réforme nécessairement refondatrice devrait veiller au rééquilibrage des institutions et à leur cohérence pour fixer les piliers d’une nouvelle République au regard de l’histoire des institutions du Cameroun. L’intérêt d’inscrire sur du marbre cette réforme historique serait naturellement élevé pour exiger son adoption par voie de référendum afin que toute modification ultérieure  de ses dispositions et garanties substantielles suive la même voie. Ce serait le meilleur moyen de protéger la constitution et de la soustraire à l’aléa politique des majorités parlementaires changeantes.

 

 
Partout dans le monde, les études empiriques montrent les inconvénients et le recul démocratique de longs règnes interminables qui finissent par faire ressembler une République à une monarchie. Dans ces conditions, l’absence d’oxygénation de la vie politique, le non-renouvellement de génération des élites dirigeantes, le phénomène de cour, les travers clientélistes et népotistes etc. sont autant d’ingrédients d’une dérive autocratique et d’un système de corruption qui s’installent peu à peu au détriment de la démocratie, de la morale et des droits des citoyens. Il faut rompre avec ce genre de régression car le monde autour de nous change vite, et la majorité de pays conviennent aujourd’hui que la limitation des mandats à la tête de l’Etat est une meilleure option de gouvernance démocratique et une exigence républicaine fondamentale.
 

A contrario, la non-limitation est un piège institutionnel qui, si l’on n’y prend garde, conduit à l’omnipotence du système dirigeant, exacerbe les effets pervers de «la présidence monarchique» et démultiplie les dérives de la gouvernance patrimoniale des dirigeants qui entendent s’éterniser au pouvoir. Invariablement, là où ces phénomènes sont à l’œuvre, comme c’est le cas dans nombre de pays du continent africain, les valeurs démocratiques et républicaines reculent et sont inversées, et avec elles malheureusement les opportunités de progrès pour les nations victimes.

Extrait des pages 386 à 388

 



14/04/2016
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