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Obsèques : La dernière œuvre littéraire de Ferdinand Oyono
Le tout Yaoundé administratif et politique était présent à la morgue de l’hôpital général hier matin pour s’incliner devant la dépouille de ce haut commis de l’Etat. Ambiance lourde à la mise en bière. En voyant le cercueil de couleur blanche aux couleurs du drapeau national, dans lequel l’ex ministre d’Etat Ferdinand Leopold Oyono décédé le 10 Juin 2010 des suites d’un arrêt cardiaque, repose, beaucoup de sceptiques qui jusqu’ici doutaient encore de la mort de celui qui occupait les fonctions d’ambassadeur itinérant à la présidence de la République, se sont rendus à l’évidence. Le « vieux nègre » est bien mort.

 

Jusqu'à cette fatidique journée du jeudi 10 juin,  beaucoup se sont bien rendu compte de la triste réalité. Et pour s’en convaincre, ils étaient des milliers à converger dès 10 heures à la morgue de l’hôpital général de Yaoundé hier jeudi, 24 juin 2010 malgré son étroitesse. Amis,  étudiants, associations de femmes du Sud, proches, connaissances, membres du gouvernement au complet avec à leur tête le vice Premier ministre, ministre de la Justice, Garde des Sceaux M. Amadou Ali par ailleurs  représentant personnel du chef de l’Etat aux obsèques officielles dédiées à son ami de longue date. Ils ont suivi avec beaucoup d’attention, le regard triste, abattu par le chagrin qui a transpercé les cœurs à l’annonce de la disparition brutale de ce baobab qui aura tout donné à son pays en termes de rayonnement diplomatique au bout de 81 années de vie terrestre.

 

La morgue

Lorsque Mgr. Jérôme Owono Mimboe, évêque émérite d’Obala, assisté de l’abbé Mvogo de la paroisse Saint Vincent Palloti de Nlongkak, accompagné par les chants de la Voix du Cénacle du Pr Gervais Mendo Zé, débute la prière de bénédiction de la dépouille qui dure un peu plus d’une demi heure, un silence profond s’empare de la salle.  Vient alors la procession autour de la dépouille. Comme à l’accoutumée, lors des grands deuils, les bousculades ne sont pas d’actualité ici. Amadou Ali s’incline en premier lieu devant le cercueil, les autres membres du gouvernement le suivent au rang desquels, Jacques Fame Ndongo, René Emmanuel Sadi, Laurent Esso, André Mama  Fouda, Jules Doret Ndongo…etc.  Et quelques anciens membres du gouvernement comme le Pr. Gervais Mendo Ze, Augustin Kountchou Komeni, Ibrahim Bombo Njoya, Augustin Edzoa et bien d’autres que l’on a vu très actifs dans les préparatifs de ces obsèques.

Après l’étape protocolaire, marquée par la présence de nombreux éléments des forces de police, qui après la mise en bière, ont transporté le cercueil pour l’installer dans le corbillard réquisitionné par l’organisation ; avec la gerbe de fleurs de couleur rouge du couple présidentiel pour marquer tout l’amour dû à l’illustre disparu. Le cortège pouvait ainsi s’ébranler vers la résidence du défunt sis au quartier Bastos.

 

La résidence

A l’arrivée du cortège funèbre au quartier Bastos, le cercueil recouvert du drapeau tricolore a été installé au grand salon de la résidence, joliment décoré pour la circonstance. Ça et là, sont entreposés une demi-douzaine de gerbe de fleurs et quelques portraits du disparu placardés de part et d’autre sur le mur. A côté d’un autel sur lequel repose l’un de ces portraits, une bougie  est allumée. Les enfants Oyono ont choisi cet endroit pour y déposer leur gerbe de fleurs. Mais ce qui retient notre attention c’est davantage cette belle gerbe de fleurs au couleur rouge vif, sur laquelle est inscrite en caractère rouge or, monsieur et madame Biya. Cette marque d’attention du chef de l’Etat à l’endroit du disparu est le témoignage de la grande estime de Paul Biya pour son ami de longue date. Ce dernier,dont on disait être l’un de ses amis les plus écoutés, le lui a d’ailleurs bien rendu. Il a été de tous les moments, bon comme mauvais depuis l’accession à la magistrature suprême en passant par le coup d’état manqué du 06 avril 1984 où le disparu occupait les fonctions de secrétaire général de la présidence de la République.

 

L’homme

Fidèle, patriote, Ferdinand Léopold Oyono a servi son maître jusqu’au dernier jour. Il a été de la plupart des voyages du chef de l’Etat  en sa qualité de ministre des Relations Extérieures, ou de ministre d’Etat, ministre de la Culture. Sur le plan diplomatique, le vieux nègre a contribué au rayonnement de l’image du Cameroun à l’échelle internationale grâce aux nombreux postes consulaires occupés à  travers le monde , matérialisé par une diplomatie de présence du Cameroun sur la scène internationale et qui l’ont conduit dans pas moins de 15 pays où il a occupé le poste d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, Paris,  Belgique, Algérie, Tunisie, Maroc , Royaume Uni…etc.

Sur le plan littéraire, Ferdinand Léopold Oyono a commis plusieurs ouvrages de haute qualité parmi lesquels le vieux nègre et la médaille1955, chemin d’Europe 1960 et une vie de boy, 1955, publiés par la maison Julliard.

C’est sur cette vaste bibliothèque qui restera à jamais gravée dans la mémoire collective que le chef de l’Etat a dédiée des obsèques officielles. Même si ce dernier se fera représenté comme à l’accoutumée. Outre la grande veillée avec corps hier soir, ponctue par un office religieux catholique et protestant, la messe sera dite par Mgr Victor Tonye Bakot et le culte protestant par le pasteur Mokouembé , pour le repos de sa mémoire. L’organisation a prévu pas moins de sept célébrations religieuses. Cela s’explique. Dans sa biographie, il est fait mention de ses convictions religieuses. ‘Catholique convaincu, chrétien pratiquant’, F. L. O. était un.

La suite du programme prévoit ce jour le départ du cortège avec une première escale à Ngoulemakong par Ebolowa ; puis les cérémonies funèbres se poursuivent dans l’après midi  à Ngoazip, village du défunt, situé à 27 km d’Ebolowa. L’inhumation suivra en fin de matinée samedi 26 Juin dans la stricte intimité familiale après une série de témoignages. Ainsi ce referme la vie d’une bibliothèque.

 

Floriane Payo