La déposition de Michel Owona pourrait compliquer la tâche à la défense qui l’a cité devant le Tribunal criminel spécial.
Enfin un témoin pour Ntongo Onguéné. Plusieurs fois, ses conseils ont excusé ceux qui auraient dû déposer pour eux. Hier, Me Beliga a présenté Michel Owona comme témoin de son client. Répondant aux questions du conseil du principal accusé, ce dernier assure que c’est quelqu’un qui suit habituellement ce procès qui l’a informé qu’il est cité comme témoin de Ntongo Onguéné, son ex-employeur, alors directeur général des Aéroports du Cameroun (ADC).
« Je me suis donc présenté au tribunal », affirme-t-il. Aux ADC, Michel Owona, ingénieur du génie civil, chef de service des Bâtiments et Aménagement à l’époque des faits, est susceptible d’en savoir davantage sur le marché concédé à l’entreprise Arodès pour l’aménagement du salon VIP de l’aéroport de Douala. Marché soupçonné fictif par le ministère public.
Première surprise, Michel Owona donne l’impression qu’il n’a qu’une connaissance vague de ce qu’il vient faire au tribunal. Me Beliga a dû le briefer séance tenante. Deuxième surprise, le témoin ne se souvient pas avoir inspecté des travaux concernant l’aménagement du salon VIP par Arodès. Par contre, il soutient que ces travaux ont dû être effectués par MTN, s’il se fie à l’affiche postée à l’entrée du chantier à l’époque. « Mon chef du département Maintenance opérationnelle de l’époque, Etoa Mendoman (actuel directeur de l’aéroport de Douala qui a témoigné contre Ntongo Onguéné), m’avait interdit l’accès à ce chantier. Ne pouvant opposer un bras de fer à mon chef, je notais mes difficultés dans mes rapports d’inspection ».
Pendant la re-examination, répondant aux questions du conseil de Ntongo Onguéné, Michel Owona avoue néanmoins qu’il ne pouvait pas avoir la prétention de connaître tous les travaux ordonnés par ADC, car il a des collègues qui peuvent faire un travail similaire. Il affirme aussi qu’un autre salon, en piteux état à l’aéroport de Douala, avait dû subir des aménagements sans qu’il sache par qui. Il a tenté de situer cet autre salon.
C’est à ce moment qu’un avocat du cabinet Fojou, conseil des ADC, intervient véhément et oppose une objection. Me Beliga est scandalisé par cette réaction car, le témoin commence à dire des choses pouvant disculper son client. Le président du collège des juges, Yap Abdou, ordonne que l’avocat continue sa re-examination. Pour cet autre chantier, Michel Owona ne sait pas davantage. « Il régnait un remue-ménage aux ADC entre mes supérieurs hiérarchiques. Je ne m’en mêlais pas», lance-t-il. L’audience reprendra le 30 août prochain pour les réquisitions de l’avocat général.