Un avocat camerounais connu pour défendre des personnes homosexuelles, Me Michel Togué, a affirmé jeudi à l'AFP avoir reçu des "menaces de mort", comme avant lui sa consoeur Alice Nkom.
"J'ai très peur pour ma famille et mes enfants. Depuis deux semaines, nous sommes victimes de menaces de mort de personnes inconnues", a affirmé Me Togué. "Ces menaces qui se font à travers des appels et des SMS ont, dans un premier temps, été envoyés à la directrice du collège de mon fils aîné, ensuite à mon épouse et après à moi-même", a-t-il ajouté.
L'épouse de l'avocat a notamment reçu un appel dans lequel on lui demandait "lequel de ses enfants elle préférait sacrifier pour amener son mari à renoncer à la défense des personnes homosexuelles", a précisé l'avocat, dans un courrier électronique envoyé à une organisation de défense des droits humains, avec copie à l'AFP. Il a souligné que la personne qui appelait connaissait les noms de ses quatre enfants. L'avocat a reçu lui-même le message suivant: "+M. Togué, choisis celui de tes enfants que nous allons transformer en pédé comme toi.
Dans un communiqué, l'ONG Human Rights Watch a appelé les autorités camerounaises "à enquêter sans plus tarder sur les menaces visant deux éminents avocats qui représentent des clients accusés d'homosexualité".
"Le gouvernement devrait dénoncer publiquement les menaces proférées contre les avocats de la défense et veiller à ce qu'ils bénéficient de toute la protection nécessaire" ajoute le document, qui reproche à la politique du gouvernement camerounais de "renforcer" le climat homophobe dans le pays. Le procès (en appel) de deux Camerounais condamnés à cinq ans d'emprisonnement et détenus depuis novembre a été très médiatisé dans le pays, de même que celui (en première instance) de deux femmes accusées d'être homosexuelles, ou encore l'incarcération d'un Camerounais condamné à trois ans de prison pour homosexualité.