Nord-Ouest : Une campagne sans les candidats
Source: Camerbe29 01 20
- Le Jour : Franklin Kamtche
- mercredi 29 janvier 2020
Les affrontements entre miliciens sécessionnistes et forces de défense se poursuivent, tandis que les candidats se cachent encore.
Trois jours après le lancement de la campagne électorale pour le double scrutin du 9 février, les sièges de plusieurs partis politiques ne grouillent pas de monde. Certains donnent même l'impression d'être abandonnés depuis des lustres. Ce n’est plus un fait de dire que depuis que les enlèvements se succèdent, de nombreux candidats ont élu domicile dans des régions très éloignées de leur base politique, notamment à Douala et Yaoundé. Ni John Fru Ndi, le charismatique président du Sdf, gère ses affaires à partir de Yaoundé. C’est donc dans un Bamenda fortement militarisé que des membres du gouvernement ont lancé samedi dernier, sous la présidence de l’ex-Premier ministre Philemon Yang, au bord de la piscine d’un hôtel gouvernemental, le meeting de démarrage de la campagne du Rdpc dans la région du Nord-Ouest.
Les nouvelles sont alarmantes, au plan sécuritaire. Dans la journée du lundi, on faisait écho d’une violente altercation entre des miliciens séparatistes et les forces gouvernementales à Kikaikom, un village du Bui, qui a fait 13 morts chez les assaillants et des dégâts humains et matériels chez les forces de défense. Ce qui n’est pas un cas isolé. D’importantes quantités d’armes et des munitions ont été saisies chez ces gens, qui ont décidé de faire du Nord-Ouest et du Sud-Ouest des régions fantômes, pendant toute la durée de la campagne électorale. Par une opération spéciale « lockdown », le « haut commandement » des « forces militaires d’Ambazonie » a en effet non seulement prescrit des villes mortes, comme chaque fois que le gouvernement organise une activité, mais surtout décidé de la paralysie générale de ces régions, du 7 au 12 février 2020. Chacun dit s’enfermer chez lui. « Toute personne vue à l’extérieur des villes et des villages sera considéré comme un ennemi et traité comme tel », menace-t-il.
Meetings risqués
Les potentiels candidats ont été contraints à renoncer à la compétition, par la méthode forte. Des listes entières du Sdf aux municipales ont désisté. « Nous, membres de la circonscription électorale de Ndu, déclarons notre non-participation à quelque processus électoral que ce soit, jusqu’à ce que la paix soit restaurée dans notre communauté en particulier et dans le Nord-Ouest et Sud-Ouest en général », ont-ils informé Fru Ndi. La riposte du pouvoir, face aux attaques des combattants sécessionnistes, est perceptible. Le portail des camerounais de Belgique (@camer.be). Mais la campagne est fortement perturbée par des combats presque quotidiens. Il n’y a pas jusqu’aux journalistes, qui ne veulent se mettre à l’abri. De passage dans la région, le président du Conseil électoral d’Elecam, Enow Abrams Egbe, s’est voulu rassurant. Aux quelques 604 000 potentiels électeurs, il a donné des assurances en annonçant la reconduction du système de vote mis en place lors de la présidentielle de 2018 : regroupement des bureaux en un centre de vote, limitation des déplacements des électeurs, création des corridors de sécurité. Résultat attendu.