Nomination des sénateurs: Y a-t-il de quoi pavoiser?
Doaula, 21 mai 2013
© Le Messager
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L’actualité
au Cameroun le jour de la fête de l’Ascension est dominée par la
nomination des sénateurs ; en effet 30 sénateurs, à raison de 3 par
région, ont été nommés par décret présidentiel le 08 mai 2013.
L’actualité au Cameroun le jour de la
fête de l’Ascension est dominée par la nomination des sénateurs ; en
effet 30 sénateurs, à raison de 3 par région, ont été nommés par décret
présidentiel le 08 mai 2013. Pour compléter les 70 « élus » au cours du
scrutin controversé du 14 avril dernier. On peut en effet se demander de
quelle légitimité ces sénateurs peuvent se prévaloir. Certes, ils ont
été nommés en application de dispositions constitutionnelles. Cependant,
il y a deux problèmes:
D’abord, il n’y a jamais eu de consensus autour de la Constitution de la République, toujours taillée sur mesure, et adoptée par un parlement issu d’élections entachées de fraudes massives ; Ensuite, lorsqu’on sait comment se passent les nominations au Cameroun, on ne peut que se poser des questions ; pour être nommé, il faut entrer dans les bonnes grâces du pourvoyeur de poste, qui au Cameroun jouit du pouvoir discrétionnaire. Et pour y parvenir, on sait comment cela se passe chez nous ; corruption, trafic d’influence, favoritisme, clientélisme, copinage, népotisme, tribalisme, compromissions de toutes sortes, appartenance à certains cercles ésotériques, j’en passe et des meilleurs. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les détenteurs de ce fameux pouvoir discrétionnaire, eux-mêmes nommés discrétionnairement, ne se sont distingués ni par leur probité, ni par leur rectitude morale, ni par leur ardeur au travail, ni par leur compétence. Si ces méthodes avaient permis de sélectionner les meilleurs d’entre nous pour pourvoir aux différents postes, notre administration serait effectivement productive, efficace et soucieuse de l’intérêt général et du bien commun, ce qui est loin d’être le cas. C’est plutôt le règne de la corruption, de l’incurie, de la concussion, des détournements de deniers publics, de malversations de toutes sortes. Voilà où ont conduit les nominations façon renouveau ; elles se sont révélées être de véritables calamités pour notre pays qui se trouve pris en otage par des prédateurs, animés par une voracité insatiable, à nulle autre pareille ; c’est pourquoi on retrouve d’anciens ministres et premiers ministres qui se bousculent au portillon. Peut-on dans ces conditions être fier d’une nomination, fût-ce au poste de sénateur ?
Quand un système est ainsi animé par un individu qui nomme à tous les postes de l’administration, qui nomme les parlementaires et les membres du corps judiciaire, c’est-à-dire qui contrôle l’exécutif, le législatif et le judiciaire, comment peut-on l’appeler ? Vous avez dit autocratie ? Car à force de vouloir tout contrôler, il finit par se nommer lui-même président de la République et les élections dans ces conditions ne sont que des nominations déguisées. C’est la personnalité des personnes nommées qui inquiète davantage ; en effet, on y retrouve des anciens hauts fonctionnaires, des hommes d’affaires prospères, et surtout des monarques traditionnels. L’on peut se demander si ces personnes aurait été sénateurs si elles avaient sollicité le suffrage des électeurs au cours d’un scrutin transparent. Ces nominations consacrent le rôle de faiseur de rois de M. Biya, qui s’est arrangé pour être le réel vainqueur des sénatoriales. Cela remet en cause le caractère démocratique de la désignation des membres du sénat. Et de toutes façons, ils seront encore moins légitimes que les « élus », lorsqu’on sait que le corps électoral ayant désigné les 70, souffrait de deux handicaps majeurs : il était incomplet, parce que uniquement composé de conseillers municipaux, et son mandat avait déjà expiré. Si l’on y ajoute le fait que le vote n’était pas libre, puisque les électeurs étaient contrôlés, on comprend que le scrutin qui a abouti à l’élection des sénateurs n’était démocratique que de nom.
Si certains sénateurs vont être sortis de l’anonymat et leur situation financière va connaître un changement radical, d’autres par contre ont déjà une renommée et sont financièrement bien placés ; c’est le cas de certains monarques traditionnels et de certains hommes d’affaires florissants ; on peut à juste titre se demander ce qu’ils vont chercher au sénat ; le titre de sénateur ? L’immunité ? Les avantages matériels ? Le prestige ? La question est pertinente pour une institution bancale en mal de légitimité qui va inutilement coûter cher au contribuable.
Le titre de sénateur va conférer des avantages matériels aussi bien aux titulaires qu’aux suppléants. M. Biya, qui a nommé en vertu de sa seule munificence attend une contre partie ; en effet cette nomination est loin d’être un acte magnanime et désintéressé. Les bénéficiaires devront prouver leur reconnaissance ; comment ? Ce n’est pas compliqué ; comme dans l’administration camerounaise, ceux qui sont nommés doivent montrer leur gratitude en soutenant M. Biya, qui ne fait pas mystère de son intention de s’éterniser au pouvoir par tous les moyens. Surtout que nous sommes à la veille des échéances électorales. Les hommes d’affaires vont financer la campagne électorale, et les chefs traditionnels vont user de leur influence pour pousser leurs populations à voter pour le parti au pouvoir. Le sénat, comme du reste l’administration publique, a été ainsi réduit à un moyen de conservation de pouvoir par le régime.
Ce sénat aurait dû être composé des patriotes les plus ardents, des plus dévoués à la cause nationale. On aurait dû y retrouver les Camerounais les plus intègres, les plus compétents dans leurs secteurs d’activité respectifs ; malheureusement, le monarque qui règne sur le Cameroun a verrouillé le processus électoral, et on n’y retrouve que des personnalités à son image.
Par Tchassé Jean-Claude.
Pleg HE/Bafoussam
D’abord, il n’y a jamais eu de consensus autour de la Constitution de la République, toujours taillée sur mesure, et adoptée par un parlement issu d’élections entachées de fraudes massives ; Ensuite, lorsqu’on sait comment se passent les nominations au Cameroun, on ne peut que se poser des questions ; pour être nommé, il faut entrer dans les bonnes grâces du pourvoyeur de poste, qui au Cameroun jouit du pouvoir discrétionnaire. Et pour y parvenir, on sait comment cela se passe chez nous ; corruption, trafic d’influence, favoritisme, clientélisme, copinage, népotisme, tribalisme, compromissions de toutes sortes, appartenance à certains cercles ésotériques, j’en passe et des meilleurs. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les détenteurs de ce fameux pouvoir discrétionnaire, eux-mêmes nommés discrétionnairement, ne se sont distingués ni par leur probité, ni par leur rectitude morale, ni par leur ardeur au travail, ni par leur compétence. Si ces méthodes avaient permis de sélectionner les meilleurs d’entre nous pour pourvoir aux différents postes, notre administration serait effectivement productive, efficace et soucieuse de l’intérêt général et du bien commun, ce qui est loin d’être le cas. C’est plutôt le règne de la corruption, de l’incurie, de la concussion, des détournements de deniers publics, de malversations de toutes sortes. Voilà où ont conduit les nominations façon renouveau ; elles se sont révélées être de véritables calamités pour notre pays qui se trouve pris en otage par des prédateurs, animés par une voracité insatiable, à nulle autre pareille ; c’est pourquoi on retrouve d’anciens ministres et premiers ministres qui se bousculent au portillon. Peut-on dans ces conditions être fier d’une nomination, fût-ce au poste de sénateur ?
Quand un système est ainsi animé par un individu qui nomme à tous les postes de l’administration, qui nomme les parlementaires et les membres du corps judiciaire, c’est-à-dire qui contrôle l’exécutif, le législatif et le judiciaire, comment peut-on l’appeler ? Vous avez dit autocratie ? Car à force de vouloir tout contrôler, il finit par se nommer lui-même président de la République et les élections dans ces conditions ne sont que des nominations déguisées. C’est la personnalité des personnes nommées qui inquiète davantage ; en effet, on y retrouve des anciens hauts fonctionnaires, des hommes d’affaires prospères, et surtout des monarques traditionnels. L’on peut se demander si ces personnes aurait été sénateurs si elles avaient sollicité le suffrage des électeurs au cours d’un scrutin transparent. Ces nominations consacrent le rôle de faiseur de rois de M. Biya, qui s’est arrangé pour être le réel vainqueur des sénatoriales. Cela remet en cause le caractère démocratique de la désignation des membres du sénat. Et de toutes façons, ils seront encore moins légitimes que les « élus », lorsqu’on sait que le corps électoral ayant désigné les 70, souffrait de deux handicaps majeurs : il était incomplet, parce que uniquement composé de conseillers municipaux, et son mandat avait déjà expiré. Si l’on y ajoute le fait que le vote n’était pas libre, puisque les électeurs étaient contrôlés, on comprend que le scrutin qui a abouti à l’élection des sénateurs n’était démocratique que de nom.
Si certains sénateurs vont être sortis de l’anonymat et leur situation financière va connaître un changement radical, d’autres par contre ont déjà une renommée et sont financièrement bien placés ; c’est le cas de certains monarques traditionnels et de certains hommes d’affaires florissants ; on peut à juste titre se demander ce qu’ils vont chercher au sénat ; le titre de sénateur ? L’immunité ? Les avantages matériels ? Le prestige ? La question est pertinente pour une institution bancale en mal de légitimité qui va inutilement coûter cher au contribuable.
Le titre de sénateur va conférer des avantages matériels aussi bien aux titulaires qu’aux suppléants. M. Biya, qui a nommé en vertu de sa seule munificence attend une contre partie ; en effet cette nomination est loin d’être un acte magnanime et désintéressé. Les bénéficiaires devront prouver leur reconnaissance ; comment ? Ce n’est pas compliqué ; comme dans l’administration camerounaise, ceux qui sont nommés doivent montrer leur gratitude en soutenant M. Biya, qui ne fait pas mystère de son intention de s’éterniser au pouvoir par tous les moyens. Surtout que nous sommes à la veille des échéances électorales. Les hommes d’affaires vont financer la campagne électorale, et les chefs traditionnels vont user de leur influence pour pousser leurs populations à voter pour le parti au pouvoir. Le sénat, comme du reste l’administration publique, a été ainsi réduit à un moyen de conservation de pouvoir par le régime.
Ce sénat aurait dû être composé des patriotes les plus ardents, des plus dévoués à la cause nationale. On aurait dû y retrouver les Camerounais les plus intègres, les plus compétents dans leurs secteurs d’activité respectifs ; malheureusement, le monarque qui règne sur le Cameroun a verrouillé le processus électoral, et on n’y retrouve que des personnalités à son image.
Par Tchassé Jean-Claude.
Pleg HE/Bafoussam