Njawe, Ahidjo et Biya !
YAOUNDE - 16 JUILLET 2010
© DALLE NGOK PIERRE | Aurore Plus
Qui le savait ? Pius était un fervent admirateur de Ahmadou Ahidjo...
Qui le savait ? Pius était un fervent admirateur de Ahmadou Ahidjo. Il était littéralement subjugué par le père de la nation et mégalomane, n'hésitait pas à raconter cette histoire sans doute sortie de son fertile cerveau: «vous savez ce que Ahidjo m'a fait à Bertoua ? J'étais reporter photographe à la Gazette; lors de sa tournée à l'Est, je faisais des photos de lui avec mon Kodak. Le fermoir de l'objectif est tombé sans que je rende compte. A un moment, quelqu'un m'a tapoté l'épaule. Je me tourne et Ahidjo me tend l'objet en disant: jeune homme vous avez perdu ceci».
A la fin des années 70, toute conférence de rédaction commençait, par cette anecdote plusieurs fois ressassée. Les journalistes prenaient leur mal en patience avant d'entamer la discussion sur le menu du journal.
Assez curieusement, Njawe n'a jamais été inquiété au temps d'Ahidjo. Juste quelques tracasseries policières sans importance. C'est sous Biya que son calvaire, qu'il appelait souvent et souhaitait de tous ses vœux a commencé. Oh, pas tout de suite ! Quand Biya arrive en 1982, Njawe comme tous les camerounais lui déroule le tapis rouge. Le Messager n'en avait plus que pour le Renouveau. C'est bien plus tard, quand les dérapages ont commencé, notamment avec la fameuse critique de Maurice Kamto sur le livre de Mono Ndjana: «l'idée sociale chez Paul Biya».
Cette critique, publiée par le Messager, lui attira les foudres du pouvoir. Maurice Kamto qui a aujourd'hui et sans vergogne changé de veste, fut lui-même embastillé. La polémique enfla au point où le journal fut taxé de tribune des opposants. Dix ans après la naissance du Messager, Njawe avait trouvé son créneau et les affaires devinrent florissantes. Les gens avaient envie de s'exprimer et le Messager servira de tribune à tout les frustrés de la terre: intellectuels aigris ou visionnaires; tribalistes invétérés comme Shanda Tonme, Sindjoum Pokam, Mono Ndjana ou Joseph Owona; fonctionnaires et ministre écartés de la mangeoire s'exprimaient publiquement ou sous anonymat à travers le journal. Le tirage augmentait et Pius se frottait les mains.
Le messager repartit de plus belle avec un article de Jean Baptiste Sipa qui pour la première fois, eu le courage de dénoncer le monolithisme politique dans le renouveau. C'était en 1989. Fochivé veillait au grain. Njawe fut convoqué au cener pour s'expliquer sur le véritable auteur de cette bafouille. Le gars aimait cela. Il faut dire à sa décharge qu'il ne craignait point les coups, surtout que cela faisait monter sa cote. Ses ennuis étaient relayés par des fonctionnaires de l'ambassade américaine au niveau international. La naissance du héros était programmée, par la volonté des dieux ! Malgré lui, pour une broutille, Biya l'envoie en prison. Bonjour 'le martyr'...
Aux critiques contre lui, il répondra qu'il soutenait le renouveau originel qui avait, à l'avènement de Biya, proclamé la liberté d'expression. Mais pris en otage par les ethno- tri- balistes dont il se servait pour faire grimper le tirage, Njawe n'en avait cure. Tout comme Biya qui était sous la coupe réglée des sécuritaires du régime qui voyaient des complots partout.
© DALLE NGOK PIERRE | Aurore Plus
Qui le savait ? Pius était un fervent admirateur de Ahmadou Ahidjo...
Qui le savait ? Pius était un fervent admirateur de Ahmadou Ahidjo. Il était littéralement subjugué par le père de la nation et mégalomane, n'hésitait pas à raconter cette histoire sans doute sortie de son fertile cerveau: «vous savez ce que Ahidjo m'a fait à Bertoua ? J'étais reporter photographe à la Gazette; lors de sa tournée à l'Est, je faisais des photos de lui avec mon Kodak. Le fermoir de l'objectif est tombé sans que je rende compte. A un moment, quelqu'un m'a tapoté l'épaule. Je me tourne et Ahidjo me tend l'objet en disant: jeune homme vous avez perdu ceci».
A la fin des années 70, toute conférence de rédaction commençait, par cette anecdote plusieurs fois ressassée. Les journalistes prenaient leur mal en patience avant d'entamer la discussion sur le menu du journal.
Assez curieusement, Njawe n'a jamais été inquiété au temps d'Ahidjo. Juste quelques tracasseries policières sans importance. C'est sous Biya que son calvaire, qu'il appelait souvent et souhaitait de tous ses vœux a commencé. Oh, pas tout de suite ! Quand Biya arrive en 1982, Njawe comme tous les camerounais lui déroule le tapis rouge. Le Messager n'en avait plus que pour le Renouveau. C'est bien plus tard, quand les dérapages ont commencé, notamment avec la fameuse critique de Maurice Kamto sur le livre de Mono Ndjana: «l'idée sociale chez Paul Biya».
Cette critique, publiée par le Messager, lui attira les foudres du pouvoir. Maurice Kamto qui a aujourd'hui et sans vergogne changé de veste, fut lui-même embastillé. La polémique enfla au point où le journal fut taxé de tribune des opposants. Dix ans après la naissance du Messager, Njawe avait trouvé son créneau et les affaires devinrent florissantes. Les gens avaient envie de s'exprimer et le Messager servira de tribune à tout les frustrés de la terre: intellectuels aigris ou visionnaires; tribalistes invétérés comme Shanda Tonme, Sindjoum Pokam, Mono Ndjana ou Joseph Owona; fonctionnaires et ministre écartés de la mangeoire s'exprimaient publiquement ou sous anonymat à travers le journal. Le tirage augmentait et Pius se frottait les mains.
Le messager repartit de plus belle avec un article de Jean Baptiste Sipa qui pour la première fois, eu le courage de dénoncer le monolithisme politique dans le renouveau. C'était en 1989. Fochivé veillait au grain. Njawe fut convoqué au cener pour s'expliquer sur le véritable auteur de cette bafouille. Le gars aimait cela. Il faut dire à sa décharge qu'il ne craignait point les coups, surtout que cela faisait monter sa cote. Ses ennuis étaient relayés par des fonctionnaires de l'ambassade américaine au niveau international. La naissance du héros était programmée, par la volonté des dieux ! Malgré lui, pour une broutille, Biya l'envoie en prison. Bonjour 'le martyr'...
Aux critiques contre lui, il répondra qu'il soutenait le renouveau originel qui avait, à l'avènement de Biya, proclamé la liberté d'expression. Mais pris en otage par les ethno- tri- balistes dont il se servait pour faire grimper le tirage, Njawe n'en avait cure. Tout comme Biya qui était sous la coupe réglée des sécuritaires du régime qui voyaient des complots partout.