Le chairman du Social Democratic Front fait le point des préparatifs du congrès du Sdf et analyse les derniers
développements de l’actualité nationale.
Sur quoi ont porté les échanges de plus de cinq heures que vous avez eus ce 7 juillet au palais de Ntarikon avec une délégation conduite par l’ambassadeur de l’Afrique du Sud au Cameroun?
C’était une visite privée. Je vous tiendrai informé le moment opportun. Certes, nous avons discuté des grands sujets de l’heure au Cameroun. L’expérience sud-africaine nous flatte, mais il ne revient pas aux Sudafricains de résoudre nos problèmes.Voyez comme ils ont déjà résolu plusieurs problèmes dans leur pays.
A trois mois du congrès tant attendu de votre parti, quel est l’état des préparatifs à ce jour ?
Nous avons déjà organisé le parti sur le terrain. En d’autres termes, nous pouvons dire que les délégués sont prêts parce qu’ils se connaissent et que les textes du parti détaillent le nombre et la qualité de délégués.Comme d’habitude, les différentes circonscriptions électorales sont en train d’apprêter leur matériel électoral et leurs contributions. A notre niveau, nous sommes fiers et soulagés, car nous sommes prêts avec l’organisation de la circonscription électorale. Cette organisation nous prépare à toute éventuelle situation dans le parti dans les années à venir. Mais nous sommes encore déçus par la situation électorale du pays qui reste très préoccupante.
Serez-vous à jour avec le budget du congrès des 14, 15 et 16 octobre prochain ?
Nous avons déjà rappelé aux militants leur contribution. Nous n’aurons pas un problèmede budget à boucler car nous sommes prêts.
Que répondez-vous aux rumeurs de plus en plus persistantes sur un texte en préparation à soumettre au congrès et qui fait état de la création d’un poste de président d’honneur national avec salaire et autres avantages aux cotés d’un président national exécutif ?
Je ne suis pas au courant de ce texte en préparation parce que quand ce genre d’amendement doit être opéré, on doit le notifier au National Executive Comitee (NEC) du Sdf et au comité d’organisation au moins quatre mois à l’avance. Et le congrès aura à se prononcer. Nous espérons que la réunion du NEC de samedi 14 juillet prochain ici, à Bamenda, devrait y faire face.
Quel sera le statut et le rôle de ce super président pour éviter le chevauchement avec le National Executive Comitee ?
Le Nec aura à se prononcer sur la recevabilité ou non de ces amendements aux textes organiques du parti samedi prochain.
La session parlementaire qui vient de s’achever a vu l’adoption des amendements à la loi du 14 décembre 2011 portant création d’un Tribunal criminel spécial pour le recouvrement de l’argent détourné. Quelle lecture faites-vous de ce recul du gouvernement pour une action qui a toujours été votre préoccupation?
Mettre sur pied un Tribunal criminel spécial est une chose et le faire fonctionner de sorte qu’il puisse satisfaire les aspirations des Camerounais en est une autre. Quand on a nommé les hommes d’église au sein d’Elecam, vous, les journalistes, êtes venus me voir pour demander ce que je pense et je vous ai répondu que la fin va justifier les moyens ; et vous connaissez la suite. Donc, pour le Tribunal criminel spécial, on attend de voir ce que cela va donner, car nous sommes encore sceptiques. Je ne peux donc pas répondre à cette question avec exactitude et clairvoyance parce je n’ai pas encore parcouru tous les amendements et c’est samedi prochain que les députés Sdf vont nous résumer les amendements et les contours au cours de la réunion du Nec.
A juger de prime abord, cette loi est intéressante
mais, je suis sûr que sa mise en oeuvre sera très mauvaise parce
jusqu'à maintenant, beaucoup d’initiatives ont échoué à cause de
l’indiscipline érigée en règle de gestion au sommet de l’Etat. Quand le
Sdf a commencé à discipliner ses propres cadres y compris le Secrétaire
général qui a été le seul signataire avec moi des textes de création du
parti, les gens ont raconté que Fru Ndi est intransigeant et intolérant
et sanctionne les professeurs et les docteurs. Si nous voulons un Etat
moderne et fort, nous devons discipliner les
gens. C’est la position que le Sdf a toujours défendue sans favoritisme.
D’où notre réticence vis-à-vis des actions de Paul Biya.
Jusqu’où ira le Sdf dans la défense de Marafa à quelques mois du prochain congrès?
Nous ne disons pas que nous défendons Marafa. Nous envoyons les avocats le défendre pour la manifestation de la vérité et comprendre beaucoup d’informations parce qu’il n’est pas le seul criminel dans l’affaire d’Albatros. Il y a aussi cette affaire l’indemnisation des victimes du crash d’un avion de la Camair, baptisé « Le Nyong », le 03 décembre 1995 et bien d’autres pour lesquelles nous exigeons que la lumière soit faite ; tout comme l’argent de Kontchou Kouemeni qui se trouvait entre deux avions. Nous décrivons Paul Biya comme quelqu’un qui écrit avec le crayon et quand il n’est pas content, il peut effacer alors que dans le Sdf nous sommes partisans d’une écriture avec le stylo à bille.
Le Sdf peut tenir les réunions partout où il veut et à sa convenance.
Voulez-vous dire que Bamenda n’est plus apte à abriter les réunions
politiques du Sdf ? Le Sdf ne peut pas suivre les partis qui n’ont que
leur leader
comme militants. Je crois que le paysage politique camerounais nous
indique, que vous le voulez ou pas, que le Sdf est le principal parti
d’opposition au Cameroun et je pense que vous, les journalistes, devez
éduquer les gens dans ce sens. Si nous sommes le parti dominant avec le
pourcentage que nous détenons avec les élections frauduleuses de Paul
Biya, les autres formations doivent nous suivre dans ce que nous voulons
faire.
Maintenant, Paul Biya parle de ce qu’il appelle
majorité présidentielle. Les partis membres ne se réunissent jamais
entre eux. Les autres partis
doivent nous suivre s’ils veulent. Et s’ils ne le veulent pas, ce n’est
pas grave. Nous méritons des encouragements des autres formations
politiques en espérant que nous pouvons travailler ensemble. Pour le cas
de l’avocat Jean de Dieu Momo du Paddec [Ndlr : président des Patriotes
démocrates pour le développement du Cameroun], un homme qui dit
appartenir à l’opposition et le lendemain, il va défiler parce qu’il
n’est pas d’accord avec
cette même opposition et par la suite il va nous [G7, Ndlr] rejoindre.
Je crois que si je dirige ce G7, je ne vais pas tolérer ce genre de
comportement. Il [Jean de Dieu Momo, Ndlr] ne va plus jamais être avec
nous. C’est intolérable ! Si j’ai été capable de discipliner les cadres
du parti y compris le SG du Sdf, je ne vois pas comment je ne vais pas
le faire avec ce genre de personnes. Si j’ai eu quelques difficultés
pendant les élections, c’est à cause de ce genre de comportement.