Ngouo Woungly Massaga, “Ne plus collaborer avec le Rdpc”

Ngouo Woungly Massaga, “Ne plus collaborer avec le Rdpc”

Cameroun : Ngouo Woungly Massaga, “Ne plus collaborer avec le Rdpc”Ngouo Woungly Massaga. Le président du Psp/Upc parle du processus de réconciliation au sein de l’Union des populations du Cameroun.
 
Que vous inspire la dynamique unitaire amorcée au sein de la grande famille des nationalistes camerounais ?
Mon sentiment est contrasté.
D’une part, je suis satisfait parce que tout le monde semble s’accorder sur la nécessité de cette union. Mais, d’un autre côté, je suis inquiet parce que certains ont profité de cette dynamique pour développer des stratégies de positionnement vis-à-vis du Rdpc, alors qu’il s’agit de redonner une âme à un parti qui a perdu son identité. La prétendue concertation était une mise en scène, où des gens sont venus avec un agenda bien ficelé pour l’imposer à tout le monde. Deux groupes ont décidé de fusionner sur la base de je ne sais quoi, en laissant à la périphérie la frange la plus représentative de l’Upc.
 
On vous a vu dans la salle le 16 janvier dernier. Pourquoi n’avoir pas récusé ce qui était en train de se passer ?
J’ai tenté de poser le préalable. Mais, les choses étaient tissées de façon à ne pas permettre un son de cloche différent.  Ce qui me conforte dans ma position actuelle,  que l’effort a été fait de parler de réconciliation et d’unité. Le pas a été franchi, mais il faut aller plus loin et inviter tous les courants upécistes, pour qu’une réelle unité soit engagée. Si les manœuvres de hold-up qui sont en train de se tramer perdurent, le processus va prendre du plomb dans l’aile. On ne peut pas tolérer que des gens qui ont des Cv au Cabinet civil de la présidence, qui ne rêvent que d’être nommés ministres, prennent en otage le processus et remettent en question une dynamique légitime et judicieuse. Il y a des gens qui ont créé des partis et qui sont venus avec l’espoir qu’on va recoller les morceaux. Il faut ouvrir le bureau à ceux-là.
 
De même, il faut rompre la collaboration avec le Rdpc, parce que c’est cette alliance qui attire les abeilles, dans l’espoir d’un poste au gouvernement. Il faut publiquement répudier cette orientation politique qui dénature l’identité du parti que nous voulons reconstruire. Enfin, il faut une deuxième tripartite pour que les préoccupations qui sont partagées par une grande partie de l’opposition camerounaise soient assumées par l’Upc. Pour discuter du code électoral, de la monnaie binaire, du Smic qui est l’un des plus bas en Afrique, etc. L’Upc doit être un parti d’opposition, avec une force de proposition,  et non un parti de collaboration.
 
Quelle est aujourd’hui l’identité de l’Upc, puisque vous parlez d’identité ?
L’Upc n’en a presque plus. D’où la nécessité de la recréer. L’identité de l’Upc a été falsifiée. On constate que l’Upc est devenue une antichambre du pouvoir, tout à l’opposé des premiers militants dont je me réclame légitimement. Ceux qui partagent mon idéal militant sont prêts à se renier, à mettre entre parenthèses leur formation politique, pour rejoindre l’Upc qui aura elle-même renoncé à sa collaboration avec le Rdpc. Ce qui n’est pas encore le cas à ce niveau du processus d’unification.
 
N’êtes-vous pas radical ?
Quand on a des principes et qu’on est face à des choix cornéliens, il faut prendre ses responsabilités. Si prendre ses responsabilités et être clair peut paraître radical pour certains, alors, je suis radical et tant mieux. Je suis péremptoire. Et ce n’est pas un problème personnel, mais une préoccupation partagée par les vrais upécistes, qui refusent d’être le deuxième bureau du Rdpc. En 1994, le Psp est rentré dans l’Upc. J’ai travaillé sous un président et un secrétaire général, en tant que secrétaire aux affaires politiques. La question du leadership m’est indifférente. Je ne suis pas obnubilé par les postes de responsabilité. Pour moi, il s’agit de mettre en place une organisation qui marche, qui pousse aux changements, qui a une vision et non qui recherche le confort personnel de ses membres.
 
La guerre des chefs n’est-elle pas le mal de l’Upc ?
Quel chef consistant y a-t-il encore dans l’Upc ? Nous connaissons pour la plupart nos valeurs. Ceux qui s’agitent maintenant n’ont pas la consistance pour conduire un mouvement révolutionnaire, encore moins mener un parti vers des victoires électorales. La plupart ressemblent à de mauvais comédiens qui ont mal récité leur texte et qui croient qu’on rit de leur art, alors qu’on se moque d’eux. Leur unique vision est de chercher à avoir une place dans le régime de Biya.
 
Combien de temps le processus de réconciliation va-t-il durer ?
Le temps qu’il faut pour remettre de l’ordre dans la maison Upc. Certains pensent qu’il faut aller directement aux élections avant tout. D’autres pensent qu’il faut organiser la base militante et organiser un congrès. Les deux priorités ne sont pas inconciliables. Il faut seulement que ceux qui prennent les devants des choses aujourd’hui aillent se faire investir par les militants de base. Malheureusement, beaucoup n’ont pas ce courage, parce qu’ils n’ont pas la légitimité.
© Le Jour : Propos recueillis par Jacques Bessala Manga


29/01/2012
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