Ngaoundéré:Affrontements armés entre policiers et militaires

Écrit par Honoré Fouhba   
Mardi, 15 Novembre 2011 08:32
 NOUVELLE EXPRESSION

Deux morts : un militaire et une fille civile ; des blessés graves et légers, et 14 filles violées. C’est le triste bilan de l’affrontement qui a eu lieu au quartier Baladji I dans la nuit de dimanche dernier entre ces deux corps des

 

forces de l’ordre.Dans la nuit de dimanche à lundi dernier, la ville de Ngaoundéré et précisément le quartier Baladji I, a été transformé en un véritable champ de bataille entre policiers et jeunes recrues militaires. Selon les informations recueillies, cette bataille armée trouve son origine dans la nuit de samedi à dimanche dernier. Selon les témoins de la scène, cette nuit-là, une équipe de police en patrouille à la tête de laquelle se trouvait le commissaire principal Ali Oumarou, est arrivée vers 00h45min à «Temple d’or» (Ndlr : un grand bar du carrefour de la joie). Il était question pour cette équipe de faire appliquer la réglementation qui veut que les débits de boisson ferment à minuit.  C’est ainsi que, le chef de l’équipe, le commissaire Ali Oumarou va demander au barman de diminuer le volume de la musique et demander à ses clients de «vider la salle». Ordre qui sera immédiatement exécuté par le gérant du bar.

 

 

Malheureusement dans le bar, il y avait un groupe de jeunes soldats en fin de formation au Cifan (Ndlr : Centre d’instruction des forces armées nationale) et leurs encadreurs qui ne vont pas apprécier l’ordre donné par  les policiers.  De là, une chaude altercation entre les deux corps va naître. Les militaires, en nombre important, vont se jeter sur les policiers, avec des coups de bâtons, des bouteilles cassées et autres armes blanches.  Il a fallu trois coups de mitrailleuse en l’air, tirés par les policiers pour disperser les militaires en « rage ». Le bilan de l’affrontement était lourd : 06 blessés dans l’équipe de la police, donc deux graves.

Bataille rangée

Comme si cela ne suffisait pas, la nuit de dimanche à lundi dernier, a été encore sanglante et meurtrière suite à une seconde bataille rangée entre ces deux corps.  Selon les informations glanées, tout serait parti d’une tentative de viol sur une fille de rue par un soldat en fin de formation au Cifan de Ngaoundéré. Le refus de la jeune fille va alerter le policier en patrouille dans le secteur. Le gardien de la paix va demander au militaire de lâcher la fille. Le militaire qui refuse de céder à la demande du gardien de la paix, va plutôt alerter ses collègues qui étaient dans les parages.  La tension de la veille entre ces deux corps étant encore vive, tout d’un coup, c’est le branle-bas.  Une bataille rangée éclate entre policiers et militaires. Dans le feu de l’action, les policiers vont sortir leurs armes et tirer sur les militaires. Sur le champ, et selon les informations recueillies à l’hôpital régional de Ngaoundéré, un militaire, le nommé Abdoulaziz, meurt suite à « une plaie proche de la crête causée par une arme blanche ». Une balle perdue va prendre la jeune Patou Atouma âgée de 15 ans, vendeuse de bâtons de manioc au carrefour joli-soir. Elle rendra l’âme aux services d’urgence de l’hôpital régional de Ngaoundéré.  A côté de ces deux morts, 5 militaires grièvement blessés par balles et autres armes blanches, 4 victimes civiles de balles perdues et bastonnades sont mises sous soins intensifs. Des sources dignes de foi affirment que 14 femmes ont été violées. Chacune d’elles a déposé une plainte au commissariat central et à la compagnie de gendarmerie pour «viol et abus sexuel par des militaires». Elles sont toutes internées à l’hôpital régional où elles reçoivent des soins intensifs. Le cas de la nommée Megouya Nicaise est le plus grave. Elle qui  aurait  été violée par sept (07) militaires.

Triste scène

Rendu à l’hôpital à 00h02 minutes exactement dans la nuit de dimanche à lundi, on va assister à une autre triste scène. Cette fois-ci, c’est un affrontement entre responsables militaires et policiers. Informé sur ce qui se passe dans la ville, le gouverneur de la région Enow Abrams Egbé débarque aux urgences de l’hôpital en compagnie du 1er adjoint au préfet de la Vina et du commandant d’arme de la place et commandant du 5eme secteur militaire terrestre de l’Adamaoua. Le patron de la région demande des explications sur le drame. Le commissaire central de Ngaoundéré qui tente de raconter les faits à Enow Abram’s Egbé est tout de suite pris en sandwich par le commandant du Cifan de Ngaoundéré.

Une bagarre éclate entre les deux hommes. Le Lieutenant-colonel Anoma Mongwé Eric, commandant du Cifan va pointer son pistolet automatique sur la tête de Joseph Temdé, le commissaire central, menaçant de le tuer.  Selon le commandant du Cifan, le commissaire central donnait une version erronée des faits. C’est la panique totale à l’hôpital. Les garde-malades et le personnel de l’hôpital sont obligés de prendre la poudre d’escampette pour éviter les balles perdues. Impuissant face à tout cela, le gouverneur de la région, va supplier le lieutenant-colonel de ranger son arme. Ce qui ne sera pas fait par ce dernier qui oppose un refus catégorique. L’arme est alors récupérée par le commandant du 5e secteur militaire et le commandant du Cifan conduit dans la voiture du Gouverneur.

Vers 04h 30 minutes hier lundi, le général Tumenta Chomu Martin, commandant de la 3e région militaire, arrive d’urgence à Ngaoundéré. Un rassemblement spécial a lieu à 06 heures au Cifan. Entre temps, les policiers qui ont ouvert le feu sont gardés à vue alors qu’une enquête mixte est ouverte à la compagnie de gendarmerie de la Vina et au commissariat central. Dans le même temps, le gouverneur de la région de l’Adamaoua, a signé un communiqué radio appelant « les chefs de corps, les éléments de forces de défense et de sécurité de la région de l’Adamaoua et de la ville de Ngaoundéré en particulier, à observer un retour au calme, à la sérénité et à la solidarité entre les corps».

Mise à jour le Mardi, 15 Novembre 2011 09:27


16/11/2011
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