Ngaoundéré : La vie reprend timidement son cours normal
MUTATIONS 16/11/2011
Ngaoundéré : La vie reprend timidement son cours normal
Parce que les militaires menacent de venger leur camarade tué par un policier, environ 1600 jeunes ont quitté hier par le train la ville ; un départ inhabituel.
Vingt quatre heures après les affrontements entre les militaires et les policiers qui ont fait 02 morts et une dizaine de blessés, la vie reprend péniblement son cours normal, tandis que les enquêtes ouvertes pour faire la lumière sur les évènements du week-end dernier ont été déclenchées. Pendant ce temps, on a observé en début de soirée d’hier plusieurs centaines de jeunes recrues qui faisaient mouvement vers la gare de Camrail. L’ordre serait venu de Yaoundé pour réduire les effectifs de jeunes recrues au Cifan, diminuer par la même occasion de risques de nouveaux affrontements en guise de vengeance.
Mission accomplie pour le général de brigade Tumenta Chomu Martin, dira t-on dans le jargon militaire. La descente lundi dernier à Ngaoundéré de cet officier supérieur commandant de la 3ème région militaire du nord à la suite des rixes violentes et sanglantes ayant opposé les forces de sécurité et de défense semble avoir porté des fruits. En effet, les rumeurs qui annonçaient une gigantesque opération des recrues pour venger la mort de leur camarade d’arme, Adoulaziz, décédé à la suite des affrontements entre policiers et militaires ont été pris au sérieux par le haut commandement. Selon nos sources au 5ème secteur militaire, les nouvelles recrues et mêmes certains militaires aguerris ont arboré des brassards rouge en signe de solidarité lors des activités sportives hier.
Militaires en troupes
Dans les casernes, la mort d’Abdoulaziz était au centre de toutes les conversations et le désir de vengeance omni présent dans les débats. «Si les gens là ne nous donnent pas entière satisfaction avec leur fameuse enquête et si les policiers qui ont tiré ne sont pas exemplairement punis, nous allons nous faire justice à notre manière», a clamé un soldat en faction au 5ème secteur militaire. Pour apaiser les esprits, le gouverneur de la Région de l’Adamaoua, conscient sans doute de l’éventualité d’une escalade entre les corps, il s’est rendu ce matin tour à tour au Centre d’instruction des forces armées nationales ( Cifan), à la légion de gendarmerie, à la délégation régionale de la sureté nationale et au commissariat central de Ngaoundéré. Dans chacune de ses escales Enow Abrams Egbé a appelé les uns et les autres « à la retenue et au sens des responsabilité qui doivent être de mise dans un Etat de droit comme le Cameroun».
Malgré le communiqué radio du gouverneur appelant «les populations à vaquer librement à leurs occupations», au quartier Baladji 1, plus précisément au lieu dit «Carrefour de la joie» où les rixes ont eu lieu, la vie peine à reprendre son cours normal. Le bar dancing «Temple d’or» qui a servi de champs de bataille aux policiers et aux nouvelles recrues n’a toujours pas rouvert ses portes. Idem pour les débits de boissons mitoyens.
Par ailleurs, nous avons appris que le Dj du «Temple d’or» a été placé en garde à vue au commissariat central de Ngaoundéré, où sont également retenus depuis lundi les trois éléments de l’équipe spéciale d’intervention rapide (Esir) , auteurs des coups de feu qui ont ôté la vie de la nouvelle recrue Abdoulaziz et de Fadimatou Patou Atouma juste âgée de 15 ans.
Plusieurs enquêtes parallèles ont été ouvertes pour établir les responsabilités des uns et des autres dans cette macabre escalade. Hier matin, 06 femmes sont allées déposer des témoignages de viol sur une dizaine de «filles de joies», viols opérés par des nouvelles recrues de l’armées. Ces témoignages portent à 20 le nombre de plaintes déposées contre ces hommes que les enquêtes en cours devraient bientôt pouvoir démasquer.
Yanick Yemga