L’enlisement du Cameroun dans une véritable guerre contre la secte islamiste Boko Haram a littéralement fait sortir du boisseau, certains de nos compatriotes qui avaient choisi de s’y terrer, pour tirer les marrons des exactions de ladite secte.
La succession d’actes terroristes imputables à la secte islamiste Boko Haram, n’en finit pas d’alimenter les commentaires au sein de l’opinion camerounaise, surtout après l’attaque meurtrière de Kolofata en fin de mois dernier. Si à l’occasion, certains officiels jusqu’alors commis à la négociation pour la libération des otages ont étalé leur collusion de fait, on en vient à se demander pourquoi jusqu’alors, ils n’ont pas été interpellés. Certes, les exactions surviennent généralement quand Paul Biya est hors du pays, question de l’entuber peut-être mieux, mais n’empêche que notre pays continue de compter des morts dont la majorité n’est de surcroît pas revendiquée par ladite secte.
Aussi en vient-on à se demander si en réalité ces exactions ne participent-elles pas de quelque velléité d’insurrection armée visant à déstabiliser le territoire camerounais de l’intérieur. Une assertion d’autant plus pertinente que lors de la dernière attaque en date de ladite secte, on aura dénombré plus d’une centaine d’assaillants qui ne pouvaient conséquemment pas se mouvoir aussi aisément s’ils venaient effectivement du Nigéria voisin. Dès lors, les insidieuses accusations portées à l’encontre d’Alain Edgar Mebe Ngo’o, le ministre de la défense par Amadou Ali, sonnent comme une recherche inespérée de boucs émissaires, alors qu’il est désormais de notoriété qu’il ne saurait ignorer l’identité de ceux qui ont à l’occasion, enlevé son épouse.
Ce constat fait, il n’en demeure pas moins vrai que ladite secte a pris racine au Cameroun, bien longtemps avant la survenance de ses premières exactions. Une réalité que n’ignorait du reste pas le Chef de l’Etat, tout comme les connexions dont elle disposait au sein même du sérail, tout au moins des membres de celui-ci originaires des régions septentrionales du pays. Mais faisant très certainement confiance à ses services de renseignement, il n’a point daigné accorder l’importance pourtant due à la note confidentielle à lui adressée fort à propos, par un haut cadre de la sécurité nationale, originaire du Grand Nord, aujourd’hui à la retraite, en début 2009. Autant son mutisme coupable peut-être décrié, autant malheureusement les relais de ladite secte au Cameroun identifiés comme tels, s’en donnèrent à coeur joie.
Bien plus, la facilité avec laquelle on se débrouilla à payer des rançons sans que pour autant la secte incriminée ait préalablement revendiqué les rapts, alors même que cela participe de son mode opératoire récurrent, atteste à suffisance de manoeuvres insidieuses aux relents de haute trahison à mettre à l’actif desdits relais nationaux. Car, en plus d’avoir réussi la prouesse de délester l’Etat d’importantes disponibilités financières pour satisfaire de présumées exigences financières de ladite secte au titre de rançon, ils auront malheureusement alimenté des contre-vérités préjudiciables dans l’optique de diluer la portée réelle de celle-ci.
Enlisement
Dès lors, il devenait plus aisé pour ces relais nationaux d’en faire une sorte de paravent pour perpétuer l’insécurité ambiante qui leur procurait des royalties au passage. Pourtant, cela se fait au détriment des Camerounais qui sont tués par des membres supposés de la secte Boko Haram et en territoire camerounais. Et comme si cela ne suffisait pas, les mêmes personnalités commises ne s’offusquent pas de révélations fracassantes, dans le genre «Boko Haram est parmi nous». Si ce n’est là un aveu tacite, cela a tout au moins permis une réaction plutôt tardive de Paul Biya au travers de deux actes forts à la suite de la déclaration de guerre à cette secte depuis Paris.
Il en est ainsi d’une unité de commandement militaire spécialisé dans la lutte contre la grande criminalité et depuis peu, d’une région militaire avec pour territorialité l’Extrême-Nord où sévit Boko Haram. C’est dire que jusqu’ici, les mesures de lutte implémentées n’ont pas été efficaces du fait de la collusion de fait des élites de cette partie du territoire, inéluctablement de mèche avec ladite secte à laquelle elles livrent des informations de première main, autant sur le dispositif de défense, que sur les éventuelles cibles.
Sinon, comment comprendre qu’à chaque fois, les assaillants fondent aussi facilement dans la nature et en viennent littéralement à narguer nos forces de défense et le pays tout entier ? C’est le cas de le dire, si l’on s’en tient par ailleurs à la psychose que ladite secte a réussi à susciter aux populations obligées conséquemment à un exode massif.
Communication déficiente
Le moins que l’on puisse dire est que Paul Biya, continue de se murer dans le mutisme, concédant ainsi à Issa Tchiroma Bakary, le ministre de la communication de s’essayer à de vaseuses explications. Or, on se serait attendu qu’il montât au créneau pour expliquer aux populations les risques encourus et conséquemment, la nécessité pour elles de prêter main forte à nos forces de défense en leur livrant des renseignements pertinents sur le mode opératoire de la secte Boko Haram.
Car, quand bien même il aura déclaré ouvertement la guerre à ladite secte islamiste, l’ampleur des actes terroristes et meurtriers de celle-ci reste intacte forte de ses soutiens du reste connus de tous au Cameroun. Terribles révélations qui ont troublé les hauts responsables des forces de défense qui, depuis, s’activent sur le terrain et sont surpris d’apprendre de la bouche du Président de l’Assemblée que les complices, mieux les acteurs de la secte Boko Haram sont identifiables.
Suffisant pour aller plus loin dans la logique guerrière du président de la république, non plus au travers des seules restructurations des unités de combat ou de ce qui en tient lieu, mais également sur l’impératif de s’entourer de collaborateurs et assimilés moins enclins à la traitrise comme c’est inéluctablement le cas pour cette nébuleuse. Bien évidemment, il croit faire du temps un allié incontournable en pareille circonstance, même si à l’évidence ce même temps est plutôt un terrible adversaire qui a plus offert ses faveurs à Boko Haram.
Mutisme préjudiciable
Que le Président se taise, quand des compatriotes sont tués par une nébuleuse secte islamiste, qui a ses fondements hors du territoire national, est suffisamment troublant et plutôt inacceptable. Ce d’autant plus que sous d’autres cieux, cela s’assimilerait à une démission de sa part et pire, on parlerait même de haute trahison. Pourtant, en tant que chef suprême des Forces armées du Cameroun, un pays attaqué, le président, en rassurant ses concitoyens et l’armée qui vient une fois de plus de perdre des hommes, doit dire aux Camerounais quel est son plan exact, non seulement de lutte, mais aussi et surtout d’éradication totale de la secte Boko Haram au Cameroun. Au lieu de cela, il se contente d’évoquer des convictions sans y adjoindre la moindre stratégie opérationnelle.
Or, il ne s’agit pas de dévoiler des secrets de défense. Mais en chef d’Etat, il s’agit de porter la voix qui rassure, face à la panique que créé dans notre pays Boko Haram. Voilà pourquoi on est en droit d’attendre une prise de parole de Paul Biya. S’il ne le fait, libre à lui. Beaucoup comprendront alors que le Cameroun malheureusement n’est plus vraiment gouverné. Encore que la sclérose a indubitablement gangrené son équipe gouvernemental sur laquelle il voudrait pourtant s’appuyer.