Mutuelle de santé: Un système qui tarde à entrer dans les mœurs
Douala, 30 août 2013
© Valgadine TONGA (Stagiaire) | Le Messager
Médecins, mutualistes de l’Union des mutuelles de santé communautaire de la région du Littoral ont organisé, jeudi 29 août 2013 un atelier à l’effet de réfléchir sur les voies et moyens pouvant permettre aux populations d’y adhérer.
Comment faciliter l’accès aux soins à la population du Littoral à travers les mutuelles de santé? La problématique a réuni autour de la table (jeudi 29 août 2013, à l’hôpital de district de la cité des palmiers) les médecins, les représentants et les mutualistes de l’Union des mutuelles de santé communautaire de la région du Littoral (Umusacol). La mutuelle de santé est un système de micro-assurance pour faciliter l’accès aux soins de santé des populations les plus pauvres, précise Dr Flaubert Fouakeng. Il explique que «cette notion de micro-assurance a été conçue pour rapprocher l’assurance de la finance. Il est question de créer un système qui s’adresse directement aux pauvres, même si les personnes nanties adhèrent.» Cependant, nuance-t-il, «les pauvres ont cette difficulté financière qui fait que même quand on crée ce type d’initiative pour eux, ils ne parviennent pas à y accéder. C’est un système encore nouveau qui est en cours de construction. Ça va prendre du temps, tout comme la microfinance.» Soit, mais à peine les mutuelles ont été instituées qu’elles font face à d’énormes difficultés.
Président de la mutuelle de santé de Loum, Njombé et Penja, le trésorier de l’Umusacol, Mama Awal rejette le tord sur les directeurs des formations sanitaires. Il affirme que «les prestataires, c’est-à-dire les médecins, les directeurs des hôpitaux sont les premières difficultés que rencontrent les mutuelles car ils les considèrent comme un obstacle».
Et de poursuivre: «le fait est que, quand on est mutualiste, on ne paie pas directement les soins quand on se rend à l’hôpital. On se fait d’abord soigner avant de payer les 25% de la facture. Ce qui n’est pas du tout du goût des prestataires. Conséquence, quand un mutualiste se présente à l’hôpital, on s’occupe d’abord des patients qui ne sont pas couverts par la mutuelle. Parce qu’ils payent directement les soins.» Autre fait relevé, l’arnaque. «Les mutuelles ont commencé à contrôler minutieusement les factures que les envoyaient les responsables des formations sanitaires. En fait, la mutuelle doit payer 75% des soins du mutualiste, après avoir reçu la facture des hôpitaux. Ils en profitaient pour traiter les mutuelles comme des vaches à lait. Pour une facture qui s’élève par exemple à 2000 Fcfa, l’hôpital dans ses rapports à la mutuelle inscrit 20.000 Fcfa.» Conséquence, c’est la débandade. Pour illustration, Mama Awal déclare qu’en 2008, la mutuelle de Loum avait 1000 membres, 2005 membres en 2011. « Les hôpitaux ont commencé à décevoir les mutualistes, c’est pour cela qu’aujourd’hui nous sommes à moins de 500 membres», regrette-t-il. Des affirmations que confirme le Dr. Flaubert Fouakeng. Dans son exposé sur la problématique de la mise en place des mutuelles de santé au Cameroun, il avoue que «les mutuelles n’ont pas eu assez de membres comme attendu. De ceux qui adhèrent, plusieurs se rétractent par la suite parce qu’ils ne sont pas satisfaits. Le peu d’adhérents qui reste consomme énormément les fonds et ruine la mutuelle.»
Les mutuelles de santé qui veulent s’étendre dans tout le territoire se plaignent du manque de moyens financiers demandent l’aide de l’Etat. «C’est inscrit dans la politique de l’Etat, mais on n’a pas pris assez de temps pour développer et étendre à l’échelle nationale le système. A la fin de ce forum, nous allons trouver des résolutions pour étendre le système dans tout le pays», promesse du Dr. Flaubert Fouakeng.
Valgadine TONGA (Stagiaire)