Mœurs: En procès pour homosexualité

Yaoundé, 18 Juillet 2013
© Eitel Elessa Mbassi | Le Jour

Surpris par la gendarmerie en train de regarder un film gay, Joseph Omgba a été mis en prison.

L'affaire est pendante devant la section criminelle du Tribunal de grande instance (Tgi) du Mfoundi à Yaoundé. Joseph Omgba, peintre, 48 ans, et Séraphin Ntsama, menuisier, 46 ans, sont accusés «d'outrage à la pudeur sur mineur suivi de rapport sexuel et d'homosexualité». Hier, dans ses réquisitions finales, le Procureur de la République a demandé leur condamnation. Me Alice Nkom, Me Michel Togue et Me Saskia Ditishiem (Avocate au barreau de Genève en Suisse et présidente d'Avocats sans frontières arrivée au Cameroun spécialement pour cette cause) ont plaidé la nullité de la procédure.


Le verdict est attendu ce vendredi, 19 juillet.

Les faits remontent au 15 août 2011. Domicilié au quartier Fouda à Yaoundé, Matthieu, un voisin de Joseph Omgba, débarque au domicile de ce dernier. Il dit être venu acheter un Cd gay auprès de joseph. L'acheteur demande à Joseph d'essayer le Cd avant de le lui vendre, afin de s'assurer que ça fonctionne normalement. Au moment où ils étaient en train de visionner le film, des gendarmes surgissent. Joseph est arrêté et conduit au Secrétariat d'Etat à la Défense (Sed). Le lendemain de cette arrestation, un cousin de Joseph, Séraphin Ntsama, est alerté par Bienvenu, 19 ans, qui vivait chez Joseph. Avec Charles, un jeune homme de 16 ans, que Séraphin hébergeait chez lui, ils se rendent tous les trois au Sed pour s'enquérir des nouvelles de Joseph.

Séraphin, Charles et Bienvenu sont aussi arrêtés et placés en garde à vue. Quelques jours plus tard, les quatre sont déférés au Parquet et placés sous mandat de détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé à Kondengui. Au terme de l'instruction de l'affaire en novembre 2012, Bienvenu et Charles obtiennent un non-lieu. Ils sont libérés. Joseph et Séraphin eux, sont renvoyés devant le Tgi. Ils sont par ailleurs maintenus à Kondengui.

Au Tgi, l'affaire est ouverte en décembre 2012. Depuis lors, les avocats des accusés plaident «l'inconsistance de l'infraction, car elle ne peut être caractérisée», argue Me Michel Togue. En effet, d'après l'article 347 bis du code de procédure pénale, «est puni d'un emprisonnement allant de six mois à cinq ans et d'une amende allant de 2.000 à 200.000 FCFA, toute personne qui a des rapports sexuels avec des personnes de son sexe». Or, dans le cas d'espèce, les prévenus n'ont pas été surpris en pleins ébats sexuels. Pis, «le Parquet n’a jamais amené la preuve d'une relation sexuelle entre Joseph et Séraphin», se plaint Me Togue.



18/07/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres