Mœurs - Douala: Une rue de la joie dans un campus
DOUALA - 20 Avril 2012
© Bernard Tchami | La Nouvelle Expression
Située aux alentours de l’Université de Douala et baptisée rue «dragon», elle attire à la fois, étudiants, enseignants et toutes les catégories sociales.
Située aux alentours de l’Université de Douala et baptisée rue «dragon», elle attire à la fois, étudiants, enseignants et toutes les catégories sociales. Pour quel temple du savoir? « Nous venons ici noyer nos soucis et assouvir nos besoins. Nous ne pouvons pas nous passer de l’alcool après une dure journée de classe». Ces propos sont d'un étudiant Rencontré le vendredi 14 avril 2012 aux alentours de 21h30, dans un des nombreux débits de boisson qui se côtoient et encerclent presque le campus de l’Essec de l'Université de Douala. Notre interlocuteur accompagné de plusieurs autres étudiants, garçons et filles, avait aligné devant lui sur une table, des bouteilles de bière de toutes les marques à côté desquelles d’autres déjà consommées. Et ce n’était pas pour produire un spectacle. Et plus loin, dans un autre coin, d’autres tables pleines. Ils sont en bandes non négligeables. Ces étudiants, faut-il le rappeler, sont à la fleur de l'âge. Tout le coin est plein et les joies sont immenses.
L’ambiance est devenue plus surchauffée après les affrontements de Deïdo qui a vu ces activités de gaité disparaitre comme la glace sous le soleil, apprend-on ça et là. On ne croirait même pas que c’est une cité estudiantine. Et Dieu seul sait combien il y a la vie à Douala. La capitale économique, une ville d’affaires. Les débits de boissons dans ce haut lieu du savoir ne se comptent plus. Chaque opérateur économique s'est construit un petit espace pour se faire de l’argent non sans s’adapter au contexte. Les buvettes ont pris des noms conformes aux études. Un tour fait et vous verrez, le «Club UV», «Solutions bar». D’autre par contre ont opté pour le net. On peut voir ‘’Facebook’’, la «faculté de la soif», «connexion snack bar Vip», «Laboratoire du poisson, des brochettes bar». Et si on est fort et puissant, c’est le Dragon qui vous attend. Dans ces endroits, la bière coule. Et le produit est accessible.
Le business est très fructueux d’après un habitué du coin. «Ces gens ouvrent leurs débits de boisson chaque jour. C’est encore plus accentué les week-ends à partir de vendredi. Il y a une confusion totale, on ne distingue plus enseignants et étudiants. Les belles de nuit sont les plus nombreuses», confie le petit Collins, un habitué du milieu, habitant le quartier Bépanda.
Le bel air
A un jet de pierres de la pharmacie de l’Essec, est situé un bar qui porte le nom de «Bel’ air». A quelques mètres de là, se bousculent les passionnés des jeux qui se rivalisant de talents. Ici, foisonnent joueurs de Ludo, vendeurs des produits cosmétiques, détenteurs des bureautiques et call-boxes.
Noyer les soucis
Le gros de la clientèle de ces points chauds du campus, se recrutent parmi les d'étudiants. Certains y vont pour se détendre. «Quand on a tourné les mémoires, on se retrouve entre amis et camarades pour nous déstresser autour d’une bière !», déclare une étudiante sous anonymat, visiblement décontractée. Pour d’autres, l’alcool est une étendue d’eau où ils viennent noyer leurs soucis. «Considérant que la situation du pays va de mal en pire, que voulez-vous que nous fassions ? Nous nous demandons aussi si le fait pour nous d’apprendre a encore un mérité ? Il n’y pas d'emplois, pas de bourses universitaires. Pour des parents qui ont un emploi, ils sont mal payés, ou sans salaire. Les vieux ont confisqué le pouvoir. Nous sommes dépassés. Que faire? Il ne nous reste que l'alcool pour oublier tout cela». Commente un étudiant, abasourdi. Et l’alcool donne des envies, expression puisée auprès des universitaires, le sexe vient compléter le registre des joies multiples. Les ampoules rouges indiquent les maisons closes. Et un petit sondage effectué pendant notre tournée nocturne, révèle qu’il y a pour tous les prix. Et ça marche merveilleusement bien. Selon des informations puisées à bonnes sources, les meilleurs clients du marché du sexe sont des hommes d’affaires, des fonctionnaires et des travailleurs d’autres secteurs qui se la coulent douce. Les autorités n’y voient que du feu.
Bernard Okalia Bilaï, actuellement gouverneur de la Région du Sud-ouest, avait en son temps, comme préfet du département du Wouri, interdit l’existence de ces maisons de plaisir autour des bars et snacks. L’administrateur civil principal avait d’alors considéré ces actes comme une concurrence déloyale aux hôtels. Malheureusement, indique le petit Collins, la police ne fait aucun effort dans ce sens. «Lorsque les policiers et les gendarmes patrouillent dans la nuit vers minuit, une heure du matin, ils réclament de l’argent aux tenanciers des bars sans faire un gros effort», regrette-t-il.
Passivité des pouvoirs publics?
Il n’y a pas longtemps, semble-t-il, le recteur de l'université de Douala, Bruno Bekolo Ebé, a sommé les tenanciers de débits de boisson de modifier leurs dénominations. «C’était grave! Quand un étranger arrivait à Douala et demandait à aller au rectorat de l’Université de Douala, on l'emmenait plutôt dans un bar. C'est pourquoi le recteur leur a demandé de changer de noms», explique un habitant du coin. Certains selon nos informations, se sont pliés à la décision, mais d’autres continuent à s’entêter. Des observateurs trouvent cependant cette mesure inadaptée aux véritables problèmes que pose la prolifération des bars en milieu universitaire. Un fonctionnaire qui passait par là ce soir, fait partie de ceux qui soutiennent la casse. Le problème d’après lui, se trouve ainsi qu'il suit « C'est quel Cameroun qu'on souhaite construire avec des étudiants saoulards? C'est là où se situe le débat.
© Bernard Tchami | La Nouvelle Expression
Située aux alentours de l’Université de Douala et baptisée rue «dragon», elle attire à la fois, étudiants, enseignants et toutes les catégories sociales.
Située aux alentours de l’Université de Douala et baptisée rue «dragon», elle attire à la fois, étudiants, enseignants et toutes les catégories sociales. Pour quel temple du savoir? « Nous venons ici noyer nos soucis et assouvir nos besoins. Nous ne pouvons pas nous passer de l’alcool après une dure journée de classe». Ces propos sont d'un étudiant Rencontré le vendredi 14 avril 2012 aux alentours de 21h30, dans un des nombreux débits de boisson qui se côtoient et encerclent presque le campus de l’Essec de l'Université de Douala. Notre interlocuteur accompagné de plusieurs autres étudiants, garçons et filles, avait aligné devant lui sur une table, des bouteilles de bière de toutes les marques à côté desquelles d’autres déjà consommées. Et ce n’était pas pour produire un spectacle. Et plus loin, dans un autre coin, d’autres tables pleines. Ils sont en bandes non négligeables. Ces étudiants, faut-il le rappeler, sont à la fleur de l'âge. Tout le coin est plein et les joies sont immenses.
L’ambiance est devenue plus surchauffée après les affrontements de Deïdo qui a vu ces activités de gaité disparaitre comme la glace sous le soleil, apprend-on ça et là. On ne croirait même pas que c’est une cité estudiantine. Et Dieu seul sait combien il y a la vie à Douala. La capitale économique, une ville d’affaires. Les débits de boissons dans ce haut lieu du savoir ne se comptent plus. Chaque opérateur économique s'est construit un petit espace pour se faire de l’argent non sans s’adapter au contexte. Les buvettes ont pris des noms conformes aux études. Un tour fait et vous verrez, le «Club UV», «Solutions bar». D’autre par contre ont opté pour le net. On peut voir ‘’Facebook’’, la «faculté de la soif», «connexion snack bar Vip», «Laboratoire du poisson, des brochettes bar». Et si on est fort et puissant, c’est le Dragon qui vous attend. Dans ces endroits, la bière coule. Et le produit est accessible.
Le business est très fructueux d’après un habitué du coin. «Ces gens ouvrent leurs débits de boisson chaque jour. C’est encore plus accentué les week-ends à partir de vendredi. Il y a une confusion totale, on ne distingue plus enseignants et étudiants. Les belles de nuit sont les plus nombreuses», confie le petit Collins, un habitué du milieu, habitant le quartier Bépanda.
Le bel air
A un jet de pierres de la pharmacie de l’Essec, est situé un bar qui porte le nom de «Bel’ air». A quelques mètres de là, se bousculent les passionnés des jeux qui se rivalisant de talents. Ici, foisonnent joueurs de Ludo, vendeurs des produits cosmétiques, détenteurs des bureautiques et call-boxes.
Noyer les soucis
Le gros de la clientèle de ces points chauds du campus, se recrutent parmi les d'étudiants. Certains y vont pour se détendre. «Quand on a tourné les mémoires, on se retrouve entre amis et camarades pour nous déstresser autour d’une bière !», déclare une étudiante sous anonymat, visiblement décontractée. Pour d’autres, l’alcool est une étendue d’eau où ils viennent noyer leurs soucis. «Considérant que la situation du pays va de mal en pire, que voulez-vous que nous fassions ? Nous nous demandons aussi si le fait pour nous d’apprendre a encore un mérité ? Il n’y pas d'emplois, pas de bourses universitaires. Pour des parents qui ont un emploi, ils sont mal payés, ou sans salaire. Les vieux ont confisqué le pouvoir. Nous sommes dépassés. Que faire? Il ne nous reste que l'alcool pour oublier tout cela». Commente un étudiant, abasourdi. Et l’alcool donne des envies, expression puisée auprès des universitaires, le sexe vient compléter le registre des joies multiples. Les ampoules rouges indiquent les maisons closes. Et un petit sondage effectué pendant notre tournée nocturne, révèle qu’il y a pour tous les prix. Et ça marche merveilleusement bien. Selon des informations puisées à bonnes sources, les meilleurs clients du marché du sexe sont des hommes d’affaires, des fonctionnaires et des travailleurs d’autres secteurs qui se la coulent douce. Les autorités n’y voient que du feu.
Bernard Okalia Bilaï, actuellement gouverneur de la Région du Sud-ouest, avait en son temps, comme préfet du département du Wouri, interdit l’existence de ces maisons de plaisir autour des bars et snacks. L’administrateur civil principal avait d’alors considéré ces actes comme une concurrence déloyale aux hôtels. Malheureusement, indique le petit Collins, la police ne fait aucun effort dans ce sens. «Lorsque les policiers et les gendarmes patrouillent dans la nuit vers minuit, une heure du matin, ils réclament de l’argent aux tenanciers des bars sans faire un gros effort», regrette-t-il.
Passivité des pouvoirs publics?
Il n’y a pas longtemps, semble-t-il, le recteur de l'université de Douala, Bruno Bekolo Ebé, a sommé les tenanciers de débits de boisson de modifier leurs dénominations. «C’était grave! Quand un étranger arrivait à Douala et demandait à aller au rectorat de l’Université de Douala, on l'emmenait plutôt dans un bar. C'est pourquoi le recteur leur a demandé de changer de noms», explique un habitant du coin. Certains selon nos informations, se sont pliés à la décision, mais d’autres continuent à s’entêter. Des observateurs trouvent cependant cette mesure inadaptée aux véritables problèmes que pose la prolifération des bars en milieu universitaire. Un fonctionnaire qui passait par là ce soir, fait partie de ceux qui soutiennent la casse. Le problème d’après lui, se trouve ainsi qu'il suit « C'est quel Cameroun qu'on souhaite construire avec des étudiants saoulards? C'est là où se situe le débat.