Municipales et législatives - La date dépend du bon vouloir présidentiel: Les partis face à un calendrier surprise
Douala, 20 Juin 2013
© BLAISE DJOUOKEP ET GUY MODESTE DZUDIE (J | Ouest Littoral
Même s'ils ne connaissent pas la date des municipales et législatives, qui dépend du bon vouloir du Chef de l'Etat, les partis s'organisent. Mieux vaut s'y prendre tôt afin d'éviter d'être pris au piège d'un calendrier surprise.
«L'Upc prépare les prochaines élections à Bafoussam IIe avec l'incertitude d'un élève qui révise ses leçons sans savoir quand auront lieu les examens. Au Cameroun, le calendrier électoral reste un mystère. Seul le Chef de l'Etat sait quand il peut décider de la convocation du corps électoral. Voilà la première difficulté à laquelle nous faisons face», dénonce Michel Eclador Pekoua, Secrétaire national à l'organisation de l'Union des populations du Cameroun (UPC).
Il a donc pris les devants. Il explique avoir déjà mis en place, depuis 2007, des facilités pour les membres qui peinent à payer cash leur cotisation. Il a organisé la présence sur sa liste de Camerounais de divers horizons. Et il utilise ce temps d'attente pour mobiliser les jeunes: «Pour élargir la base des supporters à Bafoussam, l'UPC organise un tournoi de football pour des communautés très enclavées de Bafoussam. Ce tournoi fait partie de la stratégie de l'UPC qui veut se repositionner auprès des électeurs qui votent majoritairement pour la première fois».
Faire et refaire les dossiers
La vraie difficulté est d'une autre nature. «Les dossiers des candidats, dit-il, sont un vrai problème. J'ai déjà rassemblé les extraits de casier judiciaire de certains de nos candidats nés loin de Bafoussam. C'est le cas d'une recrue née à Guider, dans le Nord, une autre est née à Bertoua et trois sont nés dans /a zone anglophone (Lebialem et Bamenda)».
«Seulement, poursuit Michel Eclador Pekoua nous avions tablé que le corps électoral serait convoqué en avril. La crainte est que, trois mois plus tard, on en soit à recommencer, puisque la validité de ces pièces est de trois mois».
Le Rassemblement camerounais pour la République (RCR, siège à Bafoussam) pense que son tour est venu de gouverner. Alors, il ne perd pas une minute: «Tous les quartiers de Bafoussam 1er sont quadrillés par nos militants. Nous sillonnons les concessions des grands notables pour passer notre message. Il est clair: nous sommes nés à Bafoussam et savons mieux que quiconque les problèmes de la ville», fait valoir Samuel Wambo, son Président national, la casquette de responsable des services d'hygiène dans les communes de la Mifi vissée sur la tête.
Primaires et formation
Au Social Democratic front (SDF), l'instance dirigeante a pris la mesure du risque. Pour éviter d'être pris de court par une soudaine convocation des électeurs, le Comité exécutif national (Nec) a décidé, samedi 11 mai, à Bamenda, de déclencher les primaires.
«Pour les municipales, les primaires seront organisées sous la supervision des Comités exécutifs régionaux. Les primaires des législatives seront supervisées par la Commission du Nec mise sur pied dans chaque Région. Tout est prêt», assure Jean Robert Wafo, responsable de la communication du Shadow cabinet du SDF. Deffo Oumbé Sangong, Président du SDF de Bafoussam 1er, précise que les candidatures dans sa circonscription sont closes depuis le 14 mai.
Le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem) est plus précis. Il pense que le corps électoral peut être convoqué fin septembre. Mais, on se veut prudent, sachant que «le calendrier électoral est un secret sacré dans notre pays», commente Valentin Dongmo, le Vice-Président en charge des élections. Il ajoute que son parti est prêt et qu'il va se présenter dans 56 circonscriptions et dans 8 des 10 régions. Les primaires du Manidem seront supervisées par le Comité national de coordination.
Le Cameroon people's party (CPP) a choisi, lui, de former ses candidats à la gestion des mairies et au travail au sein de l'Assemblée nationale. Le parti se mobilise également dans les régions les plus reculées du pays afin de «travailler avec les couches démunies que sont les agriculteurs, commerçants et conducteurs de moto taxi», confie Frank Essi, son Secrétaire Général. Il poursuit: «Nous faisons également des coalitions sur le terrain avec d'autres partis où, nos chances d'être élus sont moindres, Il est évident que nous ne pouvons pas nous présenter partout».
Des conditions douteuses
Une anticipation utile, selon le politologue Eric Mathias Owona Nguini: «Au Cameroun, on fait des élections surprises. Les partis politiques doivent être prêts, anticiper, choisir et investir les candidats les plus méritants car le corps électoral peut être convoqué à tout moment».
Utile mais insuffisante pour se conformer à l'article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP): «Tout citoyen a le droit et la possibilité, sans (...) discriminations (...) et sans restrictions déraisonnables, de prendre part à la Direction des affaires publiques, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis; de voter et d'être élu, au cours d'élections périodiques honnêtes, au suffrage universel et égal et au scrutin secret, assurant l'expression libre de la volonté des électeurs d'accéder dans des conditions générales d'égalité, aux fonctions publiques de son pays».
© BLAISE DJOUOKEP ET GUY MODESTE DZUDIE (J | Ouest Littoral
Même s'ils ne connaissent pas la date des municipales et législatives, qui dépend du bon vouloir du Chef de l'Etat, les partis s'organisent. Mieux vaut s'y prendre tôt afin d'éviter d'être pris au piège d'un calendrier surprise.
«L'Upc prépare les prochaines élections à Bafoussam IIe avec l'incertitude d'un élève qui révise ses leçons sans savoir quand auront lieu les examens. Au Cameroun, le calendrier électoral reste un mystère. Seul le Chef de l'Etat sait quand il peut décider de la convocation du corps électoral. Voilà la première difficulté à laquelle nous faisons face», dénonce Michel Eclador Pekoua, Secrétaire national à l'organisation de l'Union des populations du Cameroun (UPC).
Il a donc pris les devants. Il explique avoir déjà mis en place, depuis 2007, des facilités pour les membres qui peinent à payer cash leur cotisation. Il a organisé la présence sur sa liste de Camerounais de divers horizons. Et il utilise ce temps d'attente pour mobiliser les jeunes: «Pour élargir la base des supporters à Bafoussam, l'UPC organise un tournoi de football pour des communautés très enclavées de Bafoussam. Ce tournoi fait partie de la stratégie de l'UPC qui veut se repositionner auprès des électeurs qui votent majoritairement pour la première fois».
Faire et refaire les dossiers
La vraie difficulté est d'une autre nature. «Les dossiers des candidats, dit-il, sont un vrai problème. J'ai déjà rassemblé les extraits de casier judiciaire de certains de nos candidats nés loin de Bafoussam. C'est le cas d'une recrue née à Guider, dans le Nord, une autre est née à Bertoua et trois sont nés dans /a zone anglophone (Lebialem et Bamenda)».
«Seulement, poursuit Michel Eclador Pekoua nous avions tablé que le corps électoral serait convoqué en avril. La crainte est que, trois mois plus tard, on en soit à recommencer, puisque la validité de ces pièces est de trois mois».
Le Rassemblement camerounais pour la République (RCR, siège à Bafoussam) pense que son tour est venu de gouverner. Alors, il ne perd pas une minute: «Tous les quartiers de Bafoussam 1er sont quadrillés par nos militants. Nous sillonnons les concessions des grands notables pour passer notre message. Il est clair: nous sommes nés à Bafoussam et savons mieux que quiconque les problèmes de la ville», fait valoir Samuel Wambo, son Président national, la casquette de responsable des services d'hygiène dans les communes de la Mifi vissée sur la tête.
Primaires et formation
Au Social Democratic front (SDF), l'instance dirigeante a pris la mesure du risque. Pour éviter d'être pris de court par une soudaine convocation des électeurs, le Comité exécutif national (Nec) a décidé, samedi 11 mai, à Bamenda, de déclencher les primaires.
«Pour les municipales, les primaires seront organisées sous la supervision des Comités exécutifs régionaux. Les primaires des législatives seront supervisées par la Commission du Nec mise sur pied dans chaque Région. Tout est prêt», assure Jean Robert Wafo, responsable de la communication du Shadow cabinet du SDF. Deffo Oumbé Sangong, Président du SDF de Bafoussam 1er, précise que les candidatures dans sa circonscription sont closes depuis le 14 mai.
Le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem) est plus précis. Il pense que le corps électoral peut être convoqué fin septembre. Mais, on se veut prudent, sachant que «le calendrier électoral est un secret sacré dans notre pays», commente Valentin Dongmo, le Vice-Président en charge des élections. Il ajoute que son parti est prêt et qu'il va se présenter dans 56 circonscriptions et dans 8 des 10 régions. Les primaires du Manidem seront supervisées par le Comité national de coordination.
Le Cameroon people's party (CPP) a choisi, lui, de former ses candidats à la gestion des mairies et au travail au sein de l'Assemblée nationale. Le parti se mobilise également dans les régions les plus reculées du pays afin de «travailler avec les couches démunies que sont les agriculteurs, commerçants et conducteurs de moto taxi», confie Frank Essi, son Secrétaire Général. Il poursuit: «Nous faisons également des coalitions sur le terrain avec d'autres partis où, nos chances d'être élus sont moindres, Il est évident que nous ne pouvons pas nous présenter partout».
Des conditions douteuses
Une anticipation utile, selon le politologue Eric Mathias Owona Nguini: «Au Cameroun, on fait des élections surprises. Les partis politiques doivent être prêts, anticiper, choisir et investir les candidats les plus méritants car le corps électoral peut être convoqué à tout moment».
Utile mais insuffisante pour se conformer à l'article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP): «Tout citoyen a le droit et la possibilité, sans (...) discriminations (...) et sans restrictions déraisonnables, de prendre part à la Direction des affaires publiques, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis; de voter et d'être élu, au cours d'élections périodiques honnêtes, au suffrage universel et égal et au scrutin secret, assurant l'expression libre de la volonté des électeurs d'accéder dans des conditions générales d'égalité, aux fonctions publiques de son pays».