Municipales et législatives 2013: Elecam peut-il disqualifier des listes du Rdpc?

Yaoundé, 30 Juillet 2013
© GEORGES ALAIN BOYOMO | Mutations

La question enfle au moment où l'on subodore une connivence entre cet organe et le parti au pouvoir.

Ceux qui espéraient que le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) publierait les listes de ses candidats aux municipales et législatives 2013 dans le journal L'Action, comme le veut l'histoire et la pratique au sein de ce parti politique, ont de quoi déchanter. Le Rdpc a décidé de ne pas «ravir la vedette» à Elections Cameroon (Elecam), qui, sur la base du code électoral, va publier les listes des candidats des partis en lice au plus tard jeudi prochain. A cet égard, une session de plein droit du Conseil électoral d'Elecam s'est ouverte hier au Palais polyvalent des sports de Yaoundé. Cette session qui s'achevé ce jour a un seul point à l'ordre du jour: l'examen des dossiers de candidatures pour le double scrutin législatif et municipal du 30 septembre 2013. L'attention de l'opinion se cristallise particulièrement sur le cas du Rdpc, seule formation politique qui présentera des listes sur l'ensemble des circonscriptions électorales aux législatives et municipales.

Dans une ambiance de tensions et de déchirures, le parti au pouvoir a eu moins d'une semaine pour sélectionner ses candidats, réunir les dossiers de ces candidats (lesquels n'ont pas eu la tâche aisée pour les constituer) et les déposer, peu après 23h, le jour de la clôture de réception des candidatures à Elecam. Officiellement, fort des revers des sénatoriales (Elecam avait invalidé quatre listes du Rdpc, deux ont été repêchées par la Cour suprême), le «parti du flambeau» n'a pas voulu publier les listes de ses candidats.

En revanche, officieusement, il s'agit de ne pas raviver le malaise qui enfle depuis la fin des investitures, mais également de pouvoir «corriger des erreurs dans des dossiers à problème» au niveau d'Elecam.


DISPOSITIONS

Comment le Rdpc a-t-il procédé? Des stratèges du parti font valoir un article qui permet des «pirouettes», notamment l'article 10 (2) du code électoral; qui dispose que le Conseil électoral «...connaît des contestations et réclamations portant sur les organisations préélectorales et électorales, sous réserve des attributions du Conseil constitutionnel et des juridictions et administrations compétentes. (II) ordonne les rectifications rendues nécessaires à la suite de l'examen des réclamations et des contestations reçues relatives aux élections et opérations référendaires».

Ces dispositions de la loi électorale avaient déjà été invoquées par les mandataires du Rdpc lors de l'audience de règlement des recours devant la Cour suprême à l'occasion des sénatoriales. Elles n'avaient pas été prises en compte par le collège des juges électoraux, présidé par Alexis Dipanda Mouelle. «Le Président du Conseil électoral ne s'est pas montré insensible à cet article du Code électoral, souffle une source informée.

Un autre informateur fait savoir que des thuriféraires du régime auraient déjà «briefé» les responsables d'Elecam au sujet du traitement des listes du «parti du 24 mars 1985». «Un rejet important des listes du Rdpc ne serait pas un bon témoignage de l'évolution démocratique au Cameroun», clament-ils. La déclaration de Fonkam Azu'u hier face à la presse, faisant état de ce que la plupart des dossiers des candidats ont été bien montés, est sans doute à restituer dans ce contexte précis, où le pouvoir fait feu de bois pour «encadrer» le travail d'Elecam.


30/07/2013
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