Le communiqué du PADDDEC en réaction aux propos du ministre Camerounais de la justice Monsieur Amadou Ali. Propos extrait d'un câble de wikileas... Le site Wikileaks a rendu public une information sécrète non infirmée par le gouvernement et les personnes incriminées. Les Patriotes Démocrates pour le Développement du Cameroun, le PADDEC, par la voix de son candidat à l’élection présidentielle, Maître Momo Jean de Dieu, a pris acte des propos du Ministre camerounais de la Justice, Monsieur Amadou Ali, extraits d’un câble diplomatique de l’ex-ambassadrice des USA au Cameroun, Janet E. Garvey, rendus publics par Wikileaks et diffusés par de nombreux journaux camerounais. A en croire ce câble, pour Amadou Ali la bataille pour l’avenir du Cameroun, qui comprend la succession de Biya, doit être regardée à travers un prisme ethnique et régional: « Le Septentrion soutiendra Biya aussi longtemps qu’il souhaitera être président, mais n’acceptera jamais un successeur qui soit lui aussi Béti/Bulu, ni un membre de l’ethnie Bamiléké qui est économiquement puissante » a-t-il affirmé à Madame Garvey.
Pour peu qu’on soit instruit de l’histoire politique et de la diversité sociologique de notre pays, soucieux de sa stabilité et de son développement, et surtout si l’on est un patriote attaché aux idéaux d’unité et d’intégration nationales, on ne saurait rester indifférent à ces propos manifestement tribalistes et politiquement ségrégationnistes qui colportent et tendent à instituer, une vision outrancièrement ethno-régionale de la distribution du/des pouvoir(s) au Cameroun, à l’aune d’une succession présidentielle arrangée d’avance et ce, au détriment de la démocratie c’est-à-dire du régime de souveraineté populaire.
Il est clair, à la lecture de ces propos, que
Monsieur le Ministre Amadou Ali a une conception travestie de la
démocratie, de la Res Publica et de la souveraineté populaire, laquelle
conception est d’ailleurs partagée par les caciques du régime
actuellement au pouvoir, eut égard à leur indéfectible attachement à la
doctrine du triangle équilatéral (feu le Professeur Gabriel NLEP) et du
souverain captif. De toute évidence Monsieur Amadou Ali nourrit des
desseins machiavéliquement dangereux dans l’optique de l’après Biya. De
surcroit ses propos frisent l’ostracisme politique et supposent de fait
qu’il existerait deux catégories de citoyens camerounais : des
Camerounais à part entière, c'est-à-dire ceux qui, du fait de leurs
origines ethniques Peuls (septentrionale ?) ou Bulu/Béti (centre-sud ?),
sont nés avec le bracelet de commandement et peuvent prétendre à la
magistrature suprême et des Camerounais entièrement à part, donc ceux
qui, Bamiléké surtout et autres anglobamis, ne peuvent y prétendre.
On est outré de constater que Monsieur le Ministre Amadou Ali pense et
parle comme une certaine doxa profane et que son incapacité à se
distancer et distinguer de ces perceptions socialement admises et
politiquement partagées, témoigne de son ignorance tant de notre
histoire que des relations de pouvoir au sein du sérail gouvernant.
Pire, cela démontre qu’en deçà de l’unité de façade dont le Biyaisme
constitue l’idéologie fédératrice, le gouvernement de la République
compte en son sein des personnes qui rament à contre courant de
l’affirmation publique. On se souvient des propos tribalistes tenus il y
a quelques temps par l’actuel Ministre de la santé, le très
tribalistement célèbre Monsieur André Mama Fouda.
Ces Ministres de la République qui, de leur piètre et médiocre ministérielle posture, comme dirait l’autre, déblatèrent de pareilles inepties, n’ont de toute évidence pas lu la Constitution de la République du Cameroun, précisément le préambule qui dispose : « Fier de sa diversité linguistique et culturelle, élément de sa personnalité nationale qu’elle contribue à enrichir, mais profondément conscient de la nécessité impérieuse de parfaire son unité, proclame solennellement qu’il constitue une seule et même nation, engagée dans le même destin et affirme sa volonté inébranlable de construire la patrie camerounaise sur la base de l’idéal de fraternité, de justice et de progrès… » .
Au regard de la loi fondamentale, socle juridique de la fondation de notre pays, tout Camerounais peut prétendre à la magistrature suprême et il appartient au seul peuple souverain, d’élire celui ou celle qui présidera à sa destinée. Il n’appartient pas aux personnes du passé dont la vision des réalités du pouvoir relève d’une époque à jamais révolue, fut-il soutenu dans ses desseins obscurs par quelques caciques du même bord, de vider la souveraineté populaire de sa substance et de se substituer au souverain mandant.
C’est pourquoi, le PADDEC condamne avec la dernière énergie ces propos inacceptables qui bafouent l’héritage des nationalistes et patriotes tels Um Nyobe, Moumié Félix Roland, Ernest Ouandié, Mgr Albert Ndongmo, Abel Kingué, Abel Eyenga (survivant) et d’autres nationalistes et patriotes, qui voyaient en la camerouneté, un concept transcendant les clivages ethno-régionaux et religieux et socle de la nation camerounaise à bâtir.
Maître Jean de Dieu Momo, avocat international, camerounais né à Bafou et originaire du pays Bamiléké, fier de l’être et respectueux des compatriotes de toutes les autres régions, indéfectiblement attaché à l’idée d’unité nationale et au dessus des considérations tribales rétrogrades, ne nourrit aucun complexe, ni de supériorité ni d’infériorité, demande aux vaillantes populations du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest de ne prêter aucune attention aux propos antisémites et tribalistes de certains membres du gouvernement du renouveau car il s’agit des soubresauts d’un régime moribond qui vit ses derniers jours.