Monde: La Chine, 2e économie mondiale
Monde: La Chine, 2e économie mondiale
Eh bien, tremblez maintenant ! Les chiffres, on le sait, comme l’argent, ne suffisent pas toujours à faire le bonheur. N’empêche ! La Chine baigne, avec quelque plaisir, dans le fleuve Pactole, lequel, selon la légende grecque, charriait des paillettes d’or. Et il y a de quoi ! Naguère pays crève-la-faim, l’empire du Milieu toise, du haut de la deuxième marche du podium qui est désormais la sienne, bien des nations évoluées.En ravissant, lundi, au Japon la place de deuxième économie mondiale, l’ogre jaune a remis au goût du jour la prophétie tant redoutée d’Alain Peyrefitte, lequel prévenait déjà en 1973 : « Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera ».
En trois décennies, le pays de Mao est sorti de la fange du monde des économies agricoles et arriérées pour pénétrer dans le club très fermé des nations industrielles et prospères dans lequel il écrase tout sur son passage, tel un éléphant dans un magasin de porcelaines. L’Angleterre, l’Italie et la France : dépassés depuis. Le Canada et l’Allemagne : distancés. Le japon : évincé. Les Etats-Unis d’Amérique : désormais à portée de feu du Dragon.
Depuis quelques années, la Chine fait figure de collectionneur de best of : premier exportateur mondial, premier marché planétaire pour l’automobile, premier producteur d’acier… Tout cela en moins d’un demi-siècle ! Décoiffant !
Mais qu’est-ce qui fait tourner à plein régime cet « l’atelier du monde » dont le rythme de croissance donne le tournis à la planète entière alors que ses concurrents pataugent dans la récession, tels des oiseaux mazoutés dans une marée noire ? Son modèle économique ? Son système politique ? Sa taille démographique ? Son substrat culturel ? Tout cela à la fois.
A sa reconversion à l’économie de marché, l’empire du Milieu a pioché dans la théorie d’Adams Smith ce qui lui sert. Il a choisi d’évoluer sous un libéralisme light, fruit du croisement entre étatisme, patriotisme et protectionnisme. Et cela lui réussit bien.
Sa main-d’œuvre, abondante et bon marché (du fait de son mépris pour les droits de l’homme), et la sous-évaluation délibérée de sa monnaie, le yuan, font de lui un vampire économique qui se nourrit goulûment, par le biais de la délocalisation, du transfert des activités industrielles dont sont aujourd’hui victimes les autres nations développées.
Par conséquent, ses produits contrefaits et bon marché, connus sous le nom générique de « chinoiserie » du fait de leur qualité douteuse, inondent les pays en voie de développement et ne laissent aucune chance à la manufacture locale.
Crapule économique, le champion olympique de la croissance à deux chiffres l’est assurément, lui qui ne s’embarrasse d’aucun scrupule pour aller plus haut, plus fort, plus vite. Les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ? Des haies dans une course de 100 m.
Faut-il pour autant ligoter le dragon au banc des accusés ? Que nenni. Car le « commerce équitable » et la « concurrence loyale », tout le monde en parle, mais personne n’y croit.
Mais l’arbre de la croissance chinoise ne doit pas cacher la forêt du mal-être de ce pays : surpopulation, fortes inégalités sociales, corruption, violation des droits de l’homme.
Certes, l’économie chinoise occupe désormais le deuxième rang mondial. Pour autant, elle ne hisse pas les Chinois au rang des peuples les mieux lotis de la planète. Loin s’en faut ! En effet, selon les statistiques des institutions de Bretton Woods, le revenu moyen annuel au pays de Mao est de 3 600 dollars. Comme en Algérie ou en Albanie. En classement, cela équivaut à la 124e place mondiale.
Mais, l’un dans l’autre, l’ogre jaune n’a pas à en rougir outre mesure. Car cette contre-performance dans le domaine du PIB par habitant n’entame en rien son mérite d’avoir brisé, en si peu de temps, la fatalité de la pauvreté. Avec une population de 1,3 milliard d’âmes, atteindre une certaine qualité de vie nécessite plus de temps et d’efforts. Et là non plus, la Chine n’a pas dit son dernier mot. L’ogre poursuit sa marche triomphale. Tremblez sur son passage, il écumera toute la terre pour assouvir sa faim .