Ministère des Finances: Une liste de trésoriers payeurs véreux
Yaoundé, 26 Août 2013
© René Atangana | La Météo
Après l'ex-TPG de Yaoundé, Emmanuel Mbia Enguene et ses quatre complices, six autres hauts responsables des services déconcentrés du Ministère des Finances sont tombés dans les mailles de la justice, la semaine dernière. Le grand ménage a décidément commencé.
Un vent lourd souffle dans les services déconcentrés du Ministère des Finances, notamment dans les 11 trésoreries générales du Cameroun qui connaissent une véritable cure de mue depuis le déclenchement de l'affaire Emmanuel Mbia Enguene. Et comme nous l'indiquions déjà dans une de nos récentes éditions, l'épée de Damoclès suspendue au-dessus d'une soixantaine de responsables des Finances, hommes et femmes, de ces services à travers le triangle national s'est soudainement abattue, sur 06 d'entre eux, en début de semaine dernière. Le coup de balai a visé dans un premier temps les hauts responsables des Trésoreries de Yaoundé, d'Ebolowa et de Kribi. On cite Djidéré Tina (Tpg d'Ebolowa), Ndam Yaya (receveur des Finances de Kribi), Moucko Mey Marcelin (receveur de Monatélé), Mbassa Youmena Jéhu (caissier principal de la Trésorerie de Yaoundé) et Mballa Samba Judith (caissière principale de la Trésorerie d'Ebolowa).
Et la justice ne compte pas s'arrêter là. De sources crédibles, après ces 06 responsables aujourd'hui sous les verrous, d'autres Tpg véreux, receveurs municipaux auprès des collectivités territoriales décentralisées, agents comptables auprès des établissements publics d'État, d'une vingtaine de départements dont celui de la Haute-Sanaga, du Mfoundi, de Monatélé, du Wouri, de la Sanaga Maritime, du Mayo-Sava et tapis dans plusieurs arrondissements, seront bientôt mis aux arrêts, de même que certains magistrats militaires, greffiers militaires, des assesseurs, et autres magistrats civils, dans le cadre de l'opération d'assainissement des mœurs dans les tribunaux militaires. D'ailleurs des instructions de la présidence de la République auraient été données dans le sens de retenir les passeports de certains magistrats et greffiers impliqués dans le scandale Emmanuel Mbia Enguene.
Tout comme au niveau de la police, notamment à la Direction de la police des frontières, des mesures ont également été prises pour filtrer tous les mouvements de ces suspects. Ce d'autant plus que certains magistrats mouillés dans l'affaire restent introuvables aujourd'hui. «Le grand déploiement de l'opération Epervier observé au niveau des services déconcentrés du ministère des Finances était prévisible. C'est à la suite de l'affaire relative aux émoluments des magistrats militaires et greffiers, que la présidence de la République avait ordonné le contrôle de toutes les trésoreries générales du Cameroun. A coup sûr, après les 06 hauts responsables récemment mis aux arrêts, d'autres clients de l'opération Épervier vont tomber. L'affaire du payement des titres de Trésor des audiences foraines des magistrats du Tribunal militaire n'ayant pas encore livré tous ses secrets», rapporte un inspecteur des finances qui faisait partie d'une mission dépêchée dans la région de l'Est. Et au terme de cette descente, ces inspecteurs nationaux qui ont également mis le cap en février dernier sur l'Adamaoua, au Nord, au Sud et à l'Extrême-Nord, ont dressé un rapport qui épingle un grand nombre de receveurs des finances, percepteurs et caissiers des trésoreries à travers le triangle national. Il ne fait aucun doute qu'avec un réseau du Trésor qui comprend à l'heure actuelle près de 500 postes comptables, la liste de suspects, dont La Météo a obtenu copie, pourrait s'allonger dans les tout prochains jours.
Tout semble par ailleurs indiquer qu'Alamine Ousmane Mey, l'actuel patron des Finances (Minfi), n'est pas étranger à ce mouvement d'assainissement. Il y a quelques jours encore, un communiqué rendu public par le Minfi suspendait un haut responsable de cette administration en détachement au Ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières.