«Je tiens à rassurer l’opinion publique et les clients de la Fiffa qui n’ont pas pu percevoir leurs salaires, que l’Etat du Cameroun, la puissance publique, a pris les mesures idoines pour que dès demain 4 septembre 2012, les ressources affectées au paiement des salaires soient accessibles dans le réseau de la Fiffa». Alamine Ousmane Mey, le ministre des Finances, a tenu à faire cette annonce hier soir dans son cabinet.
Après avoir reçu tour à tour de hauts responsables
des forces armées nationales, et de la microfinance citée. Le Minfi
explique que «ces mesures visent à assurer l’opinion publique que le
ministère des Finances veillera toujours à ce que le système financier
se porte bien. Nous ne lésinerons sur aucun moyen pour que ceux-là qui
devraient bénéficier de leurs salaires soient totalement satisfaits, en
retournant dès demain, 4 septembre 2012 au niveau des guichets de la
Fiffa pour que les ressources qui ont été virées, puissent être
accessibles, avec l’appui du Trésor public, avec l’appui des services de
la Fiffa pour rendre disponibles les ressources auxquelles les
personnes qui n’ont pas pu bénéficier de ces ressources puissent en
bénéficier». Présentant ainsi l’Etat du Cameroun comme un bienfaiteur,
mais sans véritablement crever l’abcès.
Que s’est-il passé pour que l’Etat soit urgemment au chevet de cette
microfinance, et pas de l’ensemble ? Rien à se mettre sous la dent. Et
pourtant, Alamine Ousmane Mey qui se félicite de ce que «le système ait
pu satisfaire largement ces besoins des Camerounais», indique que «nous
avons, dans le cadre du traitement de la solde des personnels de l’Etat,
exécuté convenablement les opérations liées au virement de la solde du
personnel». Comme pour dédouaner, s’il en est besoin, l’Etat, au cas où.
Car admet-il, admet-il, «la coopérative Fiffa n’a pas pu satisfaire ces
besoins». Le ministre tient au respect de la forme de communication
choisie : le point de presse. Et donc aucune question n’est admise.
Plus qu’un incident
Mais en filigrane, l’argentier national confirme le malaise qui couve à
la First investment for financial assistance (Fiffa) depuis quelques
mois. La semaine dernière, une escouade d’hommes en ténue (militaires,
policiers et gardiens de prison) ont pris en otage le personnel de
l’agence d’Akwa (Douala) de cette microfinance, pour n’avoir pas pu
rentrer en possession de leurs salaires. Dans les colonnes de Le
messager, une responsable de l’agence en question, avait alors avancé
que «la banque se porte bien. Il n’y a pas de problème de liquidité. Il
est anormal qu’on accorde des faveurs à certains et pas à d’autres. Il
n’y a aucun client supérieur à un autre. Tout va rentrer dans l’ordre
progressivement». Accusant les hommes en ténue de s’habituer aux
découverts.
Faux, rétorquait un autre client : «Nous avons eu
des problèmes au mois de mai, au mois de juin et maintenant au mois de
juillet», pour conclure à un problème de fonctionnalité. La sortie du
ministre hier fait suite à une révolte similaire de la part des clients
de la même classe, à l’agence Fiffa de Mélen à Yaoundé, faute d’avoir
perçu leurs salaires depuis la fin du mois.
En prenant à bras le corps ce problème, le gouvernement camerounais joue
au sapeur pompier et tente ainsi de désamorcer une bombe qui n’allait
pas tarder à exploser. La période étant délicate. «A la rentrée
scolaire, le système bancaire est très sollicité pour accompagner les
clients, pour résoudre les problèmes liés à la rentrée scolaire»,
souligne le Minfi. Alors, «je tenais donc à rassurer l’opinion publique
et les clients que les pouvoirs publics ont pris des dispositions pour
que les ressources puissent être disponibles dans les meilleurs délais
possibles, dès demain 4 septembre 2012», insiste-t-il. Avant de
promettre que «dans un avenir proche, je donnerai des explications sur
la situation de la Fiffa».
Toujours est-il que les indications semblent tendre vers le rouge dans cette microfinance.