Mgr Ndongmo, Pr Kamto et les prochaines élections présidentielles au Cameroun
Le samedi 28 mars 1987, à Paris
Monseigneur Albert Ndongmo,
ancien évêque de Nkongsamba, de passage à Paris, est invité par M. Tekam
Jean-Michel à son domicile, 18, avenue Charles-de Gaulle, 92
Neuilly-sur-Seine pour y baptiser l’un de ses enfants.
Au mois de janvier de cette année (1987), M. Tekam Jean-Michel, s’était rendu au Canada pour rencontrer Monseigneur Ndongmo. Ensemble, ils ont fait le point de la situation et chargé Tekam Jean-Michel de convoquer la réunion de Paris sous le couvert du baptême de son enfant (28 mars 1987).
Une délégation de personnalités bamilékés conduite par le Dr Tagny
Mathieu, ancien maire de Bafoussam et membre influent de la section
R.D.P.C. de la Mifi, avait fait le voyage de Paris pour prendre part à
ces assises.
M. Tekam Jean-Michel est Docteur en pharmacie, ingénieur
chimiste. Il a enseigné longtemps à la Faculté des Sciences de
l’Université de Yaoundé. A propos d’une nomination à un poste où il
n’est pas agréé, il se brouille avec l’Administration et entre alors en
dissidence. Mécontent, il s’expatrie en Algérie où il est recruté comme
enseignant à l’Université d’Alger. Plus tard, lorsque le gouvernement
algérien décide l’arabisation de cette institution, les professeurs
étrangers sont à la porte, et c’est ainsi que M. Tekam se retrouve à
Paris avec son collègue M. Abel Eyinga qui enseignait, lui aussi, à la
Faculté de Droit de la même Université
Le samedi 28 mars 1987, à 8 heures du matin, a lieu le baptême de l’un des enfants de M. Tekam Jean-Michel.
La
cérémonie, présidée par Monseigneur Ndongmo en personne, a lieu dans
une petite église située à côté du domicile de M. Tekam. Elle est
ensuite suivie d’une grande réception qui dure toute la journée et se
poursuit tard dans la nuit, jusqu’à 24 heures. N’y sont invités que les
Bamilékés. Aucun Camerounais d’une autre tribu; aucun étranger.
Assistent notamment à la cérémonie :
- Le Professeur Kapet de Bana;
- Le Dr Kuissu (Docteur en médicine), ami et proche collaborateur de Woungly-Massaga;
- M. Ngayap Flambeau, Premier Vice-Président de la Section R.D.P.C. de Paris;
- M. Nguekam Abraham;
- Tous les Bamilékés du Manidem
- Bref, toute la colonie Bamiléké de Paris.
Prenant la parole, Monseigneur Ndongmo dit en substance ceci :
Les
Bamilékés sont la race la plus nombreuse au Cameroun. Ils sont aussi
économiquement les plus forts. Par conséquent, il leur faut le pouvoir
politique.
Pour avoir ce pouvoir politique, que faut-il faire ?
Il faut :
1) Conquérir le monopole dans l’Église Catholique du Cameroun;
2) Encourager les naissances parmi les populations bamiléké;
3) Encourager les Bamilékés à être présents dans tous les milieux;
1. L’Église Catholique, affirme Monseigneur Ndongmo,
est actuellement encadrée au Cameroun par 18 archevêques et évêques
dont 8 Bamilékés, c’est-à-dire à peu près la moitié de l’épiscopat
camerounais. Lui-même, Monseigneur Ndongmo, est actuellement le
Consulteur du Pape. Rien ne peut se faire au Cameroun sans lui. Comme
preuve, la nomination des évêques camerounais de ces dernières années.
Bientôt va s’ouvrir à Yaoundé un Institut Catholique dont il est le
fondateur pour avoir conçu l’idée et cherché le financement. Il en sera
nommé recteur par le Saint-Siège. En cette qualité, il aura le pouvoir
de privilégier la formation d’un grand nombre de prêtres bamilékés; et
si le Vatican veut nommer un évêque, il pèsera de tout son poids pour
que celui-ci soit bamiléké en priorité.
2. En deuxième lieu, il faut encourager les naissances
de sorte que entre l’an 2000 et 2020, la moitié de la population
camerounaise soit bamiléké. Chaque jeune femme bamiléké doit avoir 4
enfants au minimum si elle ne peut en donner jusqu’à 12. Il est fort
probable qu’après l’an 2000 la démocratie sera bien assise au Cameroun.
Et comme il faudra voter démocratiquement partout, les Bamilékés, avec
leur argent, auront la majorité. A partir de ce moment-là, le pouvoir
politique sera dans leurs mains.
3. En troisième lieu, les Bamilékés doivent être présents
dans tous les milieux pour voir et entendre tout ce qui s’y passe.
Citant un proverbe, Monseigneur Ndongmo dit qu’il ne faut jamais mettre
tous les œufs dans un même panier. Quand on met les œufs dans un seul et
même panier, et qu’il arrive que celui-ci se renverse, tous les œufs se
cassent inéluctablement. Par contre, si les œufs se trouvent répartis
dans plusieurs emballages, on a la chance d’en récupérer quelques-uns.
Par conséquent, les Bamilékés doivent être présents dans tous les
milieux. C’est pourquoi il faut encourager l’implantation des colonies
bamilékés dans toutes les régions du pays. La voie poursuivie depuis
quelques années pour la nomination des évêques bamilékés dans différents
diocèses du Cameroun correspond bien à cette politique.
En conclusion, il demande à toute l’élite bamiléké de lui apporter son soutien total dans la réalisation de ce projet.
Ntche, Tissah Georges
Washington, DC / USA
Références:
1) Peuples Noirs, Peuples Africains, No.55-58 (1987)
2) La démocratie à l’épreuve du tribalisme, Ed. Terroirs, 1996