L’archevêque métropolitain émérite de Douala évoque la renonciation de Mgr Victor Tonyè Bakot.
Parlez-nous un peu de Mgr Victor Tonyè Bakot
Pourquoi ? Si vous avez quelque chose à savoir sur lui, vous allez le voir à Yaoundé.
C’est à propos de sa démission de son poste d’archevêque métropolitain de Yaoundé. Quelle est votre réaction ?
Ma réaction ? Je n’ai pas d’opinion à donner là-dessus ! C’est
lui-même qui sait pourquoi il a démissionné, avec le pape. Le pape sait
pourquoi il a démissionné et le pape a accepté sa démission. Je respecte
leurs décisions.
Mais vous êtes quand même le mieux placé pour parler de Mgr Bakot.
Et pourquoi donc ? Franchement, je n’ai pas du tout envie de parler de
cette affaire. Je n’ai aucun commentaire à faire làdessus, et
d’ailleurs, je n’en sais strictement rien.
Peut-on au moins savoir comment vous avez appris la nouvelle ? L’avez-vous entendue, comme nous, à la radio ?
A la radio ? Non, pas du tout ! Tout ce que je peux vous dire, c’est que
très tôt ce matin (lundi 29 juillet 2013, ndlr), j’ai été contacté au
téléphone par Mgr Piero Pioppo, qui est le nonce apostolique au
Cameroun. Le nonce m’a informé qu’à midi très exactement, il allait
donner lecture officielle d’une lettre écrite par le pape, où il serait
question de la démission de l’archevêque métropolitain de Yaoundé, Mgr
Victor Tonyè Bakot. Il devait aussi être question, dans cette lettre,
de la décision du pape François, qui accepte cette même décision de
l’archevêque. C’est ce qui m’a été dit ce matin. Et à midi du même jour,
c’est ce qui a été fait.
Et vous ne vous êtes pas posé de questions au sujet d’une nouvelle aussi brusque et aussi grave?
J’avoue que la nouvelle m’a pris de court ! Je ne m’y attendais
pas. J’ai été vraiment très surpris. Mais une fois de plus, sachez
qu’un évêque a parfaitement le droit de donner sa démission. Tout comme
le pape lui aussi a parfaitement le droit d’accepter une démission.
Ici et là, on parle d’une démission
forcée. Si tel était le cas, pensez-vous que la chose pourrait être liée
aux problèmes de gestion financière ou foncière que certains fidèles de
l’archidiocèse de Yaoundé reprochaient depuis quelque temps à leur
archevêque?
Franchement, je préfère que vous alliez plutôt discuter de ces
choses-là avec Mgr Samuel Kleda. La porte de son bureau se situe juste
en face de la mienne. Si vous voulez même, je vous y conduis.
En réalité, c’est avec vous particulièrement que je souhaite m’entretenir de cette démission de Mgr Bakot.
Et pourquoi ? Pourquoi moi ? Vous oubliez que j’ai déjà pris ma retraite ?
Bien sûr que vous avez pris votre retraite
en tant qu’archevêque métropolitain de Douala, cependant, vous êtes
toujours cardinal, donc, toujours très proche du pape, dont vous êtes
par ailleurs un conseiller...
Et alors ? On vous a dit que le pape est obligé de me mettre dans la confidence ? Le pape est souverain.
En tout cas, vous savez que les gens vont se poser trop de questions. D’ailleurs, les gens se posent déjà des questions.
On ne peut pas empêcher les gens de se poser des questions.
On a jeté des pierres à Jésus. On l’a bastonné, insulté, déshabillé. On l’a crucifié, et plus encore, on l’a assassiné, tué ! L’Eglise est habituée aux attaques. Ça ne date pas d’aujourd’hui.
La démission de Mgr Bakot pourrait-elle avoir un quelconque lien avec sa lutte contre l’homosexualité ?
Je n’en sais rien. Mais un pasteur doit faire son devoir de prêcher la Parole. C’est sa mission.
Quelqu’un aurait-il pu faire chanter
l’archevêque métropolitain de Yaoundé? Pourquoi ? Sa démission
serait-elle l’aboutissement de ses conflits avec ses fidèles ?
Je me refuse à tout commentaire. Tout ce que je peux vous dire, c’est
que Yaoundé est un endroit qui n’est pas facile ! Beaucoup d’évêques ont
trouvé trop de problèmes là-bas. D’ailleurs ça, c’est presque tout le
monde qui le sait. Non, croyez-moi, Yaoundé n’est pas facile…